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Sepp, Platoche et le prince, par Pierre Ménès

Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin. [MERIADECK POUR DIRECT MATIN]

Pierre Ménès est une figure du paysage footballistique français. Ancien reporter à L’Equipe, cette intarissable grande gueule officie aujourd’hui en qualité d’expert pour le Canal football club. Chaque vendredi, il tient sa chronique dans les colonnes de Direct Matin.

 

Vendredi, Sepp Blatter avait été réélu quatre ans. Il aura tenu quatre jours. Le passage en force, lors du congrès de la Fifa vendredi dernier, qui n’aurait jamais dû avoir lieu vu les interpellations de la veille, n’aura donc pas suffi. Le fait que le nom de Jérôme Valcke, bras droit de Blatter, soit cité dans une affaire de sommes occultes à hauteur de dix millions de dollars, n’y a sûrement pas été étranger.

Dans un discours faussement émouvant, Blatter a présenté sa démission en expliquant qu’il ne sentait plus la confiance de la famille du football. Une envolée pour le moins burlesque quand on sait que "la famille du football" lui était farouchement opposée depuis des années. Et ça ne l’avait pas plus gêné que ça.

Aujourd’hui, la justice américaine, avec la finesse de communication qui la caractérise dans ce genre de dossier si médiatisé, avance au galop à renfort de points presse et d’images chocs. On sait que le FBI a désormais entrepris un vrai marquage individuel sur Sepp Blatter. Il n’en sortira pas indemne.

Maintenant, même aux USA, une enquête, ça prend du temps. Et il faut impérativement que la Fifa retrouve (ou trouve c’est comme on veut) un mode de fonctionnement correct et, soyons fous, transparents. Parce que des dossiers très épineux doivent être traités très vite. A commencer par les attributions des prochaines Coupes du monde en Russie (2018) et au Qatar (2022).

Pour la Russie, on peut penser qu’il est déjà trop tard pour faire machine arrière à trois ans du début du tournoi, même si les Etats-Unis, et c’est un paramètre à ne jamais oublier, peuvent organiser une grande compétition de ce niveau en quelques mois. Mais c’est surtout pour la Coupe du monde au Qatar que les prochains mois s’annoncent bien compliqués. Beaucoup de dirigeants du football mondial n’ont pas accepté que l’on donne l’organisation d’un événement de dimension planétaire à un pays grand comme l’Ile-de-France, où il fait plus de cinquante degrés à l’ombre dans les dates habituelles de la compétition.

 

Un nouveau président à trouver

Les dernières acrobaties de la Fifa avaient donc opté pour une Coupe du monde en hiver, au mépris des calendriers européens. Pas sûr, mais alors pas sûr du tout, que tout cela soit tenable aujourd’hui, notamment avec la pression anglaise et allemande.

Reste donc à trouver un nouveau président à la Fifa. Chose bien compliquée. D’anciens joueurs, Luis Figo, Zico ou David Ginola, veulent retourner au combat. Mais si leurs chances sont nulles, leurs voix peuvent enfin permettre au jeu de prendre sa place.

Le prince Ali, qui s’est diplomatiquement retiré après un premier tour réussi contre Blatter vendredi dernier, fait évidemment partie des favoris. Il avait reçu le soutien de Michel Platini.

Platini, on ne parle que de lui et les médias français, trop contents de nous resservir le Platoche national, en font mieux qu’un favori : une évidence, un sauveur. Cet ultrachauvinisme, au fond assez sympathique, risque pourtant de se heurter à la réalité. Pour Platini, elle se résume en une phrase : est-il opportun, voire même dangereux, de quitter la présidence de l’UEFA pour briguer celle de la Fifa ? Sepp Blatter, qui avait peur de lui, avait décidé d’affaiblir l’Europe pour affaiblir Platini.

Aujourd’hui, si les choses n’évoluent pas, on pourrait revoir un Mondial en Europe en 2026, soit vingt ans après la Coupe du monde en Allemagne. Impensable et anormal, lorsqu’on sait que c’est bel et bien l’Europe qui fait vivre le football mondial professionnel.

Michel Platini en a-t-il envie ? Est-ce le bon choix ? L’ancien meneur des Bleus a reporté le congrès extraordinaire de l’UEFA pour prendre du recul. Il va falloir bien réfléchir et être efficace. Et surtout œuvrer pour tout ce que ces gens ont oublié depuis tant d’années pour s’en mettre plein les fouilles : le football.

Allez, si tout va bien, la semaine prochaine on reparlera nous aussi de jeu. De la finale de la Ligue des champions, demain, entre le FC Barcelone et la Juventus Turin, puis des matchs amicaux des Bleus. Si tout va bien. Et ce n’est pas sûr.  

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