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Thévenoud : Valls "ne comprend pas" qu'il reste

Le Premier ministre Manuel Valls à l'assemblée nationale le 17 juin 2014 [Dominique Faget / AFP]

Manuel Valls et plusieurs ministres sont montés au créneau mercredi pour tenter de pousser Thomas Thévenoud à démissionner après de nouvelles révélations sur ses impayés de loyers, l'intéressé demeurant invisible.

 

Lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale -et en l'absence de l'élu de Saône-et-Loire - dans un silence de cathédrale, le Premier ministre a sonné la charge, en soulignant que M. Thévenoud avait "fait mal à la République, à la France, à la gauche".

 "Je ne comprends pas, même si aucun d'entre nous n'a de pouvoir sur lui, je ne comprends pas, qu'en responsabilité ou en conscience, il reste aujourd'hui membre de cette Assemblée nationale", a-t-il lancé.

 

 

 

Manuel Valls, pour qui le scandale Thévenoud est un des boulets d'une rentrée particulièrement difficile si ce n'est catastrophique, a même surpris en annonçant qu'il ne souhaitait pas bénéficier de la voix du député, mardi lors du crucial vote de confiance sur le gouvernement "Valls 2".

"Même si, encore une fois, aucun d'entre nous n'a le pouvoir de l'empêcher de venir et de voter, sinon par la persuasion, je considèrerai que son vote, s'il est positif, ne peut pas être comptabilisé dans le vote de confiance que je demanderai", a dit le Premier ministre.

Une référence, assumée selon l'entourage du Premier ministre, à un des modèles de M. Valls: Pierre Mendès France. En 1954, le président du Conseil avait annoncé, en demandant la confiance, qu'il ne comptabiliserait pas les voix communistes en sa faveur.

 

Assurer que le PS veut le voir démissionner

Pour M. Valls, c'est aussi une manière d'assurer que le PS, après avoir exclu M. Thévenoud de son groupe parlementaire, souhaite réellement le voir démissionner, quitte à perdre encore un siège dans une majorité absolue qui ne tient désormais qu'à un fil (290 sièges).

Dans les faits, la déclaration du Premier ministre n'a de sens que politiquement, car réglementairement, la voix de M. Thévenoud sera bien comptabilisée s'il vient voter la confiance mardi.

"Il y a des éléments politiques dans le discours du Premier ministre. Il a bien dit qu'il n'était pas maître ni de la capacité de Thomas Thévenoud à être présent ni de celle de voter, simplement politiquement il ne la comptera pas", a reconnu le président du groupe Bruno Le Roux.

 

"Brebis galeuse"

Même l'UMP a salué l'intervention de M. Valls. "Que le Premier ministre dise qu'il défalquera le vote d'un parlementaire dont l'attitude est éminemment condamnable est cohérent" et a "une certaine allure", selon Hervé Mariton (Drôme). "Il a eu les propos qui conviennent face à une attitude inacceptable", a jugé Éric Ciotti (Alpes-Maritimes).

Le cas de M. Thévenoud, déjà conspué de toute part par la classe politique pour avoir omis de déclarer ses revenus et donc de payer ses impôts pendant plusieurs années, s'est encore aggravé depuis mardi soir: Le Canard Enchaîné a en effet révélé qu'il avait également omis de payer, pendant trois ans, le loyer de son précédent appartement parisien.

Dans le même article, le journal satirique cite le député affirmant qu'il souffre de "phobie administrative", une déclaration qui a encore accentué l'émoi.

Le ministre du Travail François Rebsamen l'a qualifié de "brebis galeuse", rappelant que M. Thévenoud s'était affiché comme un des plus ardents combattants de la fraude fiscale. Son homologue des Affaires sociales, Marisol Touraine, a déploré que le scandale vienne "alimenter le sentiment d'impunité des politiques".

Ségolène Royal s'est elle aussi jointe à l'offensive. "Comment voulez-vous demander ensuite à des citoyens qui ont du mal à joindre les deux bouts de payer leur contribution à la solidarité nationale si ceux qui ont les moyens de payer et ceux qui en plus doivent donner l'exemple ne le font pas?", a plaidé l'ancienne candidate à la présidentielle.

A droite, Hervé Morin (UDI) a carrément qualifié l'ex-secrétaire d'État de "crétin", Henri Guaino (UMP) s'est dit "scandalisé". Luc Chatel (UMP) a pour sa part demandé qu'il y ait "des suites", si la fraude était avérée. 

Malgré la pression, le député socialiste a annoncé lundi soir à l'AFP qu'il conservait son siège tout en quittant le PS et le groupe socialiste à l'Assemblée nationale. "Je ne vois absolument pas Thévenoud rester député", prédit un ministre, qui pronostique une démission prochaine.

 

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