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Le monde du théâtre en ébullition après les nominations de Filippetti

La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti, à l'Elysée le 26 juin 2013 [Eric Feferberg / AFP/Archives] La ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti, à l'Elysée le 26 juin 2013 [Eric Feferberg / AFP/Archives]

"Dogmatisme" pour les uns, "espoir de changement" pour les autres: les nominations à la tête des Centres dramatiques nationaux (CDN) décidées par Aurélie Filippetti suscitent invectives, louanges et tribunes énervées des plus grands noms du théâtre en pleine saison des festivals.

Jeudi, c'est le metteur en scène Patrice Chéreau qui a pris position, défendant la politique de renouvellement des directeurs engagée par la ministre de la Culture. "Personne n'est propriétaire de son poste, surtout lorsqu'il l'occupe depuis longtemps. Il faut savoir céder sa place, éviter de s'incruster", a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien Le Monde. "Il faut en finir avec des rentes de situation".

La fondatrice du Théâtre du Soleil Ariane Mnouchkine, elle, s'est dite "étonnée" par la polémique, dans une tribune publiée jeudi par le journal.

Lundi, c'était le comédien Philippe Caubère, ancien du Théâtre du Soleil, qui était monté au créneau mais pour critiquer cette fois violemment la politique de la ministre, qu'il avait qualifiée de "saloperie". "Aiguiser le conflit jeunes-vieux, hommes-femmes, +conservateurs+/+novateurs+ est une vilaine action", avait-il affirmé.

Le comédien français Philippe Caubère, à Marseille, le 17 juin 2013 [Anne-Christine Poujoulat / AFP/Archives]
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Le comédien français Philippe Caubère, à Marseille, le 17 juin 2013
 

Il s'en était pris aussi à une trentaine de professionnels du théâtre, dont les metteurs en scène Catherine Anne et Vincent Goethals, qui avaient défendu la ministre la semaine dernière. "Limiter la durée des mandats dans le temps, comme dans les cumuls, contribue au renouvellement des générations et des esthétiques", selon eux.

Fin juin, c'est l'ex-ministre de la Culture Frédéric Mitterrand qui avait jeté de l'huile sur le feu en estimant que la ministre avait une "approche totalement dogmatique de la culture", et qu'il y avait "quelque chose de systématique dans les remplacements".

La ministre s'était alors défendue, réaffirmant que la règle selon laquelle un directeur ne peut être renouvelé plus de trois fois et exceptionnellement quatre "serait dorénavant respectée", et en revenant sur sa volonté d'accroître la place accordée aux femmes. Depuis début 2013, sur sept directeurs nommés, trois sont des femmes.

"Quand on parle de Patrice Chéreau, d’Ariane Mouchkine (...), on est là à un autre niveau que les petites polémiques alimentées par certains", a-t-elle souligné jeudi à l'AFP.

 

"Vaines polémiques"

 

La politique de renouvellement engagée depuis le début de l'année a provoqué des remous dans plusieurs théâtres en France.

En mars, Jean-Louis Martinelli, directeur du Théâtre des Amandiers à Nanterre (Hauts-de-Seine) depuis 2002, avait appris qu'il ne serait pas renouvelé dans ses fonctions en 2014, une décision contre laquelle s'est élevée la mairie.

Le directeur du Théâtre des 13 Vents à Montpellier, Jean-Louis Besset, a quant à lui vivement critiqué en juin sa non reconduction, dénonçant la "violence, la pensée unique, l'arrogance d’État".

Quant à Daniel Benoin, directeur du Théâtre national de Nice (TNN) depuis 12 ans, qui brigue un dernier mandat de trois ans en tandem cette fois avec l'actrice Zabou Breitman, il a dénoncé "des gens particulièrement brutaux dans l'entourage de la ministre".

La tension est montée d'un cran à Nice, prenant une tournure politique alors que le maire de la ville, l'ex-ministre UMP Christian Estrosi, s'est arc-bouté pour soutenir la candidature de l'actuel directeur.

Le maire UMP de Nice Christian Estrosi, dans la ville du sud-est de la France, le 6 juin 2013 [Valery Hache / AFP/Archives]
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Le maire UMP de Nice Christian Estrosi, dans la ville du sud-est de la France, le 6 juin 2013
 

Dans un courrier daté du 9 juillet, la ministre lui a réaffirmé que cette candidature était "irrecevable", tout en indiquant que, s'il s'obstinait, elle serait "amenée à étudier concrètement la possibilité de retirer le label de Centre dramatique national au Théâtre national de Nice et, conséquemment, de procéder au désengagement financier de l’État". Depuis, la situation reste bloquée.

"J'ai été très choqué par cette lettre", a dit Daniel Benoin jeudi à l'AFP, considérant la démarche "inédite" et "scandaleuse".

Ces polémiques qui divisent le monde du théâtre sont "vaines", a jugé de son côté Ariane Mnouchkine. Elles "occultent la priorité: la place de l'art à l'école".

 

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