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François Hollande à la manoeuvre

François Hollande, lors de la conférence de presse du 7 septembre 2015. [ALAIN JOCARD / AFP]

Dans un style plus grave et solennel qu’à son habitude, devant une salle des fêtes de l’Elysée moins remplie, le chef de l’Etat a fait le point sur les dossiers en cours sans faire de véritables annonces, lors de sa sixième conférence de presse semestrielle, lundi 7 septembre. 

 

Il veut montrer qu’il est aux commandes. "Je dois faire avancer le pays, (…) je veux que la France réussisse", a-t-il déclaré devant la presse française et internationale, s’affirmant, à vingt mois de la prochaine élection présidentielle, en "chef de l’Etat".

Dans un discours ramassé d’une petite vingtaine de minutes, François Hollande s’est surtout épanché sur le chapitre international, se contentant de promouvoir sa politique et ses futurs effets sur le front de l’emploi et de la croissance économique.  

 

Un total de 24 000 réfugiés accueillis en France

"En cette rentrée, il y a des images, il y a des évènements, il y a des situations qui frappent à la porte de nos consciences", a d’emblée déclaré le président de la République, donnant le ton de son allocution et faisant une référence directe à la photo d’Aylan, "l’enfant martyr", le Syrien retrouvé mort sur une plage turque alors qu’il fuyait son pays avec sa famille. "Face à ce qui peut faire naître de l'émotion, de la compassion mais aussi de l'inquiétude, il nous revient et il me revient de répondre à l'urgence et surtout de faire des choix, ceux qui compteront le moment venu pour le jugement de l'histoire", a-t-il poursuivi, prenant la pleine mesure de sa responsabilité.

Parmi les 120 000 réfugiés que la Commission européenne souhaite répartir parmi les pays membres de l’Union européenne, la France va accueillir "sa part", soit 24 000 personnes, a annoncé le locataire de l’Elysée. La France va également proposer d'organiser une conférence internationale sur le sort des réfugiés et déplacés dans le monde, à Paris.

Un débat sur le sort des réfugiés sera à l’ordre du jour "dans les jours qui viennent" au Parlement et que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, accueillera les maires pour une réunion, samedi. En refusant de parler de "quotas", au contraire de la chancelière allemande Angela Merkel, François Hollande veut promouvoir un "mécanisme permanent et obligatoire d'accueil des réfugiés pour répartir l'effort" et mettre en place des contrôles aux frontières en Italie et en Grèce avec des centres d’enregistrement "pour distinguer ceux qui relèvent du droit d'asile et ceux qui doivent être reconduits dans des conditions dignes".

Il a enfin annoncé qu’il était disposé à accueillir "plusieurs centaines voire milliers" d’immigrés arrivés d’Allemagne et de Hongrie et qu’il se rendrait "avant la fin du mois" au Liban pour visiter un camp de réfugiés.

 

Des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie

Il est revenu sur l’attaque du Thalys dans les premiers mots de son discours. Le président socialiste a confirmé ce qui fuitait dans la presse sur l’éventualité de frappes aériennes contre le groupe islamiste en Syrie : des "vols de reconnaissance" seront déployés dès mardi.

Pour répondre à ceux qui le somment, notamment parmi Les Républicains, d’intervenir au sol, François Hollande a rétorqué: "Il serait inconséquent et irréaliste, parce que nous serions les seuls, parce que ce serait transformer une opération en force d’occupation", a-t-il tranché.

Alors que les violences ont fait plus de 200 000 victimes depuis 2011, le chef de l’Etat français a estimé que l’issue du conflit en Syrie devait être "politique", notamment en concertation avec la Russie et l’Iran. "A terme, Bachar El-Assad doit partir", a-t-il déclaré. "Nous souhaitons savoir où sont les centres d’entraînement et de décision de Daesh", a indiqué le chef des armées.

 

Une possible levée des sanctions contre la Russie

Interrogé sur le dossier ukrainien, qui s’est effacé de l’actualité au profit de la Grèce puis des réfugiés, François Hollande a indiqué qu’il convoquerait à Paris une réunion "au format Normandie" (France, Allemagne, Russie, Ukraine), avant l’assemblée générale des Nations Unies. Si les engagements pris par la Russie ont été honorés, le chef de l’Etat français plaidera alors pour une levée des sanctions économiques qui frappent le pays.

 

Une baisse de 2 milliards d’euros de baisses d’impôts sur le revenu pour 8 millions de foyers

Comme attendu, le président de la République a confirmé qu’il poursuivrait la baisse d’impôts, qui concerne déjà 9,45 millions de foyers. En 2016, à hauteur de 2 milliards d’euros, 8 millions de foyers seront concernés par une baisse des impôts sur le revenu, entièrement financée par des économies.

 

Une croissance insuffisante, projet de loi sur la réglementation du travail

Le chef de l’Etat table sur une croissance d’ "un peu plus de 1%" pour 2015, et de 1,5% pour 2016. Il a fait savoir que ces prévisions seraient insuffisantes pour faire baisser le chômage dès cette année.

Alors que le rapport Combrexelle sur le code du travail sera remis mercredi au premier ministre, François Hollande a annoncé qu’une loi sur le droit du travail serait présentée au Parlement, en concertation avec les partenaires sociaux. Il a par la même occasion fermé le débat sur une remise en cause des 35 heures, remis sur la table par le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, fin août. "La durée légale de travail ne changera pas", a-t-il opposé, tout en reconnaissant que des négociations au cas par cas dans les entreprises étaient possibles et déjà engagées, dans le respect de la loi.

 

Un appel à la mobilisation pour la COP21

La conférence internationale sur le climat, qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris, pourrait être un marqueur important de son quinquennat, alors que les écologistes boudent toujours le gouvernement.

François Hollande a remis la pression pour qu’un accord puisse aboutir, en appelant au "sursaut". "Il faut un préaccord sur la question du financement pour que les chefs d'Etat arrivent à Paris en ayant la certitude que l'on va pouvoir conclure", a-til plaidé, annonçant qu’il se rendrait notamment à Pékin en novembre dans ce cadre. "Il y a des risques d’échecs", a-t-il reconnu, déclarant que l’accord contraignant était encore loin.

 

2017, un non-sujet

Interrogé à plusieurs reprises, comme à chaque conférence de presse, sur ses velléités de candidature en 2017, le chef de l’Etat a pris soin de botter en touche, ironisant sur l’obstination des journalistes. "Aujourd’hui ce n’est pas ma préoccupation, pas ma priorité-", a-t-il assuré. "Ce n’est pas une obsession."

Le chef de l’exécutif conditionne toujours sa candidature à une baisse du chômage, sur une durée "significative". "C’est presque une évidence morale", a-t-il fait part.

 

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