En direct
A suivre

Fukushima : 6 Japonais atteints de cancers poursuivent l'opérateur de la centrale

Les avocats des six plaignants se sont rendus au tribunal de Tokyo ce jeudi, soutenus par des dizaines de personnes. [Behrouz MEHRI / AFP]

Au moment de la catastrophe nucléaire de Fukushima, en mars 2011, ces six jeunes Japonais étaient âgés de 6 à 16 ans. Les années suivantes, un cancer de la thyroïde leur a été diagnostiqué à tous. Aujourd'hui, jeudi 27 janvier, ils lancent une action collective en justice pour faire reconnaître le lien entre la maladie et leur exposition aux radiations.

Lorsque la centrale nucléaire a explosé, les plaignants résidaient dans le département de Fukushima, au nord-est du Japon. Leurs cancers ont successivement été détectés entre 2012 et 2018. Quatre d'entre eux ont dû subir une ablation totale de la glande thyroïde et seront soumis à un traitement hormonal toute leur vie. Pour les deux derniers, l'ablation a été partielle.

Ils réclament un total de 616 millions de yens (4,8 millions d'euros) de dommages et intérêts à Tepco, l'opérateur de la centrale de Fukushima Daiichi. Leurs avocats soulignent les douloureuses conséquences de la maladie sur la vie de ces jeunes gens. Certains d'entre eux «ont eu des difficultés à poursuivre leurs études et à trouver un emploi, assure maître Kenichi Ido. Ils ont même dû faire une croix sur leurs rêves».

Ce dernier rappelle par ailleurs que les cancers développés par les plaignants ne relèvent pas de l'hérédité. Pour les avocats, il est donc fort probable qu'ils aient été causés par l'exposition aux radiations.

Mais, jusqu'ici, le lien de cause à effet entre la catastrophe nucléaire de Fukushima et l'apparition de cancers de la thyroïde parmi la population n'a jamais été reconnu par les autorités japonaises. L'an dernier, un rapport de l'ONU a conclut qu'«aucun effet néfaste sur la santé des habitants n'a été documenté».

380.000 habitants testés

Les personnes ayant développé des cancers après avoir travaillé sur le chantier de démantèlement de la centrale, directement exposées aux radiations, sont les seules à avoir été indemnisées par le gouvernement japonais. Leurs pathologies ont été reconnues comme maladies professionnelles.

Depuis la catastrophe, le département de Fukushima a testé quelque 380.000 habitants de 18 ans ou moins. Au mois de juin dernier, 266 cas ou cas suspectés de cancers de la thyroïde ont été détectés parmi eux, selon un responsable local.

Dans un rapport publié début 2021, le Comité des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) a toutefois estimé que cette augmentation du nombre de cas détectés était liée aux «procédures de dépistage ultrasensibles» déployées par les autorités.

Aussi, c'est la première fois au Japon que des habitants intentent une telle action collective devant la justice. Lors d'une conférence de presse, l'une des plaignantes a expliqué que la démarche leur a «pris dix ans» car ils avaient «peur d'être victimes de discrimination».

Au travers de son porte-parole, Tepco a promis de répondre «honnêtement» à cette action en justice, s'engageant à examiner le dossier en détail. Ce jeudi, lorsque les avocats des plaignants se sont rendus au tribunal de Tokyo, plusieurs dizaines de personnes étaient rassemblées devant le bâtiment. Toutes étaient venues exprimer leur soutien à ces jeunes, marqués par la catastrophe jusque dans leur chair.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités