En direct
A suivre

Garot : "On ne naît pas ministre, on le devient"

Le ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire Guillaume Garot pose à paris le 12 août 2013 [Eric Feferberg / AFP]

Comment s’approprie-t-on la fonction ministérielle, ses exigences et son tempo si particulier? "On ne naît pas ministre, on le devient", explique Guillaume Garot qui, comme Frédéric Cuvillier et la majorité du gouvernement Ayrault, s’est glissé dans le costume ministériel depuis un an.

C’est dans la voiture, après un problème de train entre Paris et Laval (Mayenne) que le ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire apprend sa nomination. "Une vraie surprise", explique-t-il à l’AFP. Même étonnement chez Frédéric Cuvillier qui reçoit un appel du Premier ministre alors qu’il est devant sa télévision, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

"Une nouvelle vie commence, dans tous les sens du terme", constate le ministre délégué chargé des Transports, de la mer et de la pêche. Il faut très vite organiser la logistique avant qu'elle n'entrave le travail politique. "Pendant un mois, j’ai dormi à l’Assemblée nationale parce que je n'avais pas de logement" sur Paris, raconte M. Cuvillier.

Le ministre délégué chargé des Transports Frédéric Cuvillier s'entretient avec des CRS àBerck-sur-Mer le 5 août 2013 [Philippe Huguen / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Le ministre délégué chargé des Transports Frédéric Cuvillier s'entretient avec des CRS àBerck-sur-Mer le 5 août 2013
 

Il garde un souvenir "désagréable" de sa prise de fonction. Au ministère, pas de cérémonie de passation de pouvoir ; c’est le jeudi de l’Ascension, le bâtiment est désert.

Il n’y avait "rien du tout, pas même un ordinateur, un crayon", tout juste des bureaux "dans un état épouvantable", décrit-il. Il finit par visiter le ministère guidé par "l’homme de ménage".

Le grand bain, sans la bouée

Première étape décisive, la constitution du cabinet ministériel donne lieu à un subtil arbitrage entre techniciens "qui connaissent bien les sujets" et compagnons de route à la "proximité politique nécessaire", souligne Guillaume Garot.

Le baptême du feu se fait à l’Elysée, dès le lendemain, pour le premier Conseil des ministres. Frédéric Cuvillier est surpris de voir "les huissiers ouvrant la porte de derrière d’une 308 alors même qu’il n’y avait personne puisque j’étais devant", et serre "la main de l’huissier qui, manifestement, n’avait pas l’habitude".

"Je me souviendrai longtemps de l’arrivée à l’Elysée, avec, en particulier, le crissement des graviers dans la cour", note M. Garot dans un sourire. L'ambiance est solennelle, avec "vouvoiement de rigueur" : "Vous ne vous adressez pas à +François Hollande+ mais à '+Monsieur le président de la République+ qui vous répond par +Monsieur le Ministre+".

Puis vient la "redoutable" première question à l’Assemblée nationale. "Vous êtes dans le grand bain, sans bouée", se souvient Guillaume Garot. "Mais il faut foncer, il faut y aller et répondre avec ses tripes. C’est à la deuxième question que vous commencez à prendre du plaisir".

La vie ministérielle se construit aussi à travers les crises qu'il faut gérer dans l'urgence. "L’équipe est mobilisée en permanence, sept jours sur sept", "on prend des cheveux blancs pendant ces moments-là !", explique Guillaume Garot.

"Au moment de la crise de la viande de cheval, il a fallu être très présent dans les médias, expliquer sans affoler. Ca, aucune école ne vous l’apprend", se souvient-t-il.

"Il faut inspirer la confiance", "à la fois laisser fonctionner" et être attentif "au sens du détail qui n’en est pas" pour prendre les "bonnes décisions au bon moment" et surtout "ne pas venir polluer les débats par des approximations", affirme Frédéric Cuvillier.

Exposition médiatique, solitude du pouvoir

L’apprentissage n’est pas sans embûches. "J’ai un souvenir, on va dire +contrasté+ du Salon international de l’Alimentation", reconnaît Guillaume Garot, "où certaines de mes déclarations avaient été mal comprises par une partie des professionnels de l’agroalimentaire et ça avait donné lieu à des polémiques publiques".

Surexposés, les ministres endossent le costume "dans le regard des autres, leurs remarques, leurs demandes, leurs attentes", juge-t-il.

Le ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire Guillaume Garot pose à paris le 12 août 2013 [Eric Feferberg / AFP]
Photo
ci-dessus
Le ministre délégué chargé de l’Agroalimentaire Guillaume Garot pose à paris le 12 août 2013
 

Quand la fatigue se fait sentir, Frédéric Cuvillier prend sa "permission" de la semaine et rentre à Boulogne-sur-Mer. Guillaume Garot fait des longueurs de piscine et part se ressourcer sur le marché de sa ville, Laval.

Difficile pourtant de se ménager des moments d’intimité. Je n’ai "aucune liberté", déplore M. Cuvillier. Quand vous êtes ministre, "votre agenda n’est pas géré par vous, vous avez le plus grand mal pour pouvoir mobiliser des plages horaires, lorsque vous sortez vous êtes toujours accompagné, d’un officier de sécurité, d’un collaborateur...".

Et paradoxalement, "dès le premier jour", face aux décisions et aux responsabilités, "on est seul", note Frédéric Cuvillier.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités