Après cinq ans d’absence, Tetsuya Tsutsui signe un nouveau manga riche en suspense, Prophecy (éd. Ki-oon). De passage en France, l’auteur de Duds Hunt, Reset et Manhole revient ainsi sur ses principales inspirations : l’injustice et les nouvelles technologies.
Le mangaka japonais sera présent pour des dédicaces lors de la Japan Expo, qui se tient à partir de jeudi au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis) et qui attend près de 200 000 visiteurs jusqu’à dimanche.
Quelle est l’intrigue de Prophecy ?
C’est avant tout une histoire sur deux conceptions de la justice. L’une est portée par un groupe de terroristes masqués qui rendent la monnaie de leur pièce à des personnes qui se sont moquées ou qui en ont rabaissé d’autres. Leurs actes de vengeance sont annoncés la veille, afin d’être diffusés sur Internet, aux yeux de tous. L’autre est incarnée par le lieutenant Erika Yoshino, à la tête du département anticybercriminalité de la police. Elle doit enquêter pour mettre fin aux agissements de la bande.
Pourquoi choisir les nouvelles technologies ?
Internet est une chose qui me fascine, mais ses dérives me font assez peur. Je ne vis pas non plus dans l’angoisse, mais c’est à mon sens l’outil le plus actuel pour dénoncer les injustices. Je souhaite tirer la sonnette d’alarme quant à son utilisation rendue dangereuse par certains. Car le Net est un lieu de rencontres entre personnes si différentes qu’elles ne se comprennent pas forcément.
Les réseaux sociaux sont très présents dans le manga. Comment vous en êtes-vous inspiré ?
Les gens livrent tellement leur vie et leurs déboires sur Internet que je n’ai même plus besoin d’aller sur des forums ou des réseaux sociaux pour en prendre connaissance. Au Japon, certains internautes ont même créé des sites web qui répertorient et détaillent les histoires les plus folles en matière de hacking ou de lynchage sur la Toile. Ce sont ces sites dont je m’inspire principalement.
On ne vous a pas vu depuis cinq ans. Pourquoi une si longue attente ?
J’ai eu une longue période de déprime et de remise en question après avoir lu de mauvaises critiques sur mon précédent manga, Manhole. Pendant tout ce temps, je n’ai ni écrit, ni dessiné, ni même eu aucune activité créative. Il n’y avait pourtant pas beaucoup d’avis négatifs, mais suffisamment pour me faire mal au cœur. C’est finalement grâce à l’engouement des lecteurs, surtout en France, que j’ai retrouvé le goût de l’écriture.
Japan Expo, 13e Impact.