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Vendée Globe : le triomphe des sportifs sur les aventuriers

Les skippeurs François Gabart (à droite) et Armel Le Cleac'h aux Sables-d'Olonne le 28 janvier 2013 [Damien Meyer / AFP] Les skippeurs François Gabart (à droite) et Armel Le Cleac'h aux Sables-d'Olonne le 28 janvier 2013 [Damien Meyer / AFP]

La victoire de François Gabart dans le Vendée Globe dimanche aux Sables-d'Olonne, et la deuxième place d'Armel Le Cléac'h, consacrent la domination de sportifs de haut niveau, polyvalents et médiatiques, aux antipodes des premiers "tour-du-mondistes".

Quelle différence entre la circumnavigation de Titouan Lamazou, vainqueur en 109 jours du premier Vendée Globe en 1989, et celle de Gabart (78 jours) près d'un quart de siècle plus tard!

A l'époque, les sollicitations n'étaient pas les mêmes et les skippers ne transmettaient pas d'images des 40e Rugissants. Aujourd'hui, ils sont connectés en permanence avec la terre via le téléphone, internet et les réseaux sociaux.

Contractuellement, rappelle Liliane Fretté, responsable des relations presse de ce 7e Vendée Globe, chacun des vingt skippers à avoir pris le départ le 10 novembre était tenu d'envoyer 2 à 3 vidéos et 7 photos par semaine.

"Evidemment, souligne-t-elle, on n'a jamais obligé un skipper à se mettre en danger en l'appelant au milieu d'une manoeuvre dangereuse".

Un jour sur deux, les skippers participaient en outre aux visioconférences organisées par le PC presse et qui étaient suivies par des milliers de fans.

"C'est comme ça qu'on fait du Vendée Globe ce qu'il est aujourd'hui", souligne-t-elle.

Autres temps, autres moeurs. Les 13 skippers de la première édition composaient "une belle brochette de fous naviguant sur de drôles de machines", reconnaît Lamazou, et la course avait un parfum d'aventure qu'elle a sans doute un peu perdu.

Certains ont tourné la page. Lamazou se consacre maintenant (avec succès) à la peinture et a décroché de la voile de haut niveau. Christophe Auguin, vainqueur de l'édition 1996-1997, est devenu éleveur de bovins en Uruguay et altermondialiste.

"Il est évident qu'il y avait plus d'aventure" à l'époque, confirme Alain Gautier, vainqueur de la deuxième édition du +Vendée+ en 1993 après avoir fini 6e en 1989.

Une question de génération?

Gabart (Macif) comme Le Cléac'h (Banque Populaire) sont entourés par des équipes d'une douzaine de personnes et leurs bateaux avaient déjà parcouru plusieurs milliers de milles avant de prendre le départ le 10 novembre.

Et les deux skippers se ressemblent beaucoup. Non contents de naviguer sur des bateaux très similaires -des plans VPLP-Verdier-, ils ont suivi la même filière de formation, passant de l'Optimist au Figaro. Avant d'aboutir au Pôle Finistère course au large de Port-la-Forêt et, probablement, de naviguer un peu de la même manière, de réagir de la même façon à une situation météo.

Sans doute est-ce aussi une question de génération. Et le discours d'un Kito de Pavant (Groupe Bel), 51 ans, éliminé prématurément dans ce Vendée Globe à la suite d'une collision avec un chalutier au large du Portugal, tendrait à le confirmer.

"Je me suis formé par la force des choses à toutes les techniques utilisées pour la navigation: construction navale, plomberie, électricité, électronique, mécanique, voilerie, navigation astronomique et, plus tard, informatique, hydraulique, etc...", écrit-il dans une biographie attachante intitulée "Le plus grand navigateur de tout l'étang".

"Le Vendée Globe doit continuer à accueillir des aventuriers, estime Gautier. La course doit rester ouverte à ce genre de personnes. Il y a de la place pour tout le monde".

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