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Une santé bien connectée

Un homme portant un bracelet électronique de Fitbit[FITBIT]

Dès le réveil, un coup d’œil sur son bracelet pour analyser sa nuit. Puis un petit tour dans la salle de bains, histoire de suivre l’évolution de son poids. Avant de mesurer, dans la foulée, sa fréquence cardiaque en posant un doigt sur son téléphone.

Est-ce un scénario tout droit sorti d’un roman d’anticipation ? Plutôt un phénomène technologique en pleine émergence. Son nom : la santé connectée, m-santé – santé mobile – ou encore «quantified self» pour la version américaine, dont elle est originaire.

Son objectif : permettre à l’individu de tout connaître sur son propre corps dans la durée.

Applications pour smartphones, balances, tensiomètres, bracelets… tous les outils de cette m-santé ont la même vocation : mesurer les «données» corporelles de l’utilisateur avant de les enregistrer sur son smartphone ou sa tablette tactile, lui assurant un suivi régulier.

Et tout y passe : poids, masse graisseuse, nombre de pas parcourus dans la journée, nombre de calories brûlées, temps de sommeil, pression artérielle, humeur, qualité de l’air ambiant…

L’adepte de la santé connectée se jauge ainsi au quotidien, se fixe des objectifs pour améliorer son physique.

Certains bracelets de mesures n’hésitent pas à jouer les coachs sportifs : une vibration rappelle à son propriétaire qu’il n’a pas assez marché au cours de la journée écoulée.

 

En mode «survivor»

Ergonomiques, esthétiques, ces outils du «quantified self» traduisent un besoin profond : celui de se prendre en main. «Il y a aujourd’hui chez les gens une volonté d’anticiper, de s’auto-médicaliser, de se surveiller au quotidien», décrypte le chasseur de tendances Vincent Grégoire, de l’agence Nelly Rodi.

Et de faire face aux coups de mou liés à la crise : «L’idée est d’être en mode “survivor”, d’être un baroudeur prêt à affronter les éléments.» Avec un message jouant la carte du positif.

«On est dans un concept de performance et de santé ludique, fait de récompenses et de jeux virtuels, reprend Vincent Grégoire. Tout le contraire de ce que l’on avait avant, la culture de la peur, la culpabilisation

Eric, un trentenaire qui s’est essayé au bracelet Fitbit Flex en témoigne. «C’est amusant de découvrir la distance que l’on a parcourue chaque jour sans le savoir, dans les transports, au bureau ou chez soi.»

L’appareil lui a aussi donné une «vision globale de son sommeil sur plusieurs jours, histoire de savoir s’il fallait lever le pied sur les sorties la semaine suivante».

 

Un label pour la m-santé ?

Disponibles sur Internet et présents en magasin, ces appareils sont le prolongement des applications déjà disponibles sur smartphones et tablettes. On en compte des milliers, selon le docteur Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’ordre des médecins.

Une profession qui reste sur ses gardes. Elle demande la mise en place d’une évaluation et d’une labellisation des applications et objets de m-santé, ainsi qu’un agrément des plateformes hébergeant les données de santé récoltées.

«La santé n’est pas un bien marchand», note le médecin. Et ce dernier de faire remarquer que la technologie ne pourra remplacer la relation entre un docteur et son patient, car «contact et confiance ont aussi des vertus thérapeutiques». 

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