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Daniel Buren éclabousse de couleurs la nef du Grand Palais

Une vue générale de l'oeuvre de Daniel Buren, "Excentrique(s)", à l'occasion de l'exposition Monumenta au Grand Palais de Paris, le 8 mai 2012[AFP]

Un bain de couleurs dont l'intensité varie au gré de la météo: pour la cinquième édition de Monumenta qui ouvre jeudi 10 mai, l'artiste français Daniel Buren convie le public à s'égarer dans une forêt de ronds bleus, oranges, jaunes et verts, pour mieux redécouvrir l'architecture du Grand Palais.

Après l'Allemand Anselm Kiefer, l'Américain Richard Serra, le Français Christian Boltanski et le Britannique d'origine indienne Anish Kapoor, c'est au tour du père des fameuses "Colonnes de Buren" du Palais Royal de se mesurer à ce monument construit pour l'Exposition universelle de 1900.

Organisé par le ministère de la Culture depuis 2007, Monumenta propose chaque année à un artiste de renommée internationale de créer une oeuvre unique sous la nef de 13.500 mètres carrés, coiffée d'une verrière qui culmine à 45 mètres.

En 2011, le "Leviathan" rouge foncé d'Anish Kapoor happait les visiteurs dans une structure gonflable, réveillant des sensations intra-utérines. Un succès.

Avec "Excentrique(s)", de Buren, à voir jusqu'au 21 juin, il y a de la gaieté dans l'air.

Les cercles de plastique coloré soutenus par 1.500 fins piliers noirs et blancs ont envahi la nef, comme autant de parasols serrés les uns contre les autres. Même la cafétéria et la librairie ont été intégrées dans l'oeuvre, avec un mobilier arrondi signé Buren.

Les couleurs projetées au sol se mêlent de façon plus ou moins forte selon la luminosité. Tonalités pastel en cas de ciel couvert. Teintes éclatantes lorsque le soleil brille.

Au centre, sous la verrière quadrillée de bleu, des miroirs installés au sol forment une clairière. Les visiteurs sont invités à se promener dessus, pour redécouvrir l'architecture du Grand Palais. Et éprouver un petit vertige face à ce gigantisme.

"Cela va être très ludique. Les appareils photos vont crépiter", anticipe Marc Sanchez, directeur de la production artistique de Monumenta (Centre National des Arts Plastiques).

Drapeau bleu

A compter de mercredi, un grand drapeau orné d'un rond et de bandes verticales (l'outil visuel de Buren) bleus va flotter à la cime du Grand Palais, parachevant l'oeuvre.

Il est visible depuis l'Elysée. Les organisateurs de Monumenta ont pris soin de vérifier que cela ne dérangerait pas le président-élu. En 1977, Valéry Giscard d'Estaing avait fait ôter du toit du Grand Palais un drapeau imaginé par Daniel Buren dans le cadre d'une exposition ouverte sur la ville organisée au Centre Pompidou.

Le public est accueilli côté Champs-Elysées, l'artiste ayant fait condamner l'entrée principale monumentale.

Daniel Buren, qui a réalisé près de 2.000 expositions dans le monde et a remporté le Lion d'or de la Biennale de Venise en 1986, n'a pas ménagé sa peine. Depuis le début du montage, le 30 avril, il est sur place, supervisant tout. Jusqu'au menu de la cafétéria.

L'architecte Patrick Bouchain, qui fut son complice pour les Colonnes de la cour d'honneur du Palais-Royal (1986), a joué le rôle d'"assistant réalisateur".

Excentrique(s) n'est "pas une oeuvre monumentale mais une oeuvre à l'échelle humaine", déclare à l'AFP M. Bouchain.

"Anish Kapoor avait rempli la nef avec une structure gonflable qui annulait le bâtiment. Là c'est l'inverse. L'oeuvre de Buren révèle la monumentalité du lieu. Les miroirs renvoient à son architecture", souligne M. Bouchain. "C'est un hommage à la géométrie, à la construction métallique", dit-il.

"C'est peut-être la plus jeune des oeuvres" de Daniel Buren, ajoute M. Bouchain.

La nuit, l'oeuvre est différente. Des projecteurs puissants balaient l'espace. Une toute autre perception.

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