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Vers une union à la gauche de la gauche ?

Cécile Duflot [Thomas Samson / AFP]

Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot et Pierre Laurent. Les trois leaders politiques, unis par leur refus de l'austérité et le rejet de la politique sociale-libérale du PS, rêvent de former une gauche alternative.

 

L’image est inédite et pour le moins surprenante. Jean-Luc Mélenchon, ancien coprésident du Parti de gauche, Cécile Duflot, député écologiste, et Pierre Laurent, à la tête du Parti communiste, ont tenu un meeting commun, lundi soir, dans le 11e arrondissement de Paris.

Officiellement, ils étaient là pour affirmer leur soutien à Syriza, la coalition de gauche radicale grec emmenée par Alexis Tsipras, favorite des sondages pour les élections législatives anticipées de dimanche prochain.

Mais au-delà de l’avenir du peuple grec, c’est bien leur propre destin que les trois personnalités politiques ont commencé à tracer. En mettant soigneusement en scène leur entente, avec force messes basses et éclats de rire, tous trois ont tenté d'esquisser la possibilité d'une union de la gauche de la gauche française.

 

Des candidatures communes aux départementales

Cette alliance, "nous travaillons à la construire", a d'ailleurs confirmé mercredi Jean-Luc Mélenchon au micro de BFMTV. Le même jour, Cécile Duflot confirmait sur France Inter que les prochaines élections départementales verraient émerger "beaucoup de candidatures communes" entre le Front de gauche et EELV. Il faut dire que le soutien à Syriza n'est pas le seul point d'entente entre les deux leaders politiques.

Cécile Duflot : "C'est trop simple et trop... par franceinter

Pour une union politique, rien ne vaut en effet de se trouver un ennemi commun. Jean-Luc Mélenchon et Cécile Duflot en ont au moins deux : l'austérité et la loi Macron. Leur opposition à la première ne date pas d'hier.

Alors qu'elle était encore ministre du Logement, Cécile Duflot dénonçait la forte réduction de la dépense publique au niveau européen. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il a de nouveau appelé mercredi à "tourner la page" de l'austérité.

 

La loi Macron dans le viseur

La loi pour la croissance et l'activité, portée par le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, est récemment devenu leur second cheval de bataille. L'ancienne président d'EELV avait ainsi signé le 4 janvier dernier une tribune dans le JDD, dans laquelle elle considérait de son "devoir" de "mettre en échec" ce projet de loi, "catalogue fourre-tout de vieilles idées des années 1980".

Alors que celui-ci était examiné en commission spéciale à l'Assemblée la semaine dernière, elle a bataillé pied à pied avec le patron de Bercy, tant sur le fond du texte que sur la forme des débats. Au point que certains échanges ont été très tendus.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon ne s'est jamais privé de tacler Emmanuel Macron, symbole selon lui du "modèle social-libéral" qui "est une catastrophe". Lundi dernier, il avait ainsi souhaité "un échec humiliant" à la loi pour la croissance, qui "serait alors aussi celui de ce personnage inacceptable pour la gauche qu'est M. Macron".

 

"Pas une coalition"

Ce rapprochement augure-t-il l'émergence d'une alternative à la gauche de la gauche ? L'heure est, pour l'instant, à la prudence. "Ce n'est pas une coalition", a avertit Cécile Duflot lundi soir. Même son de cloche pour Pierre Laurent, qui affirmait qu'il "ne savait pas si cela augurait quelque chose de nouveau dans la gauche française".

Car les obstacles sont nombreux sur la route d'une alliance rouge et verte. Rien ne dit que les deux tendances, qui gardent des idées éloignées sur de nombreux sujets, pourront s'allier durablement, au-delà des élections locales. L'élaboration d'un programme commun pour 2017, qui serait l'aboutissement d'une coalition, est encore très loin.

En outre, Cécile Duflot doit compter avec un parti écologiste frileux à l'idée de se rapprocher du Front de gauche. Le sénateur Jean-Vincent Placé a ainsi déclaré dans les colonnes du Monde que si "les idées [étaient] intéressantes", il n'y avait "pas de débouchés" à une telle union. Et ce n'est pas le député François de Rugy qui le contredira.

Pour l'instant donc, l'essai reste à transformer. Et l'exécutif a préféré balayer l'idée de la naissance d'une gauche alternative. "Il n'y a que la gauche qui gouverne", a martelé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, mardi matin.

 

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