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Jean-Christophe Cambadélis : "Le rassemblement est là"

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadelis[Joel Saget / AFP/Archives] Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadelis[Joel Saget / AFP/Archives]

Malgré la menace des "frondeurs" de ne pas voter la confiance, mardi, le premier secrétaire du PS croit en l’unité de la gauche.  

 

A deux jours du vote de confiance sollicité par Manuel Valls devant l’Assemblée, Jean-Christophe Cambadélis appelle à l’unité de la gauche. Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, le contexte politique difficile doit inciter au rassemblement. Et être l’occasion, pour le PS, de trouver une nouvelle dynamique.

 

Pensez-vous que Manuel Valls obtiendra une majorité ?

Une majorité, oui. Une unanimité, non. Le rassemblement est là. Les socialistes comprennent qu’il y a une campagne insidieuse visant à faire démissionner François Hollande ou dissoudre l’Assemblée nationale. La pression politique est maximale : la dynamique du FN est forte et Nicolas Sarkozy va revenir. Dans ces moments-là, il faut avoir le sens de l’intérêt général.

 

Une fronde vous semble donc improbable ?

Je n’ai pas de pronostics à faire. Certains parlementaires ne veulent pas accorder leur confiance, mais ils n’ont pas décidé de voter contre le gouvernement. Je milite pour la désescalade car il s’agit simplement d’un arbitrage entre ce que l’on donne aux entreprises et ce que l’on donne aux ménages. Il n’y a pas de quoi créer un schisme.

 

L’affaire Thévenoud a-t-elle mis en lumière le manque de contrôle des députés ?

Il n’a pas passé plus de 9 jours au gouvernement, qui l’a renvoyé sans états d’âme, et le PS lui a indiqué la voie de la sortie, même si je regrette qu’il n’ait pas démissionné de l’Assemblée nationale. C’est la preuve que le système marche bien. Après, on peut toujours le perfectionner.

 

Autre affaire : le livre de Valérie Trierweiler. Participe-t-il de la désacralisation du chef de l’Etat ?

Ce livre, dans ses mensonges, a blessé François Hollande en portant atteinte à ce qui est son engagement de toujours, en laissant penser qu’il n’est pas un homme de gauche. Mais ce n’est pas simplement la Présidence qui est désacralisée, c’est tout notre système politique. Aujourd’hui, on se moque de tout, tout est remis en cause.

 

Comment expliquer cette crise de confiance globale vis à vis de la politique ?

Il y a une crise de confiance car il y a une crise de résultats. Les Français sont en droit de se demander à quoi servent les politiques à partir du moment où la politique se résume à la gestion, et ne suscite plus d’espoir ni la volonté de transformer les choses.

 

N’est-elle pas aussi due à un problème de communication à gauche ?

Il y en a toujours, mais le mécontentement a une origine tout à fait compréhensible : le chômage, l’absence de croissance, les inégalités salariales, territoriales ou de destin. Tout ceci, cumulé aux affaires, de gauche comme de droite, produit un climat délétère.

 

Dans ce contexte difficile, quel est le rôle du leader du PS ?

D’abord, réduire la fracture entre les socialistes. Puis, redéfinir la carte d’identité du PS. Enfin, mener une vigoureuse campagne contre le thatchérisme qui vient avec la droite et contre le national-populisme porté par Marine Le Pen, qui ferait prendre des risques épouvantables à notre pays.

 

La menace de la montée du FN est donc réelle ?

Il suffit de regarder les résultats électoraux. Marine Le Pen a gagné les élections européennes. Elle pourrait arriver au 2e tour de l’élection présidentielle. Et comme le front républicain a été remisé par l’UMP, je vois mal l’UMP voter pour la gauche, tandis que la gauche aura des difficultés à se reporter sur Nicolas Sarkozy. Il est donc indispensable de recréer de la dynamique pour le PS.

 

Par quels moyens ?

On poursuit une politique volontariste pour avoir des résultats économiques, on se bat pour que l’Europe change de cap et on continue à essayer de moderniser notre pays. Enfin, avec ses Etats Généraux, le PS revisite sa carte d’identité pour le rendre de nouveau attractif. Il faut ouvrir un débat avec l’ensemble des forces de gauche et les écologistes. Car si nous ne sommes pas unis, à la fin nous serons marginalisés. 

 

N’est-il pas risqué d’engager des Etats Généraux alors même qu’il existe des tensions au sein du parti ?

Les tensions internes sont réduites au débat budgétaire. Elles ne touchent pas à la totalité des politiques des socialistes. Il n’y a pas de tension autour de la politique éducative, la justice ou l’analyse géopolitique, et il n’y en a plus autour de la sécurité. Ce n’est pas parce qu’il y a un désaccord réel mais partiel qu’il est impossible de discuter entre nous.

 

La presse a souligné, il y a quelques mois, la baisse du nombre d’adhérents au PS. Avez-vous des chiffres ?

On pourra donner les chiffres au mois de décembre. Mais ce qui est d’ores et déjà inquiétant pour le PS, c’est qu’il y a un énorme turn-over. En deux ans, 25 000 militants n’ont pas repris leur carte, et le même nombre a adhéré. Ce qui veut dire que nous n’arrivons pas à fidéliser nos adhérents. Il faut donc travailler là-dessus et comprendre pourquoi ils ne restent pas dans nos sections.

 

C’est d’autant plus crucial que des élections approchent, notamment les régionales

Tout à fait. Ce sont des élections importantes, dans le cadre d’une réforme territoriale que nous avons voulu et qui modernise notre pays. Actuellement, les pronostics ne sont pas favorables, mais nous avons la volonté de les faire mentir.

 

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