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Thomas Thouroude : "Le Before est un formidable laboratoire"

[Jeff Lanet/ Canal Plus ]

Malgré des audiences encore ­limitées, Le Before du Grand journal ­revient sur Canal+. Plus motivé que ­jamais, l’animateur Thomas Thouroude entend bien asseoir définitivement le magazine dans la grille de la chaîne cryptée.

 

Comment abordez-vous cette saison 2 ?

Avec de l’appétit, de l’enthousiasme, de l’envie, et avec la détermination de construire une émission solide, plus dense et qui s’inscrit dans la durée. Je souhaite que nous profitions de la chance qu’on a eu l’année dernière d’avoir un coup de projecteur sur l’émission, de réussir nos débuts, d’avoir un effet un peu «whaou» qui vraiment nous a porté.

Maintenant, pour la 2e saison, l’objectif est de l’installer et de l’encrer vraiment dans la grille de Canal +. Et plus largement dans le champ des programmes à la télévision.

 

Quels sont les nouveaux rendez-vous du Before ?  

Au niveau de la ligne éditoriale, on souhaite se centrer plus sur la prescription culturelle, sur la pop-culture en générale, et tout ce que cela implique – le cinéma, les séries, la musique, le sport, les jeux vidéo, etc. – en s’intéressant à ceux qui feront l’actualité demain. On est placé avant Le Grand Journal, et on aimerait bien que nos invités soient ceux qui, plus tard, iront sur le plateau d’Antoine de Caunes.

On garde cette idée d’être un peu «l’antichambre» du Grand Journal, l’émission qui révèle des talents, un laboratoire, et c’est quelque chose qui fonctionne bien chez Canal + depuis longtemps. Et on a envie de continuer cela.

 

Et parmi les intervenants ?

Il y a Louise Chen qui nous rejoint après un passage dans l’émission «Clique» de Mouloud Achour. Elle est DJ dans la vie, c’est une artiste, et elle viendra faire quelques chroniques dans l’émission (une chronique intitulée « Do et don’t »). Elle représente la nouvelle dynamique du Before de cette saison, c’est-à-dire avoir des avis plus critiques, et prendre des positions plus affirmées. Il y aura plus de magazine avec des reportages en mode «enquête».

Jean-Pascal Zadi, qui faisait «C Koi les Bayes ?» et qui est une personnalité exceptionnelle, va prendre le micro et allé sur le terrain pour faire des sujets. Nous avons également une jeune journaliste, Marie Treille-Stefani, qui présentera les «Before de Marie», c’est-à-dire qu’elle sera tous les jours avant le début d’un événement. Par exemple, au début d’une série de concerts, ou de spectacles, elle sera présente juste avant la première pour nous faire découvrir les coulisses de ce qui peut s’y passer. Le «Dézapping» sera bien évidemment là.

Et puis on a un programme court qui s’appelle «Ma pire angoisse». Qui est vraiment bien. Mais je laisse la surprise à ceux qui ne l’ont pas encore découvert.

 

Canal + a décidé de reconduire l’émission malgré ses faibles audiences. Une marque de confiance ?

C’est évident. Je pense aussi que Canal + a intérêt à marquer sa différence dans sa politique, parce que l’émission a été un formidable laboratoire l’an passé. Il ne faut pas oublier que le programme court «Conasse» a débuté dans le Before, Nora Hamzawi également, la comédienne Delphine Baril, tous le Studio Bagel y sont aussi. On a même notre rédactrice en chef, Mathilde Serrell, qui est aujourd’hui chroniqueuse «pop-culture» dans Le Grand Journal.

On a la chance à Canal + d’avoir une liberté de création, d’action qui est, je pense, très rare à la télévision. On peut créer des choses, on est libre de faire, d’innover, de tenter, de prendre des risques – et ça, c’est important – et Canal + nous donne cette chance. Il faut la saisir. Et ça bénéficie à la chaîne qui ensuite peut faire grandir les talents, peut essayer autre chose, etc.

 

Quid de l’audience en «replay» ?

Ça marche très bien (pause). Si on juge la qualité d’une émission à l’aune de son audience, je pense qu’il y a un souci. Une émission qui marche très fort, cela ne veut pas dire qu’elle est bonne. Et l’inverse est vrai aussi. Ensuite, cette case horaire est historiquement difficile sur Canal + et c’est une nouvelle émission.

Après, il faut se demander ce qu’est l’audience aujourd’hui. Est-ce que cela concerne juste la diffusion d’une émission à l’heure dite, ou est-ce c’est tout ce qu’il y a après, le «replay» et les autres modes de visionnage qui existent aujourd’hui. Et si on regarde ces chiffres-là, je peux vous dire, par exemple, que le « Dézapping » fait 1,6 millions de vue en moyenne sur YouTube à chaque diffusion. Je ne crois pas me tromper si je vous dis que c’est la deuxième émission la plus regardée sur le «replay» de la chaîne.

Oui, c’est une émission qui fonctionne, qui a l’heure dite a effectivement un peu de mal à exister dans un univers extrêmement concurrentiel. Mais qui existe bel et bien.

 

Pourquoi Canal + ne communique pas sur cela également…

Honnêtement, je ne pourrais pas vous répondre.

Parce que certains commentateurs, Enora Malagré notamment, n’hésitent pas critiquer les audiences sans prendre en compte ces chiffres en «replay». Ce qui peut paraître réducteur…

Oui, après cela dépend de l’importance que l’on accorde au point de vue de ces gens-là.

 

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Le problème est que leur avis inonde la Toile. Vous aimeriez que Canal + communique sur ces audiences en «replay» ?

Personnellement, ces histoires-là ne me touchent pas. Je suis journaliste de formation, et je suis plus intéressé par le contenu. Ce qui me branche, c’est de faire un travail qui d’abord va plaire à notre rédaction. On va se creuser la tête pour faire quelque chose d’intelligent, d’iconoclaste, pour créer des rendez-vous enrichissants. On vise vraiment « l’infotainment », c’est-à-dire donner de l’information, mais aussi s’en amuser.

Il y a de l’info dans le Before et on va essayer de faire encore mieux cette année. Il y aura des avis plus critiques, on va prendre plus position, et cela devrait donner plus de densité et d’épaisseur à l’émission sur la durée. Et ce serait intéressant qu’on est cette discussion à la fin de la saison, parce que je pense que ça peut être une belle année pour le Before. L’expérience de la saison passée a été très riche. Cette année, on a un nouveau plateau, qui nous appartient. Et ça, c’est aussi une marque de confiance de Canal +.

Tout ça est très motivant. Les audiences ne sont pas dans mon domaine de compétence, et ce n’est pas quelque chose qui m’anime. Si tu veux faire de l’audience absolument, il faut faire d’autres émissions.

 

Cette émission ne se résume pas à ses audiences en somme…

J’ai pu juger l’émission cet été auprès des gens. J’ai constaté que cela fonctionnait bien. Et puis il y a toutes les communautés dont on a parlé tout à l’heure, celle de «Connasse» notamment, ou celle du Studio Bagel, qui touchent énormément de monde. Se limiter à cela (les audiences, ndlr), je trouve cela réducteur – et je ne le ferais jamais parce que c’est d’abord et avant tout le contenu qui m’intéresse. Je peux donner un exemple, qui est L’œil de Links sur Canal +, une émission très peu vue au moment de sa diffusion, mais qui est une excellente émission. «Tracks» sur Arte, c’est brillant.

Qu’est-ce qu’on veut faire, qu’est-ce qu’on veut regarder à la TV, comment veut-on consommer la télévision ? Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une époque où on change beaucoup notre manière de consommer la TV. Et moi le premier. Maintenant, je sais que je peux regarder Le Grand Journal à 21h30 une fois que j’ai couché mes enfants. Et je compte quand même comme un téléspectateur.

Certes je ne suis pas à 19h devant ma télévision, mais en revanche, j’ai quand même vu le programme de Canal +. Personnellement, je consomme énormément la TV en «replay».

 

Il y a beaucoup de jeunes talents dans l’émission. Comment sont-ils sélectionnés ?

Ça, c’est la magie Canal + et sa cellule «Jeunes Talents». Christelle Graillot et Arielle Saracco ont un flair fou. Elles passent leur temps à dénicher des talents, comme ça été le cas ces dernières années avec Jamel, Omar et Fred, etc… la liste est interminable.

C’est un savoir-faire de Canal +. Et c’est aussi ça la prise de risque. Trouver et déceler le talent chez un jeune comédien, artiste, journaliste, animateur, et ne pas hésiter à lui laisser sa chance. Et lui faire confiance suffisamment longtemps pour qu’il puisse trouver ses marques, prendre de l’épaisseur, et pour qu’ensuite tout le monde dise « il est formidable ! ». La chance de Canal+, c’est aussi ça : inscrire un projet dans le temps. Il y a très peu d’émissions arrêtées en plein vol. La plupart du temps, elle s’installe.

Par exemple, Salut les terriens, présenté par Thierry Ardisson, a connu des débuts difficiles. Aujourd’hui, il fait plus d’un million  tous les week-ends, il est très repris, très regardé. Si l’émission avait été arrêté la première saison, cela aurait été dommage.

 

Le transfert de certains des talents du Before sur le Grand Journal vous dérange-t-il ?

Non, c’est le jeu. Il y a le vaisseau amiral, nous, on est le «labo», ils font leurs gammes chez nous et ils explosent dans Le Grand Journal. Ça me convient très bien.

 

Le Before du Grand Journal, du lundi au vendredi à 18h15 sur Canal +.

 

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