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Mondial : le "coeur à 1000" à l'école de samba Mangueira

Des supporteurs brésiliens unis pendant leur hymne avant le match Brésil-Chili, dans l'école de samba Mangueira à Rio, le 28 juin 2014 [Yasuyoshi Chiba / AFP] Des supporteurs brésiliens unis pendant leur hymne avant le match Brésil-Chili, dans l'école de samba Mangueira à Rio, le 28 juin 2014 [Yasuyoshi Chiba / AFP]

Enveloppé dans le drapeau de son école de samba, dans la favela de Mangueira qui surplombe le Maracana de Rio, Rodrigo a les larmes aux yeux après la qualification du Brésil en quarts de finale de "son" Mondial, arrachée aux tirs au but devant le Chili.

D'habitude, on vibre ici au son des tambours. Mais aujourd'hui, c'est le coeur qui a tambouriné en accéléré. Comme la plupart des 200 millions de Brésiliens, il a eu les nerfs à vif et a souffert pendant plus de 120 minutes. Maintenant il exulte.

"C'est le drapeau de mon école de samba", dit-il en embrassant la bannière vert et rose de Mangueira, la plus traditionnelle des écoles de samba de Rio fondée en 1928, une des grandes championnes du carnaval de Rio.

"Cela a été très dur, mais finalement, la victoire a encore plus de goût, l'émotion est plus forte. A un moment, j'ai pensé qu'on allait perdre, mais c'est le Brésil et on a le meilleur gardien de but du monde. Il a été formé à Flamengo!", déclare ce métis de 33 ans qui arbore la même coiffure blonde que Daniel Alves.

"Maintenant, ce n'est pas encore le moment de penser au quart de finale. C'est l'heure de la fête!", lance-t-il.

Le siège de l'école de samba, au pied de la favela où ont lieu les répétitions des défilés de carnaval, a été aménagé pour que les habitants, tous avec le maillot jaune du Brésil, puissent voir le match sur un grand écran.

 

- 'Plus qu'à prier' -

 

De jeunes supporteurs brésiliens pendant le match Brésil-Chili, le 28 juin 2014 à l'école de samba Mangueira à Rio  [Yasuyoshi Chiba  / AFP]
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De jeunes supporteurs brésiliens pendant le match Brésil-Chili, le 28 juin 2014 à l'école de samba Mangueira à Rio

Le suspense aura duré deux heures et demie avec prolongation et tirs au but. Certains supporteurs trop nerveux n'osaient même plus regarder l'écran.

"J'ai le coeur à mille à l'heure, mais maintenant, il ne nous reste qu'à prier; avec les tirs aux but, c'est la loterie", déclare Mario Cesar juste avant la séance fatidique. La tension est à son comble, le silence total.

Et au dernier tir chilien qui frappe le poteau sans rentrer dans le but, c'est l'explosion. Les gens crient, sautent lèvent les bras, s'étreignent les uns les autres, pleurent de joie et de soulagement.

C'est le moment de fraterniser dans cette favela, reprise aux trafiquants le 19 juin 2011 sans échange de coup de feu par 100 fusiliers marins et 160 policiers du redouté Bataillon d'opérations spéciales (Bope) dans leur uniforme noir avec insigne à tête de mort.

"Je suis très heureuse maintenant!. On est passé en quart de finale, j'ai adoré! Vive le Brésil", hurle Patricia, tout sourire en dansant avec ses amies.

"J'ai eu très peur. J'avais le coeur serré. Maintenant, je suis super contente", ajoute-t-elle.

"C'est le gardien qui nous a sauvés, mais j'y croyais, je savais qu'on allait gagner", déclare Roberto, 34 ans, avant de compléter: "Mais j'ai eu très peur. Le jeu était bloqué, sans milieu de terrain, et tout reposait sur Neymar. Les joueurs étaient mous".

A l'extérieur de l'école de samba, des policiers qui font la surveillance du quartier restent à distance. Les relations entre policiers et habitants n'ont pas toujours été faciles, car les seconds étaient pris sous les feux croisés des trafiquants et de la police, souvent violente et corrompue.

 

- 'Allez les Bleus' -

 

Depuis la "pacification" de la favela, la situation est plus tranquille. Une unité de police pacificatrice (UPP) a été installée avec une police de proximité. Cette pacification a créé un périmètre de sécurité autour du Maracana pour le Mondial 2014 et les jeux Olympiques de 2016. Près d'un million de personnes vivent dans la région.

Au total, 38 UPP ont été installées dans plus de cent favelas.

Dan, un Français "de Paris", comme il s'identifie, est venu avec ses deux gamins Noah et Nathan (11 et 13 ans) voir le match à l'école de samba de Mangueira. Ils sont les seuls étrangers.

"J'étais déjà venu pour le carnaval et j'ai vu que c'était le coeur du Brésil qui battait à Mangueira. J'ai décidé de revenir avec les enfants qui sont fous de foot", dit-il.

"Quelle tension! Les enfants hurlaient, ils sont devenus Brésiliens", dit ce Français qui se rendra à Brasilia assister lundi aux 8e de finale de la France contre le Nigeria.

"Maintenant, c'est Allez les Bleus!", lance-t-il.

 

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