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La confiance, et après ?

Manuel Valls pendant son discours de politique générale, le 16 septembre 2014.[PATRICK KOVARIK / AFP]

Si le Premier ministre peut se targuer d’avoir obtenu de nouveau la majorité à l’Assemblée, son horizon politique reste semé d’embûches.

 

Et c’est passé… ric-rac. Moins de six mois après son premier vote de confiance, Manuel Valls a de nouveau été approuvé par l’Assemblée, hier. Avec 269 voix pour et 244 contre, le Premier ministre doit néanmoins se contenter d’une majorité plus courte, lui qui avait obtenu 306 votes en sa faveur en avril.

 

Des frondeurs plus nombreux

Logiquement, le chef du gouvernement n’a été suivi ni par la droite, ni par l’extrême gauche. Sur les 18 députés écologistes, 17 ont préféré s’abstenir (contre seulement 6 en avril dernier). La seule à choisir de voter contre, Isabelle Attard, l’avait déjà fait il y a cinq mois.

Mais c’est surtout au sein de son propre groupe que Manuel Valls a perdu des soutiens. Alors que 11 députés socialistes s’étaient abstenus lors du premier vote de confiance, ils ont été 31 à le faire cette fois-ci, en dépit d’un discours spécialement concocté pour eux par le Premier ministre.

Ce dernier s’est en effet dit guidé par des «valeurs chères à la gauche», insistant sur les baisses d’impôts dont bénéficieront 6 millions de ménages français d’ici à la fin 2015 et l’abandon de l’objectif des 3 % de déficit.

Autre appel du pied vers les «frondeurs» : Manuel Valls s’est montré offensif vis-à-vis du Medef, balayant les récentes propositions de l’organisation patronale, comme l’assouplissement des 35 heures ou l’instauration d’un salaire inférieur au Smic.

 

Des textes contestés à venir

Si le vote de confiance donne un nouveau souffle de légitimité à Manuel Valls, celui-ci reste fragile. Et le plus difficile reste à faire. Les principaux désac­cords qui agitent les rangs des socialistes concernent en effet la politique économique, jugée trop austère par l’aile gauche du groupe ou les écologistes.

Or, l’automne est la saison des grands textes budgétaires. Le plan de loi finances 2015, présenté en Conseil des ministres le 1er octobre, et le budget de la Sécurité sociale, s’apparenteront donc probablement à un autre bras de fer entre le gouvernement et sa majorité.

Outre l’agitation au sein de ses troupes, c’est à celle de ses électeurs que va se frotter l’exécutif dans les semaines à venir. La loi de croissance, aussi prévue prochainement, agite déjà les professions réglementées (huissiers, notaires, pharmaciens...), qui s’élèvent contre les réformes, et les syndicats, qui protestent toujours contre l’extension du travail dominical.

Enfin, le gouvernement doit surtout espérer que les résultats soient au rendez-vous pour justifier sa ligne sociale-libérale. Mais les prévisions économiques ne jouent pas en sa faveur : lundi, l’OCDE a aligné ses prévisions de croissance pour la France sur celles de Bercy. Et table donc sur 0,4 % en 2014, puis 1 % l’an prochain.

Du côté de la courbe du chômage, ni l’OCDE ni le FMI ne prévoient d’embellie avant 2015. Peu d’éclaircies à l’horizon, alors même que Manuel Valls, six mois après sa prise de fonctions, ne compte plus sur son capital de popularité, lui qui ne récoltait que 22 % d’opinions favorables selon le dernier baromètre YouGov.

 

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