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Damon Albarn remet en selle la star de la soul Bobby Womack

Le chanteur Bobby Womack sur la scène du Madison Square Garden, à New York, lors d'un concert avec Gorillaz, le 8 octobre 2010[Getty Images/AFP/Archives]

Après 12 ans d'absence, la légende de la soul Bobby Womack revient dans la lumière avec "The bravest man in the universe", un album où sa voix rocailleuse baigne dans un univers électro, concocté pour lui par le touche-à-tout de génie Damon Albarn et le producteur Richard Russel.

"L'homme le plus courageux de l'univers est celui qui a pardonné en premier", chante le crooner en introduction de ce disque très autobiographique.

La vie de Bobby Womack, 68 ans, est en effet une succession de succès, de descentes aux enfers et de rédemptions.

Né à Cleveland (Etats-Unis), Bobby Womack forme très jeune un groupe de gospel avec ses frères et enregistre son premier disque à l'âge de 10 ans.

Découvert par Sam Cooke, il connaît un premier succès dans les années 70 grâce à ses albums "Communication", "Understanding" et "Across 110th Street".

Dans les années 80, il signe à nouveau trois albums, "The Poet", "The Poet II" et "So many rivers", acclamés par la critique.

Mais dès 21 ans, Bobby Womack est accro à la drogue et à l'acool. Une série de tragédies --le meurtre de son frère, puis le suicide de son fils-- le font sombrer dans la dépression.

Bien qu'il continue sporadiquement à apparaître sur scène et sur disque, le coeur n'y est plus.

"J'avais laissé tombé la musique. Je n'avais plus le désir nécessaire. J'imagine que j'étais resté dans le métier trop longtemps... comme un vieux combattant", dit-il.

La rédemption viendra de Damon Albarn. Le musicien et producteur anglais, toujours avide de collaborations éclectiques, lui demande de participer au troisième album de Gorillaz, "Plastic Beach", en 2010.

Le monde de la musique redécouvre la voix puissante et rocailleuse de Bobby Womack sur l'époustouflant "Stylo".

Negro spirituals

Albarn enrôle le soulman pour la tournée mondiale de Gorillaz et le persuade d'enregistrer à nouveau.

Richard Russell, producteur et patron du très pointu label XL Recordings, est aussi à la manoeuvre.

Il est déjà à l'origine du retour d'une autre légende de la musique américaine, Gil Scott-Heron (disparu en 2011). En produisant son dernier album "I'm new here" (2010), il a réussi à respecter l'univers du poète tout en lui apportant un son plus actuel.

Sur "The bravest man in the universe" (XL Recordings/Beggars), Albarn et Russel, coproducteurs, poussent plus loin la recette.

L'album baigne dans des musiques électroniques mélancoliques et spacieuses qui utilisent beaucoup les infrabasses et laissent le premier plan à la voix.

"Il y a davantage d'électronique que quoi que ce soit d'autre sur le disque, mais ma voix fait tenir l'ensemble. Quand j'arrive, l'esprit entre et l'électronique doit se mettre en retrait", estime Bobby Womack.

Le chanteur, qui a coécrit la plupart des titres, a mis son âme et sa vie dans le disque.

Les textes parlent de souffrance et de pardon, de foi, de culpabilité et de rédemption. Deux negro spirituals, l'un ("Deep River"), en version très dépouillée à la guitare sèche, l'autre ("Jubilee Don't let nobody turn you around)"), réinventé en mode électro, figurent d'ailleurs sur l'album.

Mais le titre qui devrait le plus attirer l'attention est "Dayglo Reflection", un magnifique duo hanté par le fantôme de Sam Cooke et la voix langoureuse de Lana del Rey.

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