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Hervé Mariton : "Je ne suis pas le plus glamour, mais le plus bosseur"

Hervé Mariton en janvier 2013 à l'Assemblée Nationale [AFP / PATRICK KOVARIK / ARCHIVES]

Député de la Drôme et maire de Crest, Hervé Mariton brigue la présidence de l’UMP. Dans la perspective des élections internes, fixées au 29 novembre, il publie  « Le bonheur regarde à droite » (éd. du Cerf) dans lequel il expose ses convictions et ses ambitions.

 

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Si vous souhaitez prendre la direction de l’UMP, vous annoncez d’emblée que vous ne serez pas candidat à la primaire. Pourquoi ?

Les adhérents voteront pour moi parce que je leur suis utile. Que le président de l’UMP ne se présente pas à la primaire est la garantie que celles-ci se déroulent dans les meilleures conditions. Une telle démarche permet par ailleurs de restructurer le mouvement en toute liberté et de rétablir la transparence financière dont il a besoin.

 

Est-ce une façon de vous démarquer de vos concurrents, hypothétiques ou déclarés ?

Le président de la République doit être l’incarnation de la Nation : il est préférable dès lors qu’il ne soit pas issu de la présidence d’un parti. Il relève de l’évidence que si Nicolas Sarkozy se présente pour prendre la tête du mouvement, c’est pour  accéder ensuite la présidence de la République. Quant à Bruno Le Maire, il entretient cette hypothèse depuis deux ans.

 

Malgré les soubresauts qu’elle connaît, vous ne plaidez pas pour un démantèlement de l’UMP.

D’un point de vue très utilitaire, pour être au second tour d’une élection, il faut beaucoup de force et d’énergie. Il n’y a pas autant de divergences idéologiques à l’UMP qu’on veut parfois le laisser penser, même si quelques-uns pensent différemment. Nous sommes bien moins désunis qu’on ne le dit.

 

Peut-on résumer l’esprit de votre démarche politique ?

Je défends une vision conquérante et rassurante. Conquérante, car nous sommes dans un monde ouvert dans lequel nous livrons une guerre économique. Pour vaincre, nous devons mobiliser tous les talents de la France dans un esprit de conquête. Mais pour aller au large, il faut connaître son ancrage et défendre son identité. C’est la raison, par exemple, de mon engagement sur les questions de société.

 

Comment porter ce message quand certains sont tentés par le FN ?

Sur le terrain, j’ai déjà entendu cette phrase dans la bouche de sympathisants : « Faites que je ne sois pas obligé un jour, de voter FN ». Face à ce défi, nous devons présenter un socle fort, ni ambigu, ni extrémiste, et refuser de céder à l’air du temps. L’UMP en tant qu’organisation, et certains d’entre nous, sont parfois soumis aux effets de mode et d’annonce. Il faut s’en prémunir.

 

Sur la question de l’immigration, quel est votre analyse ?

Je plaide pour une politique d’intégration et d’assimilation. La diversité et l’égalité des chances sont une simple photo ou un concept statistique, mais cela ne fait pas une politique. Nous devons assumer notre identité et l’honorer. Je propose ainsi de remplacer le droit du sol par le droit du sang. Il s’agit là d’un principe directeur qui ne ferme pas la porte aux naturalisations.

 

Cette proposition ne vas pas laisser indifférent…

Je ne suis pas pour la fermeture de notre pays, mais si l’on veut que notre nationalité subsiste dans deux générations, il faut adopter ce principe.  C’est une proposition très forte, mais est-elle inquiétante ? En Allemagne, Gerhard Schröder a réformé quelques aspects du dispositif mais a conservé le droit du sang comme principe directeur.

 

Vous participerez la 5 octobre à la prochaine Manif pour Tous. Selon vous, ce mouvement devrait inspirer l’UMP.

Ce mouvement, mais bien d’autres comme les Pigeons et ses avatars, est jeune et généreux. Il ne s’est pas mobilisé pour défendre des enjeux matériels. Il interpelle le politique sous une forme innovante et a permis l’engagement de figures nouvelles dans la vie publique et l’émergence de mouvements nouveaux comme « Sens Commun » au sein de l’UMP. La Manif pour tous, ou les Pigeons, ont démontré que la défense des valeurs familiales ou de la libre entreprise est une préoccupation pour de nombreux citoyens.

 

Vous avez été un adversaire résolu du « mariage pour tous ». Souhaitez-vous revenir sur la loi Taubira ?

Je ne suis pas favorable au mariage entre personnes homosexuelles, car il conduit à la filiation, et donc à la PMA et à la GPA. C’est mécanique. Je suis en revanche partisan d’un contrat d’union civile pour les personnes de même sexe. Je ne me résigne pas à l’état actuel du droit et je préconise de supprimer la loi Taubira qui pose problème, tout en respectant les mariages déjà conclus. Je souhaite procéder de manière ouverte. D’abord par la consultation des militants de l’UMP, puis dans le cadre plus vaste d’un référendum sur la famille.

 

Selon vous, le matérialisme, l’instantanéisme et l’individualisme sont les principaux dangers du moment. Que voulez-vous dire ?

Tout n’est pas dans le confort. Avoir un bon job et une copine sympa ne suffit pas. Il faut savoir s’inscrire dans la durée. De ce point de vue, je crois que les responsables politiques doivent aujourd’hui faire preuve d’une grande pudeur. J’assume ainsi de ne pas être le plus glamour, mais le plus bosseur, le plus utile. L’esprit de service et l’esprit de mission doivent être au cœur de l’engagement public.

 

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