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Dopage : qu’est-ce que l’AICAR, le "nouvel EPO" ?

Pour l'instant, l'AICAR reste indétectable lors de contrôles anti-dopage.[PASCAL GUYOT / AFP]

On en entend rarement parler, et pourtant. Après la créatine ou l’EPO, l’AICAR serait la nouvelle « pilule miracle » préférée par ceux qui veulent tricher, dans le cyclisme mais aussi dans d’autres sports. Si l’AICAR, indétectable aujourd’hui, permet d'augmenter les performances de celui qui en prend avec de moindres efforts, ses effets sur la santé sont extrêmement dangereux.

 

Comment brûler les graisses sans perdre de muscles ?  Les sportifs auraient trouvé la solution : l’acadésine, ou AICAR (aminoimidazole carboxamide ribonucleotide), le « nouvel EPO » comme l’appellent certains sites spécialisés. En prendre une pilule permet de décupler les résultats du travail physique et de diminuer la fatigue, tout en renforçant les tissus musculaires. Même si elle est naturellement présente dans le corps, l’AICAR figure sur la liste noire de l’AMA, l’Agence Mondiale antidopage. Si la substance est connue depuis 1956, les spécialistes parlent d’un produit révolutionnaire depuis les Jeux Olympiques de Pékin, en 2008.

En 2007, le professeur Evans étudie les effets de la molécule sur des souris. Les résultats sont sans appel : les rongeurs ayant ingurgité de l’AICAR sont 44% plus endurants que les autres cobayes.  Par ailleurs, la fibre musculaire des souris « dopées » avait été modifiée : les animaux, même en mangeant plus, ne grossissaient pas.

 

Une pilule « cardio-protectrice », mais pas un médicament

Cette « pilule de l’exercice », considérée comme « cardio-protectrice »,  n’est cependant pas considérée comme un médicament, ni un complément alimentaire. Elle n’est pas non plus censée être vendue en France. Pourtant, il est aisé de s’en procurer sur Internet.

En 2012, le docteur colombien Alberto Beltran est arrêté avec dans ses valises plusieurs produits dopants, dont de l’AICAR. Selon l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), la substance serait largement utilisée dans les milieux sportifs.

 

Des risques de tumeurs cérébrales et cardiaques

Une pilule miracle, mais des effets extrêmement dangereux. Dans Libération, le chercheur Patrick Laure expliquait la semaine dernière que l’AICAR non seulement coûte très cher, mais qu’en plus « il fait prendre le risque de conséquences dévastatrices sur la santé » comme « la toxicité cardiaque » ou, plus graves encore, des « tumeurs cérébrales, cardiaques et du foie avec de lourds problèmes hépatiques. » Le spécialiste ajoute : «Les sportifs sont d’autant plus fous de les utiliser qu’ils mélangent souvent plusieurs produits dopants. »

Pour l’instant, aucun test de dépistage probant n’a été mis au point afin de  détecter cette substance. Le docteur Françoise Lasne, directrice du laboratoire des analyses de l’AFLD (Agence française de lutte anti-dopage), expliquait ainsi à Slate : «Face à l’Aicar, nous sommes dans une situation difficile. Il faut savoir que cette molécule est naturellement produite par l’organisme et il s’agit donc de détecter la présence d’une  substance équivalente mais d’origine exogène. »

 

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