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Jouyet, proche de Hollande et ex-ministre de Sarkozy, dans la tourmente

Jean-Pierre Jouyet et François Fillon, en 2008.[GERARD CERLES / AFP]

Eclaboussé par les révélations de journalistes du Monde, Jean-Pierre Jouyet, ami de longue date de François Hollande et ex-ministre de Nicolas Sarkozy, est contesté à son poste stratégique de secrétaire général de l'Elysée dont il était censé professionnaliser le fonctionnement.

 

Ce haut fonctionnaire de 60 ans appartenant au premier cercle du chef de l'Etat, avait été nommé à ce poste le 16 avril dernier, en remplacement de Pierre-René Lemas, pour ses qualités de "serviteur de l'Etat". Condisciple de François Hollande à l'ENA au sein de la fameuse promotion Voltaire (1980), M. Jouyet a enchaîné les postes au sein d'institutions de premier plan depuis plusieurs années.

En 2012, malgré sa participation à un gouvernement de droite - il fut secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Nicolas Sarkozy dix-huit mois (2007-2008) - il revient en grâce à gauche, dans la foulée de la victoire du candidat socialiste: l'ex inspecteur des finances, diplômé de Sciences-Po Paris, est propulsé à la tête de la Caisse des dépôts (CDC) puis de la Banque publique d'investissement (BPI), promesse de campagne de François Hollande.

Mâchoire carrée, mèche sur le côté, oreilles décollées, cet homme, né le 13 février 1954, est peu connu du grand public. Sont souvent citées parmi ses traits de personnalité son caractère affable et cordial ou encore une certaine "volubilité".

Depuis quelques jours, M. Jouyet est fragilisé par son revirement sur la teneur de ses échanges lors d'un déjeuner en juin avec François Fillon, révélés par des journalistes du Monde.

"Le problème de Jean-Pierre Jouyet, c'est qu'il ne maîtrise pas sa parole", affirme un proche du président.

"C'est bingo à chaque fois qu'on a accès à lui en tant que journaliste", explique à l'AFP Gérard Davet, un des auteurs des révélations du Monde. "Il a gaffé toute sa vie, il dit des choses qu'il ne devrait pas dire, ce n'est pas un politique comme les autres, c'est un haut-fonctionnaire", ajoute le journaliste d'investigation.

M. Jouyet avait par exemple annoncé prématurément en mai 2012 la nomination de Jean-Marc Ayrault comme Premier ministre.

En octobre 2012, alors qu'il allait devenir président de la BPI, il avait déclaré que cette dernière n'avait pas vocation "à aider les canards boiteux" à propos de l'aciérie d'ArcelorMittal à Florange, obligeant le président à rectifier le tir publiquement.

Avant la Caisse des dépôts, M. Jouyet s'était retrouvé aux manettes du gendarme français de la Bourse, l'Autorité des marchés financiers, deux mois après la chute de Lehman Brothers en novembre 2008, en pleine crise financière, une crise contre laquelle il s'est battu, notamment en interdisant un temps certaines techniques spéculatives, comme les ventes à découvert.

A son poste de secrétaire d'Etat aux Affaires européennes de Nicolas Sarkozy, il avait été l'une des chevilles ouvrières de la présidence française de l'Union européenne, au second semestre de 2008, tout en faisant entendre sa différence au sein du gouvernement, en se démarquant par exemple du projet sur les tests ADN dans le cadre du regroupement familial des immigrés.

A ses amis de gauche qui lui reprochaient cette participation au gouvernement Fillon, il avait assuré qu'il ne faisait que mettre une fois de plus sa compétence au service de la cause européenne.

Formé à l'Ecole nationale d'administration (ENA), creuset des élites politiques et administratives françaises, il est apprécié à Paris et à Bruxelles, mais également dans les milieux financiers, pour sa maîtrise des dossiers économiques et européens les plus ardus.

M. Jouyet fut également directeur adjoint du cabinet de l'ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin (1997-2002).

Il a fait partie des "Gracques", un collectif d'anciens collaborateurs des gouvernements socialistes, de tendance social-démocrate, qui furent favorables lors de l'élection présidentielle de 2007 à un accord entre socialistes et centristes.

En 2012, celui dont le nom circulait pour intégrer le gouvernement ou pour un poste dans la haute fonction publique, avait prévenu être "plus, dans l'âme, (...) un haut fonctionnaire".

Père de cinq enfants, il est marié en secondes noces à Brigitte Taittinger, directrice de la stratégie et du développement de l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris et ancienne PDG des Parfums Annick Goutal (1992/2012)

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