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Nikola Karabatic mis en examen et "au chômage"

Le joueur Nikola Karabatic lors de la demi-finale du tournoi de handball masculin des Jeux Olympiques de Pékin, le 22 août 2008 [Saeed Khan / AFP/Archives] Le joueur Nikola Karabatic lors de la demi-finale du tournoi de handball masculin des Jeux Olympiques de Pékin, le 22 août 2008 [Saeed Khan / AFP/Archives]

La star du handball français Nikola Karabatic, évoquant un "cauchemar", a été mis en examen et "mis au chômage" mardi soir à Montpellier, où 13 personnes au total, dont son frère Luka, ont été déférées pour "escroquerie" dans l'affaire des soupçons d'un match truqué.

"C'est un cauchemar pour moi, parce que le handball, c'est ma vie et celle de mon père avant moi", a déclaré aux juges le champion olympique, selon ses propos rapportés par son avocat Me Eric Dupont-Moretti à la sortie du tribunal. Voir la vidéo

"Ces accusations me font très mal. Nous livrer à la presse, nous faire arrêter comme des voyous - Nikola Karabatic pleure - j'ai dédié ma vie au handball depuis que je suis né. Me faire passer pour un tricheur, c'est inadmissible", a-t-il confié.

La remise en liberté des frères Karabatic a été assortie d'une mesure de contrôle judiciaire prévoyant une caution (4.500 euros pour Nikola et 25.000 pour Luka), et une interdiction de rencontrer l'encadrement du club et les autres protagonistes du dossier, à l'exception de leur compagne, ce qui équivaut à une "mise au chômage", a précisé un de leurs avocats, Me Jean-Marc Phung.

"Est-ce que j'ai parié? Non, je n'ai pas parié", a assuré le joueur aux magistrats instructeurs. "Est-ce que ma copine a parié? Oui. Est-ce qu'elle m'a mise au courant? Oui. Pourquoi a-t-elle parié? Ca fait deux ans qu'elle suit l'équipe de Montpellier, elle s'y connaît dans le championnat", a argué le handballeur, selon son avocat.

Me Dupont-Moretti a annoncé son intention de faire appel des conditions du contrôle judiciaire interdisant à ses clients de jouer.

Leurs mises en examen ont ponctué une longue journée de déferrements: la compagne de Luka Karabatic - Jeny Priez, animatrice de la chaîne NRJ 12 - puis celle de Nikola, cinq autres joueurs - Primoz Prost, Dragan Gajic et Issam Tej (MAHB), Samuel Honrubia et Mladen Bojinovic (ex-MAHB, transférés cet été au Paris SG) - et quatre parieurs, dont le patron d'un bar soupçonné d'être le cerveau de l'affaire.

Chute brutale pour l'icône du hand

Au total, treize personnes ont été mises en examen pour "escroquerie par manoeuvre frauduleuse" aux dépens de la Française des Jeux, "en l'espèce en étant en possession d'information selon laquelle des joueurs de l'équipe de handball de Montpellier s'étaient entendus préalablement pour modifier ou altérer le déroulement normal de la rencontre entre Cesson et Montpellier" du 12 mai.

Lundi soir, trois autres joueurs - Mickaël Robin, Vid Kavticnik et Wissem Hmam - avaient été remis en liberté à Nanterre et seront convoqués ultérieurement.

Le kiné de Montpellier est quant à lui ressorti libre avec le statut de témoin assisté.

Dans l'après-midi, Me Dupont-Moretti, avait rappelé que les Karabatic n'étaient "pas sur le terrain" lors du match. "Il faudra m'expliquer comment on fait perdre une partie quand on n'y participe pas et quand on ne joue pas", a déclaré le conseil, pour qui la presse, ne veut "rien entendre", persistant avec les gros titres: "La chute, le cataclysme, la catastrophe, la triche".

Après une année 2012 difficile marquée par un Euro raté, suivi d'une fin de JO mouvementée, la chute est brutale pour le beau gosse Nikola Karabatic, enfant prodige du handball, double champion olympique et du monde en titre à seulement 28 ans.

Devant le palais de justice, où les journalistes se pressaient en nombre mardi, des élèves d'un lycée privé voisin avaient fait le déplacement, brandissant de petites pancartes de soutien aux joueurs et à l'.

Lors d'une conférence de presse aux accents de réquisitoire, le procureur de la République de Montpellier Brice Robin avait affirmé lundi que "de très fortes suspicions" pesaient "sur le non-respect de l'éthique sportive à l'occasion de ce match litigieux".

"Des liens très étroits ont été tissés entre les joueurs et leurs parieurs. Pour ceux qui doutaient d'un pacte, il y a matière à se poser des questions très légitimes", avait-il souligné.

Selon les avocats des joueurs, qui ont nié toute tricherie, ceux-ci ont parié, bien qu'ils en aient l'interdiction, mais n'ont pas truqué le match.

Le sélectionneur de l'équipe de France, Claude Onesta, a réclamé, dans un entretien à l'AFP, des sanctions "suffisamment conséquentes pour que chacun prenne bien les mesure des dangers", tout en s'indignant face au "reality show" proposé, selon lui, par la police et les médias.

Ecoutes téléphoniques

Selon une source proche du dossier, des écoutes téléphoniques auraient permis aux enquêteurs d'entendre les joueurs soupçonnés expliquer qu'ils avaient décidé de gagner de l'argent le 12 mai car ils étaient certains que leur équipe perdrait la rencontre, sans conséquence pour leur club, déjà assuré d'être champion.

Selon RTL, d'autres écoutes ont révélé la panique qui s'est emparée des joueurs et de leurs proches une fois que le pot-aux-roses avait été dévoilé.

Les paris incriminés se sont élevés à 87.880 euros et ont rapporté 252.880 euros. Des montants 40 fois supérieurs à l'ordinaire et portant "à 99,94%" sur un score défavorable à Montpellier à la pause, selon le procureur, ce qui avait alerté la Française des Jeux.

Ces paris avaient été pris dans seulement trois endroits (Montpellier, Rennes, région parisienne) et réalisés par tranches de 100 euros en liquide, ce qui permet au parieur de rester anonyme pour percevoir ses gains.

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