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Les secrets de l'éternelle jeunesse

On les voit dès potron-minet, au pied des gratte-ciels ou sous le couvert des jardins, fendre l'air dans une chorégraphie martiale: férus de "tai chi" et de mahjong, consommateurs avides de thé et de légumes, les seniors de Hong Kong sont désormais les plus vieux du monde.

Les hommes de la mégapole chinoise détiennent la palme mondiale de la longévité depuis plus d'une décennie, mais les femmes viennent de détrôner les Japonaises, pour la première fois en un quart de siècle.

L'espérance de vie des Japonaises en 2011 a en effet reculé à 85,9 ans, contre 86,3 ans en 2010, à cause notamment du tsunami et de l'accident nucléaire du 11 mars 2011, tandis que les Hong-Kongaises vivaient l'an dernier jusqu'à 86,7 ans en moyenne, contre 86 ans en 2010.

Petit territoire hérissé de tours de verre et d'acier entre lesquelles circule un flot ininterrompu de voitures, de bus et de camions, Hong Kong est pourtant davantage réputé pour son air exécrable, son rythme effréné et ses pandémies meurtrières.

Alors quel est le secret de ses anciens?

Les spécialistes citent en vrac l'accès à des soins de qualité, l'activité physique et mentale, la cuisine cantonaise traditionnelle et même le mahjong, jeu de société chinois ancestral qui stimule la mémoire.

"J'aime voyager, j'aime découvrir de nouvelles choses et rencontrer mes amis pour le +yum cha+" chaque jour", s'enthousiasme Mak Yin, une vaillante dame de 80 ans, six fois grand-mère, en pleine séance de tai chi dans un parc de la ville.

"Yum cha" est un terme cantonais qui désigne la tradition du thé consommé avec des "dim sum", petits mets fourrés typiques. Le thé, riche en antioxydants, est gratuit et servi à volonté.

"Mes amis sont dans leur soixantaine et ils pensent aussi souvent que j'ai leur âge", fanfaronne-t-elle.

- Le travail, facteur de longévité -

Mak Yin fait son quotidien de légumes cuits à la vapeur, de riz et de fruits. La cuisine cantonaise est réputée pour son poisson et ses légumes bouillis - préparés sans ces huiles grasses qui bouchent les artères.

Le tai chi est quant à lui censé améliorer l'équilibre et fortifier le coeur. Selon une étude publiée dans le New England Journal of Medicine en février, il prévient les chutes et "semble diminuer les défaillances de l'équilibre" chez certaines personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

Autre facteur de longévité, le travail. Il n'y a pas d'âge légal pour partir à la retraite à Hong Kong et il est fréquent de voir des septuagénaires et des octogénaires travailler dans les échoppes, sur les marchés ou dans les restaurants, aux côtés des plus jeunes.

"Beaucoup de personnes âgées dans notre ville restent longtemps au travail, ce qui contribue à une meilleure santé mentale et psychologique", affirme le président de l'Association hong-kongaise de gérontologie, Edward Leung.

"Nombre d'entre elles au contraire souffrent au contraire de n'avoir rien à faire et développent un +syndrome du vide+ qui entraîne un stress mental", explique-t-il.

Lee Woo-hing, un poissonnier de 67 ans, trouve son inspiration dans le tycoon Li Ka-shing, l'homme le plus riche d'Asie, qui continue de régner, à 80 ans passés, sur son vaste empire.

"Si Li Ka-shing continue à 84 ans, pourquoi je m'arrêterais, moi?", s'interroge ce père de 4 enfants qui travaille 14 heures par jour dans l'effervescence d'un marché de frais.

A Hong Kong, ralentir le sablier passe aussi par le mahjong, une sorte de domino exigeant qui permet de lutter contre la démence, selon Alfred Chan, un expert du vieillissement à l'université Lingnan de Hong Kong.

"Il stimule les zones (du cerveau) qui contrôlent la mémoire et les capacités cognitives. Il aide les personnes âgées à entretenir leur mémoire", dit-il.

Mais les vertus sociales du mahjong sont au moins aussi importantes pour la santé générale des joueurs que ses règles complexes et le calcul des points pour l'exercice intellectuel.

L'enjeu, objectent des experts, est désormais pour Hong Kong de conserver sa place mondiale au classement de la longévité, alors que les maladies respiratoires imputées à la pollution ne cessent de se développer.

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