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Attaque de requins : pourquoi de plus en plus de squales sont-ils aperçus près des côtes françaises ?

La population de requins s’est effondrée de plus de 71% dans le monde en moins de cinquante ans. [Gerald Schömbs / Unsplash]

Plusieurs requins ont été aperçus près de points de baignade ces dernières semaines, au cœur de zones côtières, y compris en France. Selon les scientifiques, ce phénomène s’explique en raison du réchauffement climatique et de l’activité humaine, mais il n’est pas inquiétant pour autant.

Il va falloir s’y habituer. Ces dernières semaines, plusieurs requins ont été observés sur les plages de nombreuses zones côtières à travers le monde, semant la panique chez les baigneurs, et causant quelques rares attaques, dont une mortelle. Mais ce qui soulève le plus de questions, c’est la proximité de ces squales avec les baigneurs, dans des zones où ils ne devraient pas se trouver en si grand nombre. Cela s’explique en partie à cause du réchauffement climatique et de la surpêche.

Un requin a été aperçu samedi à 50 mètres du rivage, sur une plage du Barcarès (Pyrénées-Orientales), ce qui a entraîné une évacuation de la zone. En juin déjà, une attaque mortelle de requin a été signalée en Égypte, tandis qu’un requin bleu a été vu à Alicante (Espagne), et début juillet, un autre squale a semé la panique sur une plage de Floride. En l’espace de deux mois, la présence de ces quatre requins sur nos côtes interroge les scientifiques.

Les courants marins destabilisés

La première explication pourrait ainsi être le réchauffement climatique. En effet, si c’est encore difficile de prédire comment les courants vont changer avec le réchauffement climatique et comment les espèces vont se déplacer, il est possible que des requins plus tropicaux arrivent jusque sur nos côtes, comme c’est déjà le cas pour certains poissons.

«Globalement, le réchauffement de l’eau n’est pas bon pour le requin car l’oxygénation de l’eau va baisser», ce qui peut être grave pour lui, indique Éric Clua, vétérinaire et directeur de recherches au CRIOBE (centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement), pour Le Parisien. «Cela peut jouer sur l’habitat du requin, mais c’est secondaire».

Par ailleurs, nous sommes actuellement en période de reproduction et les femelles se déplacent davantage vers le littoral, où l’eau est plus chaude. Le réchauffement climatique favorise donc la prolifération de nombreuses proies près des côtes, et s'il y a davantage de poissons, il y a davantage de requins. 

Interrogé sur France Bleu, Patrick Masanet, le directeur scientifique d’Oniria, l’aquarium de Canet-en-Roussillon, déclare d’ailleurs que l’animal observé samedi est sûrement un requin bleu, que l’on «aperçoit souvent près des plages en France ou en Espagne et souvent au mois de juillet», en partie car «beaucoup de petits poissons comme des sardines ou des maquereaux se rapprochent des côtes durant l’été. Or, ce sont justement les proies que le requin bleu recherche», estime-t-il confirmant cette thèse. 

La surpêche attire les requins vers les côtes

En plus des modifications de l’habitat des requins, mais aussi de leurs migrations pour se nourrir liée au réchauffement climatique, l’activité humaine pourrait aussi jouer un rôle dans la prolifération de squales autour de nos plages. En effet, un requin qui s’approcherait trop des côtes, risquerait de s’y échouer. Il le fait donc lorsqu’il est malade, blessé ou désorienté. Si ce n’est pas le cas, c’est l’activité humaine qui peut avoir un impact sur ses déplacements, à l'image de la surpêche. Plusieurs scientifiques ont ainsi remarqué que la construction de grands ports commerciaux peut parfois attirer les requins et provoquer, de fait, plus d’attaques.

Enfin, la surpopulation des zones côtières et l’extension du tourisme sur l’eau pourraient également expliquer pourquoi il est possible d’observer davantage de requins qu’auparavant. «Le requin n’a pas changé d’attitude. Ce qui a changé en revanche, ce sont les hommes qui vont de plus en plus vers lui», selon Éric Clua. Pour autant cette prolifération ne conduit pas forcément à une multiplication des attaques, et ces attaques, lorsqu’elles se produisent, ne sont pas toujours mortelles, sauf pour quelques exceptions.

Très peu d'attaques mortelles

Au début du mois de juin, un Russe âgé de 23 ans est décédé à Hurghada, en Égypte, dévoré par un requin, alors qu’il se baignait à quelques mètres du rivage. Une scène qui a beaucoup choqué les touristes présents sur la plage. Si la présence de squales n’a rien de surprenant dans les eaux de la mer Rouge, l’issue fatale et la violence de cette attaque sont exceptionnelles.

Depuis 2013, on recense en moyenne dans le monde 74 accidents par an impliquant des morsures de requin dites «non provoquées», selon les données du registre international tenu par des chercheurs de l’Université de Floride (États-Unis). Et seulement quelques-unes de ces attaques sont mortelles, environ 5 à 8. 

En France, nous ne sommes pas dans le même cas que la mer Rouge, car nous n’avons pas de requin-tigre sur nos côtes. Il y a trois requins très dangereux pour l’homme : le grand requin blanc, le requin-tigre et le requin-bouledogue. Dans l'Hexagone, on n’observe que le premier. Mais ces observations sont extrêmement rares sur nos côtes. La dernière qui a été validée date de septembre 2022.

Enfin, malgré des mesures d’interdiction de pêche visant à protéger les différentes espèces, les requins restent des animaux menacés d'extinction, dont les populations sont en déclin, notamment à cause de la surpêche. Si les requins revenaient davantage sur nos côtes, il s’agirait donc d’une bonne nouvelle pour l’écosystème et cela ne veut pas dire qu’il y aura davantage de morsures. Pour rappel, la population de requins s’est effondrée de plus de 71% dans le monde en moins de cinquante ans.

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