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Pour Daniel Mangeas, la Grande Boucle est bientôt bouclée

L'animateur Daniel Mangeas avec Laurent Jalabert avant la 12eme étape du Tour du Tour de France 1998 à Tarascon-sur-Ariège, le 24 juillet 1998  [Patrick Kovarik / AFP/Archives] L'animateur Daniel Mangeas avec Laurent Jalabert avant la 12eme étape du Tour du Tour de France 1998 à Tarascon-sur-Ariège, le 24 juillet 1998 [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

Voix historique et "monsieur Loyal" du grand cirque du Tour de France depuis 40 ans, le speaker Daniel Mangeas commente son dernier Tour qui le fait repasser mercredi sur les lieux de ses débuts.

La décision a été "mûrement réfléchie". "Ca me trottait dans la tête depuis un moment", explique Mangeas, 65 ans.

"En 2008, j'avais dit à Christian Prudhomme et Jean-François Pescheux que j'aimerais bien aller jusqu'en 2013, le centième Tour. Et puis j'ai réfléchi: 1974, 2014... Et deux mois après, Christian me dit +Tu fais bien de choisir 2014 parce qu'on retournera à Saint-Lary où tu as commenté ta première étape+. Symboliquement, c'est une belle manière de boucler la boucle".

Daniel Mangeas connaît la France et le cyclisme français par cœur ; la France du cyclisme ne connaît que son inimitable timbre de voix.

Depuis des décennies, il commente non seulement le Tour de France mais aussi de nombreuses courses du calendrier français, qu'il continuera d'animer. "Je ne voulais pas arrêter complètement mais faire une décélération", explique celui qui aura commenté un peu plus de 870 étapes du Tour depuis le 14 juillet 1974

"J'étais alors speaker adjoint, je faisais la voiture info et les départs de contre-la-montre, raconte-t-il. Ce jour-là, Albert Bouvet vient me voir et me dit +Pierre Shori (le speaker, ndlr) est en panne de voiture, il faut que tu ailles commenter à l'arrivée+. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir, raconte-t-il. Ce jour-là, Poulidor gagne, Lopez-Carril est à 40 secondes, Merckx est à près de deux minutes. Poulidor, 38 ans, était le héros national. Je me suis dit +Même si je n'en commente plus, j'aurai au moins commenté celle-là+".

L'année suivante, il est nommé speaker officiel. Depuis, il a vu défiler des générations de coureurs et grandir le Tour.

 

- 'Mémoire d'éléphant' -

 

Daniel Mangeas, la Voix du Tour de France, lors de la 2e étape de la 94e édition de la Grande Boucle entrre Dunkerque et Ghent, le 9 juillet 2007 [Dominique Faget / AFP/Archives]
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Daniel Mangeas, la Voix du Tour de France, lors de la 2e étape de la 94e édition de la Grande Boucle entrre Dunkerque et Ghent, le 9 juillet 2007

"A l'époque, le matin, j'avais une table de camping, une caravane, les commissaires étaient à l'intérieur et les coureurs passaient le bras par la fenêtre pour signer la feuille de départ. Maintenant, c'est un immense podium avec un écran géant, raconte-t-il. Et quand j'ai commencé, c'était les 300 mêmes coureurs toute l'année. Aujourd'hui, on découvre sur le Tour des coureurs qu'on n'a pas vus de l'année, le cyclisme s'est mondialisé."

Malgré l'arrivée de l'informatique, il continue de répertorier les résultats de chacun d'entre eux dans ses cahiers: un vert pour les Français, un rouge pour les étrangers.

Ses souvenirs sont, eux, gravés dans sa "mémoire d'éléphant", selon le double vainqueur du Tour Bernard Thévenet.

Il n'a pas oublié l'"exaltant" duel Fignon-LeMond de 1989, la grève des coureurs à Valence d'Agen en 1978 -"je m'attendais à commenter un sprint et à 50 mètres, ils mettent pied à terre"-, le départ d'une étape dans son village de Saint-Martin de Landelles en 2002, ni la mort de Fabio Casartelli en 1995. "Le matin, je l'avais présenté en disant +Retenez bien le nom de ce jeune champion+ et trois heures après, il n'était plus de ce monde".

Durant les années noires du dopage, il a entretenu le spectacle. "Armstrong, j'avais envie d'y croire, l'histoire était belle, mais on a été trompé", explique-t-il, en s'empressant d'ajouter: "Je suis pour la lutte antidopage mais je suis aussi contre l'injustice. Le cyclisme est le seul sport à avoir fait sa révolution. Je pense qu'aujourd'hui dans leur grande majorité, les coureurs sont clean et méritent le respect alors que certaines disciplines continuent en toute impunité de forcer l'admiration des médias".

Daniel Mangeas (g) tend le micro au jeune Thomas Voeckler, alors sous le maillot de La Boulangère, qui prête serment sur le Tour de France avant le départ de la 1re étape entre Liège et Charleroi, le 4 juillet 2004 [Joel Saget / AFP/Archives]
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Daniel Mangeas (g) tend le micro au jeune Thomas Voeckler, alors sous le maillot de La Boulangère, qui prête serment sur le Tour de France avant le départ de la 1re étape entre Liège et Charleroi, le 4 juillet 2004

Pour son dernier Tour, il s'attend à deux étapes "émotionnellement fortes": "Les Champs-Elysées parce que j'ai commenté toutes les arrivées sur les 'Champs' depuis 1975, et Saint-Lary Soulan" mercredi. "Sinon, je vis ce Tour comme un autre, assure-t-il. Peut-être que je souffrirai davantage quand le Tour 2015 va partir."

Il sera alors en vacances chez son fils, à Bergen en Norvège. Sur le Tour, la présentation aura changé de formule. Un ou deux duo(s) de commentateurs auront pris sa place.

 

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