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Première participation de femmes saoudiennes à des Jeux

Photo d'illustration[FABRICE COFFRINI / AFP]

La participation de deux Saoudiennes aux Jeux Olympiques de Londres met fin à un tabou érigé par l'établissement religieux rigoriste même si elle n'ouvre pas de véritable brèche pour la pratique du sport féminin dans l'ultraconservatrice Arabie saoudite.

L'annonce de la présence aux JO de Londres (27 juillet-12 août), pour la première fois, de deux Saoudiennes, une judokate et une spécialiste du 800 m en athlétisme, est venue jeudi du Comité international olympique (CIO).

Les instances sportives saoudiennes se sont retenues jusqu'ici de faire de la publicité autour de la participation des femmes à ce rendez-vous sportif mondial de crainte, sans doute, de heurter les conservateurs, religieux ou autres, farouchement opposés à une telle initiative.

"Le CIO est heureux d'annoncer qu'il a reçu la confirmation du Comité olympique d'Arabie Saoudite que deux femmes participeront pour l'Arabie Saoudite aux jeux Olympiques de Londres cet été", a indiqué le CIO dans un communiqué.

Ces deux athlètes sont la judokate Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani (+78 kg) et Sarah Attar, qui courra le 800 m.

"C'est une nouvelle très positive et nous serons ravis d'accueillir ces deux athlètes à Londres dans quelques semaines", a déclaré le président du CIO, Jacques Rogge, cité dans le communiqué.

Il a estimé que le dialogue avec le Comité olympique saoudien avait fini par porter ses fruits. "Avec ces athlètes saoudiennes qui rejoignent leurs consoeurs du Qatar et de Brunei, à Londres, tous les Comités olympiques nationaux auront ainsi envoyé des femmes aux jeux Olympiques", a souligné M. Rogge.

Long suspense

Le suspense a été long sur la participation de Saoudiennes aux Jeux Olympiques. D'abord, la candidate toute désignée, la cavalière Dalma Rushdi Malhas, n'a pas réussi à se qualifier pour Londres.

Ensuite, le patron du sport saoudien, le prince Nawaf ben Fayçal, avait exigé début juillet le port d'une tenue islamique, la présence d'un parent proche et la non-mixité pour que puisse être acceptée la participation de toute Saoudienne aux Jeux de Londres.

Ces conditions laissaient craindre une réaction négative des organisateurs rendant difficile d'aligner des Saoudiennes aux jeux Olympiques.

D'ailleurs, les conditions de participation des deux athlètes saoudiennes aux JO de Londres n'ont pas été précisées par le CIO.

La question de la tenue de ces athlètes a de quoi heurter dans un pays qui interdit la mixité, n'autorise pas les femmes à conduire comme il n'autorise pas la pratique en public du sport féminin.

Même la retransmission des tournois de tennis, de meetings sportifs et de toute autre compétition féminine n'est pas autorisée sur les télévisions publiques saoudiennes même si tout le monde peut les suivre sur les chaînes satellitaires largement regardées dans le royaume.

En plein débat sur la participation de Saoudiennes aux JO, Human Rights Watch avait rappelé le 25 juin que le sport était toujours interdit à des millions de femmes en Arabie saoudite.

"C'est un pas en avant important, mais il n'aborde pas les obstacles fondamentaux qui empêchent les femmes de participer aux sports dans le royaume", où les compétitions sportives publiques pour femmes sont interdites, avait souligné l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York.

Nette évolution dans les autres pays du Golfe

Contrairement à l'Arabie saoudite, la pratique du sport féminin est plus ou moins encouragée dans les autres monarchies du Golfe qui vont aligner au total 18 athlètes femmes à Londres.

Le Comité olympique du Qatar (COQ) a même annoncé mercredi qu'une championne de tir avait été désignée pour porter le drapeau de son pays lors de la cérémonie d'ouverture des JO, le 27 juillet.

Le Qatar a de grandes ambitions sportives. Après avoir obtenu le Mondial-2022 de football, ce petit pays riche en pétrole rêve d'acueillir les JO, pourquoi pas en 2024.

Signe de cette évolution, la plupart des six monarchies du Golfe ont applaudi le 5 juillet la décision de la Fifa d'autoriser le port du voile par les joueuses de football, perçue comme un signe d'encouragement aux sportives musulmanes.

Mais les responsables de la fédération saoudienne de football et du comité national olympique se sont refusés à tout commentaire sur la décision de la Fifa.

Avant les pays du Golfe, l'Iran était à l'avant-garde de la bataille pour l'autorisation du voile islamique. Le pays avait même porté plainte contre la Fifa après avoir été empêché en juin 2011 de disputer un match de qualification aux JO-2012 contre la Jordanie, en raison de l'interdiction du voile islamique.

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