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Histoire interdite : la face cachée de Libération de la France

Le deuxième numéro d'Histoire interdite de Guy Lagache s’intéresse à la France de 1945. Le deuxième numéro d'Histoire interdite de Guy Lagache s’intéresse à la France de 1945.[P.Mazzoni/D8]

Après La Face cachée du Débarquement, qui avait réuni 1.648.000 télé­spectateurs sur D8 l'an dernier, Histoire interdite consacre son deuxième numéro à la Libération.

 

 

Passionnant documentaire, le film compte les interventions d’historiens, résistants et témoins de l’époque. Un document saisissant raconté par Pierre Lescure qui dévoile, loin des images de liesse véhiculées par les documents diffusés depuis 70 ans, une France au bord du chaos et de la guerre civile.
Il y continue de s’intéresser à des aspects méconnus de l’Histoire à travers les destins d’anonymes, Guy Lagache lève donc cette fois le voile sur La face cachée de la Libération de la France. Un travail d’investigation qui a passionné le directeur de l’information et des magazines de D8

 

Après la guerre, la Libération a, elle aussi, sa part d’ombre…

On a en tête les images de cette période qui ont été diffusées jusqu’à aujourd’hui : des images de liesse d’un peuple qui retrouve sa liberté. En réalité, pour la quasi-totalité des Français, la France est avant tout au bord du chaos.

 

Pourquoi une telle divergence ?

Parce qu’il n’y a plus de police, plus de justice, plus de sécurité, la nourriture manque. L’organisation de la cité est faite par des résistants pour, soi-disant, faire régner l’ordre et arrêter les collaborateurs, mais ils vont parfois commettre l’irréparable. Par ailleurs, il y a un enjeu vital, qui est d’empêcher que la France ne tombe sous le contrôle d’une administration américaine. Nous avons été un pays vaincu, qui a collaboré avec l'ennemi, et à ce titre, les Alliés voulaient nous gouverner.

Qu’est-ce qui fait la singularité de ce documentaire ?

On y aborde l’Histoire sous l’angle de l’enquête. Ce qui est intéressant, c’est que nous mettons en perspective des grands faits historiques par des petites histoires.

 

Des destins qui ont changé le cours de cette période…

Absolument, comme celui de Madeleine Riffaud, célèbre résistante qui illustre l’urgence qu’il y avait à prendre les armes.

 

Vous rapportez des actes de bravoure comme ceux de Madeleine Riffaud et des combattants de Gap notamment, mais aussi des actes moins glorieux comme le racket organisé par des GI, les dérapages des tribunaux populaires... Qu’est-ce qui vous a le plus interpellé ou le plus surpris, le plus ému ?

C’est toute la complexité humaine qui est racontée à travers différents individus. Il y a quelque chose d’extrêmement émouvant dans l’histoire de Madeleine Riffaud avec comment, au nom d’une idée de ce qui est considéré comme bien versus le mal, on est prêt à aller au bout de soi pour la liberté.

 

Qu’aurions-nous fait nous, c’est cela aussi que cela pose comme question…

C’est intéressant de raconter ces histoires-là précisément parce que cela doit poser question. Évidemment il faut quand même une certaine force – à un moment donné elle va jusqu’au bout, jusqu’à tuer de ses propres mains au nom de cette liberté. Donc il y a quelque chose qui vous touche et aussi quelque chose qui interroge. Elle va être torturée et ne lâchera jamais personne, donc elle a une éthique personnelle qui est très émouvante. Je trouve que cela fait du bien d’entendre cela à la télévision, des gens qui ne sont pas mués par le cynisme, qui ont vraiment  un idéal de liberté et qui sont prêts à se sacrifier s’il le faut au nom de cet idéal. Je trouve qu’il y a une noblesse très forte. D’un autre côté l’histoire de Gap est absolument formidable, parce que les résistants de Gap vont faire d’une force la ruse, l’intelligence, la malice. Quand vous n’avez pas de moyens, quand vous n’êtes pas entrainés, c’est le calcul, la réflexion qui vous permettent d’arriver à vos fins sans effusion de sang. Hélas, il n’y a pas eu beaucoup d’exemples comme celui-ci… Enfin, ce qui m’a touché c’est qu’il y a aussi, comme dans tous les groupes sociaux, ceux qui vont appeler à la vengeance, ces résistants qui vont aller à l’amalgame, à la justice expéditive, c’est-à-dire que ce que l’on reprochait aux bourreaux.

 

Histoire interdite n’est pas un documentaire historique à proprement parlé…

Ça l’est d’une certaine façon parce que c’est un documentaire et ça parle de l’Histoire mais on l’aborde sous un angle qui est celui d’une enquête historique ce qui nous permet d’avoir une singularité de point de vue par rapport à des grandes fresques historiques qui peuvent être faites par ailleurs par d’autres grandes chaînes. C’est ça qui nous intéresse nous : garder notre œil et notre point de vue, notre ligne éditoriale, la même qui s’applique par ailleurs sur la chaîne notamment sur le magazine du mercredi soir. C’est ça qui nous permet aussi d’avoir des histoires inédites, peu ou pas connues.

 

La production a exhumé des documents des archives de la Préfecture de police de Paris. Ils racontent, par exemple, la terrible histoire d'innocents arrêtés et exécutés dans l'Institut dentaire de Paris. Combien de temps a duré l’enquête, est-ce que cela a été difficile ?

On a mis six mois pour faire ce documentaire. A l’aune d’un documentaire historique c’est extrêmement rapide, mais c’est un temps d’enquête assez long par rapport au temps d’enquête journalistique. Oui, ça a été difficile d’enquêter, comme il est difficile d’enquêter sur n’importe quel sujet « contemporain », sauf que ce qui rajoute à la complexité c’est que vous êtes dans une période historique. Il faut donc retrouver les témoins, les documents, qui sont parfois nichés dans des lieux qu’on ne soupçonne pas. Mais la méthode de l’enquête est analogue. Le travail journalistique sur une période historique est vraiment passionnant. On va montrer réellement l’enjeu qu’il y a derrière l’inquiétude du Général de Gaulle et de son gouvernement provisoire. Comment faire en sorte de reprendre le contrôle, comment les résistants vont entendre l’appel pour ce soulever et en quoi ce soulèvement fait aussi partie de la mise en place d’une stratégie pour éviter que les Français ne soient sous administration alliée après la guerre.

Histoire interdite. La face cachée de la Libération de la France, D8, vendredi 9 janvier à 20h50.

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