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Kodak, de l'argentique au numérique

Kodak s'est laissé quelque peu dépasser par l'arrivée du numérique en 1996[CC/Viktor Nagornyy]

Lancé en 1888 par l’Eastman Kodak Company, l’appareil Kodak a révolutionné le monde de la photographie. En facilitant la prise de vue, jusqu’alors réservée à une élite, il l’a démocratisée. Au fil des ans, innovations technologiques et opérations marketing ont permis à Kodak de bâtir un empire – quelque peu ébranlé par l’arrivée du numérique.

 

Archives – Article publié le lundi 29 septembre 2008

 

C’est à l’âge de 24 ans que George Eastman se passionne pour la photographie. En 1878, à l’occasion de vacances prévues à Saint- Domingue, il achète du matériel de photographie. A l’époque, l’équipement complet représente selon ses dires «un chargement de baudet». Il faut en outre une formation pour apprendre à utiliser cet attirail. Mais alors qu’il est prêt à embarquer, il renonce à son voyage, afin de se consacrer à sa nouvelle passion, la photographie, et pour trouver un moyen de simplifier ses procédés trop compliqués à son goût.

 

Immeuble Kodak à New York  [CC/Viktor Nagornyy]

 

Vers la photographie moderne

Il découvre dans des magazines britanniques que certains photographes fabriquent eux-mêmes l’émulsion de gélatine qui constitue la surface photographique des plaques. Dès lors, George Eastman, employé dans une banque, passe ses soirées et ses nuits dans la cuisine de son domicile à expérimenter diverses émulsions de gélatine (en particulier celle au bromure d’argent) pour perfectionner et simplifier le processus photographique.

En 1880, après trois années d’expériences, il brevette un procédé à plaque sèche et une machine qui prépare ces plaques en grand nombre. Un an plus tard, à Rochester (Etat de New York), il crée en partenariat avec Henry A. Strong, un homme d’affaires, la société Eastman Dry Plate Company, qui prendra en 1892 le nom d’Eastman Kodak Company. En 1884, il révolutionne à nouveau l’industrie de la photographie en remplaçant le traditionnel support de verre par du papier et en inventant la pellicule en rouleau.

En 1888, pour achever la démocratisation de la photographie, George Eastman lance l’appareil portatif Kodak, qui donne naissance à la photographie instantanée. Maniable et facilement transportable, ce premier appareil compact contient une bobine qui permet de prendre cent clichés. Quand la pellicule est terminée, il suffit de l’envoyer dans les laboratoires de la société pour qu’elle y soit développée. L’inventeur travaille ensuite à la baisse du prix de l’appareil pour offrir à chacun la possibilité de prendre des photos, il lance en 1900, après deux ans de recherches, le modèle Brownie à un dollar.

 

Un Kodak Six-20 [CC/zzub nik]

 

Un brillant publicitaire

Convaincu du pouvoir de la publicité, George Eastman utilise toutes les techniques possibles pour promouvoir son entreprise. Le choix du nom Kodak reflète en premier lieu ses talents de communication. Ce nom, inventé et percutant, se prononce facilement dans toutes les langues. Kodak est enregistré comme marque commerciale en 1888.

Au fil des ans, son nom et son habillage jaune permettent l’identification de la marque dans le monde entier. La publicité des produits Kodak est assurée dès le début dans les plus grands journaux, Eastman en personne rédigeant le message publicitaire. Il est ainsi à l’origine, au lancement de l’appareil portatif Kodak, du fameux slogan «You press the button, we do the rest» («Vous appuyez sur le bouton, nous nous chargeons du reste»).

En 1897, la marque Kodak est l’une des premières à scintiller sur une enseigne lumineuse au-dessus de Trafalgar Square, à Londres. Si à ses débuts, George Eastman s’était concentré sur le marché américain, il s’intéresse vite à l’Europe, où la pratique de la photographie est encore réservée aux professionnels. Après son implantation en 1891 en Angleterre et en France, la marque s’exporte peu à peu dans le reste du monde.

 

Le Kodak 35 [CC/nesster]

 

Une pellicule oscarisée

Depuis sa création, la cérémonie des oscars a toujours décerné le prix du meilleur film à des œuvres filmées sur pellicule Kodak. Outre cette reconnaissance, la société a elle-même reçu neuf statuettes. Au-delà de ces récompenses, la marque est intimement liée à la cérémonie des oscars qui se déroule chaque année au Kodak Theatre, situé sur Hollywood Boulevard, à Los Angeles. En marge de la photographie, Kodak a marqué l’histoire de l’industrie cinématographique grâce à ses innovations technologiques. En France, la marque s’est introduite dans le secteur sous le nom Kodak-Pathé, une fusion qui résulte de la rencontre en 1927 entre George Eastman et Charles Pathé.

 

Le Kodak Theatre à Los Angeles [CC/Troy David Johnston]

 

L’espace flashé

Depuis plus de 40 ans, Kodak s’est associée à plusieurs reprises au programme spatial de la Nasa. En 1962, lorsque John Glenn pilote la première mission orbitale des Etats-Unis à bord de Friendship 7, il utilise un film 16 mm Kodak pour enregistrer ses réactions. En 1966, Kodak immortalise les premières images du sol lunaire. En 1969, caméra stéréo, appareil et films Kodak accompagnent Apollo 11 et les premiers pas de l’homme sur la Lune. En 1997, direction la planète Mars où les premières images de la planète sont prises grâce aux capteurs d’images Kodak logés dans les yeux du robot Sojourner.

 

La révolution numérique

Bien que Kodak n’ait eu de cesse d’innover pour simplifier la photographie, le groupe, leader sur le secteur de l’argentique, s’est quelque peu laissé dépasser par l’arrivée du numérique en 1996.

En retard durant les premières années, Kodak opère rapidement un virage stratégique en délaissant son activité d’origine – la production liée à la photographie argentique – pour se concentrer sur le numérique. Une mutation réussie dans un premier temps puisque dès 2001, Kodak grimpe de la cinquième à la deuxième place en termes de volume dans les grandes surfaces françaises. Un retard rattrapé notamment grâce à ses prix, souvent inférieurs à ceux de ses concurrents.

Depuis 2008, Kodak ne développe plus de photos argentiques en France. La société a fermé son dernier laboratoire consacré à cette activité : elle n’avait développé que 4 millions de pellicules en 2006, contre 22 millions en 2002.

Début 2012, l’entreprise est menacée de faillite. Le 19 janvier, Kodak annonce qu’elle dépose le bilan pour se restructurer. Placée sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, la société est à l’abri de ses créanciers bien que cette mesure ne concerne pas les filiales du groupe hors des Etats-Unis. Pour survivre, celui-ci va désormais se concentrer sur le développement et l’impression et vendre ses 1 100 brevets, qui intéressent les fabricants de téléphonie. Fin avril 2013, Kodak annonce un plan de restructuration, un nouveau statut et un nouveau conseil d’administration.

 

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