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Bayrou renonce à être candidat et propose une alliance à Macron

Les deux hommes doivent se rencontrer dans les prochaines heures. [JOEL SAGET / AFP]

François Bayrou a mis un terme au suspense en formulant mercredi 22 février une «offre d'alliance» à Emmanuel Macron, renonçant à présenter sa propre candidature à une élection présidentielle de plus en plus inédite.

Cette annonce clôt une séquence de plusieurs mois au cours de laquelle le président du MoDem entretenait le flou sur ses intentions, après avoir dans un premier temps apporté son soutien à Alain Juppé, finalement battu par François Fillon dans la primaire de la droite. «J'ai décidé de faire à Emmanuel Macron une offre d'alliance», a déclaré François Bayrou lors d'une déclaration à la presse au siège de son parti, à Paris.

Plusieurs conditions

Celui qui était crédité d'environ 5% dans les sondages renonce ainsi à une quatrième candidature d'affilée, après celles de 2002, 2007 et 2012. «Si nous y parvenons, nous pouvons faire de grandes choses ensemble», a estimé le maire de Pau qui a émis plusieurs conditions à cette «offre d'alliance» adressée au leader du mouvement En Marche !, principalement la promesse d'une loi de «moralisation de la vie publique». Il a toutefois récusé toute idée de «ralliement» ou de «ticket» avec Emmanuel Macron.

Ministre et soutien d'Edouard Balladur en 1995, ministre de Jacques Chirac en 1995, candidat d'un centre indépendant en 2002 (6,8%), 2007 (18,6%) et 2012 (9,1%), M. Bayrou (65 ans) s'éloigne une nouvelle fois de la droite française en soutenant un adversaire de François Fillon, après avoir voté pour François Hollande contre Nicolas Sarkozy en 2012.

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Mais pour le maire de Pau, «jamais dans les cinquante dernières années la démocratie en France n'a été dans une situation aussi décomposée» et la France encourt «le pire des risques de flambée de l'extrême droite, qui fait planer la menace d'un danger majeur et immédiat pour notre pays et pour l'Europe».

A gauche, a-t-il développé, «le bilan du gouvernement sortant est tel aux yeux des Français que les primaires de la gauche ont choisi un candidat opposant déterminé à la politique suivie depuis le début du quinquennat». A droite, «le dévoiement des affaires révèle non seulement l'existence de privilèges et de dérives mais ce qui est plus choquant encore, l'acceptation tacite et presque unanime de ces abus», a asséné François Bayrou, impitoyable envers François Fillon depuis sa désignation, tant sur son programme «hyperlibéral» que sur les emplois présumés fictifs de son épouse comme collaboratrice parlementaire.

Danger que représente le FN

«S'il ne tenait qu'à moi, bien sûr, j'irais, à la seconde. Mais le danger que représente Marine Le Pen, qui peut réellement gagner cette élection, me pose un cas de conscience», confiait récemment François Bayrou en petit comité.

Ces dernières semaines, le président du MoDem avait nettement adouci son discours sur Emmanuel Macron, qu'il dépeignait en septembre comme «le candidat des forces de l'argent». Après un dîner en juillet, les deux hommes se sont vus en milieu de semaine dernière et devraient se revoir «dans les prochaines heures», selon François Bayrou.

Bon nombre de ses troupes étaient déjà passées dans le camp Macron. «S'il y va, ce serait absurde car tout ce dont il avait rêvé et justifiait sa candidature en 2007 et 2012, aujourd'hui, Emmanuel Macron est en position de le réaliser», affirmait cette semaine à l'AFP un de ces centristes convertis à En Marche! Alors que beaucoup s'interrogent sur la jeunesse d'Emmanuel Macron et son passé de banquier chez Rothschild, «Bayrou peut lui apporter son expérience et sa caution d'honnête homme», note un proche.

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Dans son récent livre Résolution française, qui rappelle, à la lettre près, le «Révolution» de M. Macron, le maire de Pau tient un discours qui fait écho au credo transpartisan de l'ex-ministre de l'Économie : «Gauche et droite sont des ensembles sinon vides, du moins largement épuisés», dit-il en plaidant pour l'avènement d'«un homme libéré de la dépendance des appareils». Premier bémol, cependant, adressé à l'ancien ministre de François Hollande : François Bayrou a fait part de son «incompréhension» après les déclarations d'Emmanuel Macron, qualifiant à Alger la colonisation française de «crime contre l'Humanité».

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