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Bygmalion : trois ex-cadres de l'UMP en garde à vue

Site internet de la société de communication Bygmalion et de sa filiale Event et Cie.[Joel Saget / AFP/Archives]

Trois ex-cadres de l'UMP, dont un proche de Nicolas Sarkozy, Eric Cesari, ont été placés en garde à vue jeudi dans l'enquête Bygmalion sur un système de fausses factures lors de la campagne présidentielle de 2012.

 

Eric Cesari, surnommé "l'oeil de Sarko" à l'UMP, l'ex-directrice financière du parti, Fabienne Liadze et son ancien directeur de la communication Pierre Chassat, "ont été interpellés à leurs domiciles ce matin" pour être placés en garde à vue à l'Office anticorruption de la police judiciaire, à Nanterre, a appris l'AFP de source judiciaire.

Leur garde à vue peut durer 48 heures, comme celle des trois anciens dirigeants de Bygmalion, la principale société prestataire des meetings sarkozystes, qui ont été mis en examen mercredi pour faux et usage ou complicité.

Après les cadres de Bygmalion, les enquêteurs et les magistrats vont interroger ceux de l'UMP pour chercher à déterminer comment le système a été mis en place et qui en a donné l'ordre.

Mercredi, devant le juge d'instruction, un cofondateur de Bygmalion, Guy Alvès, a confirmé sa participation à une vaste fraude permettant de maquiller le compte de campagne de Nicolas Sarkozy. "Un dispositif (...) aux termes duquel l'UMP prenait en charge de façon irrégulière des frais de campagne de Nicolas Sarkozy", a déclaré son avocat, Me Patrick Maisonneuve.

Cette manoeuvre devait permettre au budget de la campagne de Nicolas Sarkozy de ne pas exploser le plafond que la loi fixe pour que les candidats soient sur un pied d'égalité, soit 22,5 millions d'euros pour ceux parvenant au second tour.

Pour cela, Event and Cie, filiale événementielle de Bygmalion, avait facturé de nombreuses dépenses à l'UMP et non à la campagne Sarkozy, via des conventions fictives du parti. Selon une évaluation figurant au dossier, pas moins de 18,5 millions d'euros auraient ainsi été éludés du compte de campagne, a indiqué une source proche du dossier.

Fin juin, le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire pour "faux et usage de faux", "abus de confiance" et "tentative d'escroquerie".

 

"J'ai souvent entendu parler de Bygmalion" -

Alors qu'elle s'orientait d'abord vers des soupçons de surfacturations au profit de Bygmalion, l'affaire avait explosé fin mai avec les révélations de l'avocat de la société, Patrick Maisonneuve, puis la confession de Jérôme Lavrilleux. Bras droit du dirigeant du parti, Jean-François Copé, Jérôme Lavrilleux était directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy. Sur le plateau de BFMTV, les larmes aux yeux, il avait reconnu "un dérapage sur le nombre de meetings" et concédé la mise en place d'un système occulte.

A la veille de sa garde à vue, mi-juin, M. Lavrilleux avait mis en cause Eric Cesari et Fabienne Liadze lors d'un entretien à l'AFP. Selon lui, une fois la présidentielle perdue, il fallait trouver une solution "dans une urgence absolue". D'après sa version, la décision de facturer des dépenses à l'UMP et non à la campagne avait été prise au siège du parti, lors d'une réunion entre Eric Cesari, Fabienne Liadze, le directeur de la campagne Guillaume Lambert et Franck Attal, dirigeant d'Event and Cie.

Pour Guy Alvès, les choses se seraient passées différemment. "Il a été informé par le directeur d'Event, M. Attal, que la demande avait été faite par Lavrilleux au nom de l'UMP", a affirmé mercredi son avocat, Patrick Maisonneuve.

L'un des objectifs des enquêteurs et des magistrats est de déterminer jusqu'où on était informé au sein de l'UMP et de l'équipe de campagne d'une telle fraude et si les premiers rôles, tels que Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy lui-même, pouvaient l'ignorer. Le contrôle judiciaire des anciens dirigeants de Bygmalion mis en examen leur interdit notamment de rencontrer MM. Copé et Sarkozy.

"J'ai appris le nom de Bygmalion longtemps après la campagne présidentielle", avait assuré l'ancien chef de l'État lors de son intervention télévisée pour son retour en politique, le 21 septembre. Mercredi soir, son rival François Fillon s'est nettement démarqué de ce propos.

"Je n'étais pas associé à l'organisation de la campagne de 2012 mais j'ai souvent entendu parler de Bygmalion, et j'ai souvent vu que Bygmalion était une entreprise qui travaillait régulièrement avec l'UMP", a-t-il déclaré sur BFMTV.

 

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