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Theodor Gebre Selassie, victime du racisme ordinaire

Premier joueur noir à évoluer sous le maillot de la République tchèque, Theodor Gebre Selassie (à gauche) doit souvent subir des insultes racistes des supporters dans... son propre pays.[AFP]

Victime d’insultes racistes lors du match face à la Russie (1-4), vendredi dernier, le latéral droit, premier joueur noir à évoluer sous le maillot de la sélection tchèque, a avoué avoir « déjà connu bien pire ». Il faut dire que le garçon doit parfois subir la bêtise raciste… dans la bouche des supporters de son propre pays.

Son nom évoquera beaucoup de choses aux amoureux de la culture africaine. Theodor Gebre Selassie. Le même patronyme que celui du mythique Haïlé, dernier empereur d’Ethiopie et figure marquante du continent. Ou que celui d’un autre Haile, Gebreselassie, légende vivante éthiopienne de la course à pied. Bref, vous l’aurez compris, le footballeur a un lien direct avec l’Ethiopie, pays de son père, médecin de profession, venu exercer dans la Tchécoslavaquie communiste à la fin des années 70 et qui s'est marié avec une enseignante tchèque. De cette union est né Theodor, qui a vu le jour le 24 décembre 1986, à Trebic, une ville aujourd'hui située en République Tchèque. Et c'est donc dans l'équipe nationale de football de son pays natal qu'évolue depuis l'année dernière le jeune homme.

Sa particularité ? Il est le premier joueur noir à revêtir le maillot de la sélection nationale. Pas facile tous les jours dans un pays où, comme souvent à l’Est, une partie de la population continue à cultiver un racisme ordinaire. Pour son entrée dans cet Euro 2012, vendredi soir face à la Russie (défaite 1-4), Theodor a ainsi vu une frange des supporters racistes l’invectiver à coups de cris de singe. En toute logique, on aurait pu alors le croire très remonté. Mais sa réaction restera mesurée. « J’ai remarqué ça, a confirmé Gebre Selassie. Mais je suis prêt à mettre cela derrière moi, je n’ai pas besoin de porter plainte. Cela n’avait rien d’exceptionnel. J’ai connu bien pire ! » Il faut dire qu’il en a déjà vu de belles, le joueur du Slovan Liberec. A 25 ans, le latéral vit souvent de tels incidents sur les pelouses de son… propre pays. Les ultras du Sparta Prague – il a joué pour son rival, le Slavia – ne manquent jamais une occasion de tenter de le déstabiliser. Ceux de la plupart des équipes qu’il croise en championnat également.

Mais il arrive aussi à Theodor de vivre la bêtise raciste de la part de certains supporters de l’équipe nationale, à domicile, lorsqu’il porte le maillot de la sélection ! Ou comment se sentir étranger chez soi… « On me jette des bananes parfois, mais je ne suis allé en Ethiopie qu’une fois, et encore, j’avais deux ans, explique l’intéressé. Je ne comprends pas tellement pourquoi le fait que je joue pour la République tchèque fait autant parler les gens. Je veux dire : personne n’a remarqué que l’homme qui dirige le pays le plus puissant du monde est noir lui aussi ? » Remarque pleine de bon sens. Tout l’inverse de ce qui descend parfois des tribunes quand Theodor Gebre Selassie tente juste de faire son métier. « Je suis fier de mes origines, de ma couleur et de l’histoire de mes parents, lance le joueur tchèque. Les laisser me déstabiliser ou me faire sortir de mon match à cause de ces insultes, c’est leur donner du crédit. Je tente toujours de rester plus fort que ça. » Ce qu'il tentera à nouveau de faire ce soir lors du second de poule qui oposera la République Tchèque à la Grèce, à 18 heures à Wroclaw. 

 

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