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Emmanuel Macron un an après : une loi et de nouvelles ambitions

Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron à la sortie du Conseil des ministres le 26 août 2015 à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives] Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron à la sortie du Conseil des ministres le 26 août 2015 à Paris [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

"Atypique" et "clivant": un an après son arrivée au ministère de l'Economie, Emmanuel Macron s'est imposé comme un homme-clé du gouvernement, malgré ses prises de position iconoclastes et les réticences qu'il suscite à gauche.

 

"Il faut être conflictuel", affirmait en début d'année l'ancien banquier d'affaires de Rothschild, promu ministre à 36 ans seulement, au quotidien américain Wall Street Journal. "Conflictuel", ce social-libéral aux allures de gendre idéal l'aura été plus que tout autre avec sa loi "pour l'activité, la croissance et l'égalité des chances économiques", promulguée le 7 août après huit mois de bras de fer politique.

Extension du travail le dimanche, libéralisation du transport en autocars, réforme des prud'hommes... Le texte, qui regroupe pas moins de 300 articles, n'a pu être adopté qu'à la faveur d'un triple recours au 49-3, qui permet de valider un texte sans le faire voter.

Ce coup de force, assumé par le gouvernement au nom de l'"efficacité" politique, a amplifié l'image clivante du jeune ministre, qui espérait faire passer "sa" loi par sa seule force de conviction. Sans mettre un terme aux ambitions de ce passionné de philosophie politique, ni au crédit dont il bénéficie au sein de l'exécutif.

Le ministe de l'Economie  Emmanuel Macron le 28 juillet 2015 à Bercy à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]
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Le ministe de l'Economie Emmanuel Macron le 28 juillet 2015 à Bercy à Paris
 

 

Fin juillet, cet acharné de travail, qui a assisté à la quasi totalité des 500 heures de débat parlementaire sur sa loi, s'est vu confier l'élaboration d'un nouveau texte sur la croissance, axé sur le numérique. Et depuis quelques jours, son nom circule pour reprendre le portefeuille du ministre du Travail François Rebsamen, démissionnaire.

Pour ce poste, il faut "un homme qui connaît l'entreprise, qui connaît et assume l'économie de marché", quelqu'un de "jeune et courageux", a souligné mercredi le patron du Medef Pierre Gattaz, semblant dresser en creux le portrait de M. Macron.

Le président de la principale organisation patronale, qui recevra vendredi le ministre à son université d'été, ne tarit pas d'éloges sur le locataire de Bercy, jugé "compétent" par une majorité de Français dans un récent sondage Ifop.

M. Macron pourrait-il prendre les rênes d'un ministère élargi? "Il fait déjà beaucoup de choses, ne le surchargeons pas", a ironisé mercredi Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS. Agacé comme d'autres au PS par l'omniprésence du ministre.

 

"Eté indien"

La nomination fin août 2014 dans le gouvernement Valls III de cet ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, jamais élu, avait déjà fait grincer des dents dans son camp. Ses prises de position au cours de sa première année à Bercy n'ont rien fait pour changer la donne.

Emmanuel Macron, le 18 juin 2015 à l'Assemblée nationale, à Paris [BERTRAND GUAY / AFP/Archives]
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Emmanuel Macron, le 18 juin 2015 à l'Assemblée nationale, à Paris
 

 

A peine nommé, le ministre a contrarié le "peuple de gauche" en se disant favorable -- dans une interview accordée certes quelques jours plus tôt -- à des dérogations aux 35 heures en cas d'accords avec les organisations syndicales.

Quelques semaines plus tard, le ministre a de nouveau heurté en estimant que "beaucoup" d'ouvrières réduites au chômage par la fermeture des abattoirs bretons Gad étaient "illettrées". Avant une nouvelle saillie début juillet, à propos de la montée du Front national, comparé à la gauche radicale grecque Syriza.

De quoi faire bondir l'extrême-gauche -- à l'image de Jean-Luc Mélenchon, qui a assuré n'avoir que "du mépris" et "du dégoût" pour l'énarque de 37 ans -- mais aussi l'aile gauche du parti socialiste, qui en a fait sa bête noire.

Signe d'un divorce croissant ? Emmanuel Macron, marié avec son ancienne professeure de lycée, de vingt ans son aînée, ne se rendra pas cette année encore à l'université d'été de La Rochelle, où il n'a pas été invité.

Face aux critiques, le ministre, à l'aise dans l'arène politique comme face aux médias -- y compris quand un journaliste lui demande de chanter l'"Eté indien" -- assure pourtant vouloir tenir le cap. "Je pense que l'action politique ne peut pas se construire dans une vérité unique ni dans une espèce de relativisme absolu", confiait début juillet cet ancien assistant du philosophe Paul Ricoeur.

Quitte à entrer en conflit avec son camp ? "Il y aurait conflit, si les partis avaient une idéologie". Mais ils "ne vivent plus sur une base idéologique. Ils vivent sur une base d'appartenance et sur la rémanence rétinienne de quelques idées", ajoutait-il. Au risque de heurter encore plus ses détracteurs.

 

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