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Le siège de l'ONU s'offre un lifting à deux milliards de dollars

Les dirigeants mondiaux qui se réunissent la semaine prochaine au siège de l'ONU à New York pour l'Assemblée générale verront un gratte-ciel rénové: l'édifice a bénéficié d'un lifting à deux milliards de dollars pour son soixantième anniversaire.

L'immeuble de verre conçu par une équipe internationales d'architectes, dont Oscar Niemeyer et Le Corbusier, sera désormais plus écologique: vitres teintées, nouvelle climatisation, récupération des eaux de pluie et toilettes à faible débit devraient faire chuter de 45% son bilan carbone.

Pour la décoration intérieure on a repris à certains étages le style et le skaï des années 50 et 60, qui évoquent irrésistiblement la série télévisée "Mad men".

Cette tour de 39 étages dominant l'East River, achevée en 1952, avait bien besoin d'une remise à neuf. Juste à côté, un vaste plastique blanc couvre le dôme de l'Assemblée générale, qui fuit: ce sera le prochain chantier.

Au cours des travaux, explique à l'AFP l'architecte en chef Michael Adlerstein, on a extrait assez d'amiante pour recouvrir un terrain de foot d'une couche de 5 mètres. A l'époque, rappelle-t-il, "on en mettait partout, comme la mayonnaise".

Si en piquant sa fameuse colère en 1960, Krouchtchev avait tapé plus fort avec sa chaussure ou si Arafat avait tiré en l'air avec le pistolet qu'il portait lorsqu'il s'est adressé à l'Assemblée en 1974, on aurait peut-être vu voler des poussières d'amiante.

Mais M. Adlerstein, qui a travaillé à la rénovation de la Statue de la Liberté à New York ou du Taj Mahal en Inde, souligne que l'amiante, matériau cancérigène, a été retiré de manière "totalement sûre".

Ce n'était pas le seul défi de ce gigantesque chantier. Il a fallu aussi retirer les gravas et faire entrer et sortir chaque jour des centaines d'ouvriers, pendant que diplomates, ministres et chefs d'Etat poursuivaient leurs débats.

Le Corbusier et Niemeyer "seraient contents"

"On peut fermer la Statue de la Liberté ou Ellis island pour faire des travaux, pas l'ONU", précise M. Adlerstein. "C'est beaucoup plus compliqué que tout ce que j'ai pu être amené à faire sur des sites historiques".

Pendant les travaux, le Conseil de sécurité a été transféré dans des locaux temporaires et le secrétaire général Ban Ki-moon relégué dans un préfabriqué. M. Ban retrouvera son bureau au 38ème étage en novembre. Le Conseil réintégrera en février sa salle historique, avec sa disposition en fer à cheval, et comme en 1952, la Norvège fournira le bois et le tissu pour sa décoration.

"Il y aura de nouveaux équipements électroniques et des possibilités de vidéo-conférence mais fondamentalement ce sera la même salle", précise l'architecte.

La Russie rénove la salle de consultations du Conseil, qu'elle avait déjà financée en 1952. Chine, Turquie, Pays-Bas, Danemark et une douzaine d'autres pays se sont chargés de décorer des salons, des couloirs ou des pièces de l'édifice.

"Le produit fini reflètera à merveille la manière dont l'ONU apparaissait en 1952", estime M. Adlerstein. Les glissières qui permettaient aux lettres de passer d'étage en étage jusqu'au sous-sol ont été conservées et astiquées, même si elles ne servent plus.

Dans le bâtiment rénové, 80% de l'espace est désormais ouvert là où il y avait auparavant une multitude de petits bureaux séparés.

"Il y avait huit types de bureau différents: selon votre rang dans la hiérarchie, vous aviez droit à une grande fenêtre, une petite fenêtre ou pas de fenêtre du tout", se souvient Werner Schmidt, des services d'information de l'ONU.

Que penseraient Le Corbusier et Niemeyer de cette rénovation ? M. Adlerstein veut croire "qu'ils seraient contents". "Nous avons respecté l'esprit de leur projet architectural, mais aussi la lettre: les parties à caractère historique, les grands vestibules, les principales pièces auront exactement le même air qu'en 1952".

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