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La porcelaine chinoise fait recette auprès des collectionneurs et faussaires

Les nouveaux millionnaires chinois trustent le marché de l'art ancien pour rapatrier les joyaux de l'Empire du Milieu dispersés en Europe ou en Amérique, faisant flamber les cours de la vieille porcelaine, authentique... ou contrefaite.[AFP/Archives]

Les nouveaux millionnaires chinois trustent le marché de l'art ancien pour rapatrier les joyaux de l'Empire du Milieu dispersés en Europe ou en Amérique, faisant flamber les cours de la vieille porcelaine, authentique... ou contrefaite.

"Il y a beaucoup de faux sur le marché, et il y en a d'autant plus que la valeur de ces antiquités a augmenté de façon impressionnante", explique Tang Hoi-chiu, conservateur en chef du Museum of Art de Hong Kong. "On trouve de très bonnes copies", confie-t-il.

En 2011, les ventes d'antiquités et d'oeuvres d'art chinoises par les maisons d'enchère Sotheby's et Christie's ont totalisé 460 millions de dollars (350 millions d'euros).

Première place dans ce segment, Hong Kong occupe désormais le troisième rang du marché d'art ancien, derrière Londres et New York.

Et la Chine, atelier du monde, mérite aussi son titre pour la poterie clandestine même si, par définition, le marché de la contrefaçon échappe à toute estimation.

La plupart des faux y sont produits, affirme Rosemary Scott, responsable des arts asiatiques chez Christie's. "Certains sont vraiment mauvais, mais d'autres sont très bons", dit-elle.

Les copies abondent

Nicolas Chow, qui dirige les ventes de céramiques et d'oeuvres d'arts chinoises chez Sotheby's, désigne des bulles inégales, invisibles à l'oeil nu, attestant l'authenticité d'un vase Ming en porcelaine bleu et blanc vendu plus de 20 millions de dollars l'an dernier à Hong Kong, un record mondial.

"Ce phénomène (de bulles) se produit pendant la cuisson --ils n'avaient pas de température constante (dans les fours) au 15ème siècle", explique-t-il. "L'apparence du vernis est aussi fondamentale. Il suffit de passer la main dessus pour savoir".

La contrefaçon d'antiquités chinoises a récemment fait la "une" des journaux avec la vente d'une table et d'une chaise de la dynastie Han (il y a environ 2.000 ans), pour 35 millions de dollars. Les experts mettent en doute l'authenticité de ces pièces car à l'époque les Chinois, croit-on savoir, s'asseyaient à même le sol.

Les maisons d'enchères ont recours à plusieurs techniques et expertises pour déterminer l'authenticité ou l'âge des pièces qui leur sont soumises.

Le carbone 14 bien sûr, mais d'abord une étude approfondie de l'objet: "A-t-il la bonne forme? Est-ce la bonne texture, la bonne couleur, est-ce qu'il a été peint avec le bon type de pinceaux?", énumère Rosemary Scott.

Dès qu'une pièce est vendue une fortune, les maisons sont assaillies d'offres similaires. "Après quelques semaines, les copies abondent", assure Pola Antebi, responsable de l'art chinois chez Christie’s Hong Kong.

Avec la flambée des cours, de nombreux particuliers sollicitent les maisons pour faire expertiser un vase ou de la vaisselle au sujet desquels ils nourrissent des doutes.

En 2009, un châtelain bordelais (sud-ouest de la France) avait fait expertiser un pied de lampe utilisé depuis plusieurs générations qui s'était révélé être une rarissime flasque Ming, vendue 1,6 million d'euros.

Mais de nombreux autres en sont pour leurs frais.

"Les attentes des gens en terme de valeur sont très grandes. Alors quand vous leur dites que ça ne suffira pas à payer les frais de scolarité de leurs enfants ou leur retraite, ils le prennent très mal", selon Pola Antebi.

Les faussaires éconduits, eux, se reconnaissent au fait qu'ils "posent trop de questions" aux experts, souligne Rosemary Scott. Façon de leur tirer les vers du nez pour faire mieux la prochaine fois...

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