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Le nouvel horizon des Bleus, par Pierre Ménès

Pierre Ménès, chroniqueur de Direct Matin.[MERIADECK POUR DIRECT MATIN]

 "Si tu vas à Rio, n’oublie pas ton petit cerveau." Ok, c’est pour la rime. Quand j’écris cerveau, je veux surtout dire mémoire. Un accessoire finalement capital dans le renversement, puis la réussite d’une équipe.

 

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Cette mémoire immédiate, qui a permis à la France de corriger son attitude désolante à Kiev pour la transformer en détermination, en colère et en un engagement digne d’un barrage qualificatif pour la plus sexy des Coupes du monde de l’histoire.

Evidemment, on retient toujours plus la fin du film que le début. Et même si la première partie était un navet, on l’oublie volontiers quand la deuxième prend du souffle et qu’elle se termine avec un merveilleux happy-end. Tout le monde a déjà oublié Kiev. Et c’est un tort. Tout le monde bénit ce match retour. Et c’est une évidence.

 

Amnésie collective

Renverser un 0-2 est une tâche bien compliquée dans le football moderne. Les Bleus y sont parvenus avec tous les ingrédients nécessaires pour remporter une rencontre de cette importance. Alors oui, la France est au Brésil, Deschamps est formidable, et on a vécu une soirée mémorable au Stade de France pour la première fois depuis la finale de 1998.

Et là, nous venons d’assister à une sorte de phénoménal retournement de veste. Depuis Kiev, la France, dans son écrasante majorité, rigolait dans le meilleur des cas, ou vomissait dans le pire, sur les Bleus et leur comportement désastreux en Ukraine.

Toutes les émissions, les prises de paroles, des chroniqueurs aux auditeurs, étaient d’une sévérité aussi implacable que méritée. Et par la grâce d’une soirée au paradis, tout est oublié, effacé. Une amnésie collective associée à une sorte de chasse aux sorcières, comme s’il était finalement obligatoire de passer ses nerfs sur une corporation.

Au fond, tout cela n’est qu’un affligeant bla-bla malheureusement trop symptomatique de notre société. Mais ce n’est pas si grave. Ce qui compte, c’est que l’équipe de France aille au Brésil et n’entame pas, dès le début de l’année 2014, deux ans et demi de matchs amicaux avant notre Euro 2016.

Sans évidemment présager du tirage au sort, qui pourrait être coton, on attendra de ces Bleus une rage digne de celle du 20 novembre. Parce qu’ils ont enfin montré qu’ils étaient capables d’être motivés, unis et combatifs. J’ai répété avant ce match retour qu’il n’y avait rien de choquant à aimer le maillot de l’équipe de France et d’émettre des doutes sur certains qui ont la chance de le porter. Je le pense toujours aujourd’hui.

Didier Deschamps, qui a encore réussi à se sortir d’un mauvais pas et de terminer, comme toujours, vainqueur à la fin, n’est ni idiot, ni aveugle. Ces choix entre les deux matchs n’étaient pas guidés que par la fraîcheur. Il est d’ailleurs assez savoureux de noter que c’est avec une équipe à priori plus défensive que les Bleus ont renversé la vapeur. Car il ne suffit pas d’empiler des joueurs offensifs sans complémentarité pour gagner.

 

Le cinq de la matrice

Le choix de Yohan Cabaye a été déterminant. Et pourtant, il a évolué dans une position de sentinelle qui n’est pas la sienne. Mais il a joué la bonne partition dans la récupération, mais aussi dans le tempo du milieu. Du coup, Paul Pogba et Blaise Matuidi ont pu évoluer dans leur meilleure position, mélange de harcèlement et de prise de risque. Ce trio du milieu semble avoir beaucoup plus d’avenir qu’un simple coup de génie d’un soir.

On peut en dire autant de cette jeune charnière centrale composée de Raphaël Varane et Mamadou Sakho, d’une complémentarité parfaite avec un technicien relanceur droitier et un guerrier gaucher qui a eu, en plus, le bon goût de mettre deux buts.

Ces cinq joueurs constituent la matrice d’une équipe de France équilibrée, solide. Ils ont également envoyé sur le banc les Eric Abidal et Samir Nasri. Définitivement ? Le problème ne se pose pas encore.

Mais Deschamps a su faire des choix forts pour ce match décisif et sa confiance donnée à des jeunes à des postes clés pourrait provoquer une explosion de motivation chez d’autres. Les Lucas Digne, Adrien Rabiot, Florian Thauvin, Antoine Griezmann ou Rémy Cabella (liste non exhaustive) savent depuis mercredi que la porte du Mondial laisse désormais passer le jour. Il va falloir la forcer.

A coups de pied en plus, c’est leur spécialité. L’équipe de France a retrouvé le sourire. On l’attendait depuis des années. On sait désormais de quoi ils peuvent être capables. On sera encore plus vigilants et exigeants avec eux. Ça tombe bien, c’est pour leur bien.

 

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