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Au PS, des "frondeurs" bruyants mais aux marges de manoeuvre étroites

Le député "frondeur" PS Christian Paul à La Rochelle, le 30 août 2014 [Xavier Leoty / AFP] Le député "frondeur" PS Christian Paul à La Rochelle, le 30 août 2014 [Xavier Leoty / AFP]

Les "frondeurs" du PS, qui contestent la ligne du gouvernement Valls, ont profité de l'université d'été de La Rochelle pour donner de la voix mais leurs marges de manoeuvre paraissent étroites.

 

"Nous ne sommes pas désireux de faire tomber le gouvernement, nous sommes soucieux que le gouvernement issu de nos rangs soit fidèle au projet de la gauche", assurait Christian Paul, député de la Nièvre et l'un des porte-parole des "frondeurs", avant la réunion, très médiatisée, de lancement de leur collectif "Vive la gauche", en marge de l'université d'été.

"Si ce gouvernement est fidèle aux engagements de François Hollande, il n'y aura pas de problème de majorité (...) Si ce gouvernement venait à oublier les engagements de 2012, il y aurait sans doute une crise politique. Pour l'instant, il y a eu un psychodrame inutile", ajoute-t-il prudemment. "Ce n'est pas une ambiance de guerre. Vous savez, il n'y a pas d'incendie à La Rochelle. Ce qu'on craignait éventuellement, c'était l'inertie".

Certes, l'ambiance était très électrique et les attaques musclées et sonores, lors du lancement de "Vive la gauche". C'est une "réunion pour défendre le PS d'une tentative de putsch libéral", a même lancé Gérard Filoche, membre de l'aile la plus à gauche du PS.

Mais concrètement sur la confiance au gouvernement Valls II, le texte habilitant le gouvernement à procéder par ordonnances, le budget 2015, que feront les frondeurs lors de ces votes importants de l'automne ? Pouria Amirshahi, député des Français de l'étranger, dit qu'il restera "cohérent" avec son vote lors de la première déclaration de politique générale de Manuel Valls en avril en s'abstenant de nouveau.

Henri Emmanuelli, le 30 août 2014 à La Rochelle [Xavier Leoty / AFP]
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Henri Emmanuelli, le 30 août 2014 à La Rochelle

Mais, avertit-il, "je peux envisager de voter contre le budget" s'il est "la traduction directe de toutes les thèses énoncées depuis plusieurs semaines et qui se sont accélérées ces derniers jours avec l'installation d'Emmanuel Macron (au ministère de l'Economie) et le discours de Manuel Valls devant le Medef. Je ne l'exclus pas".

"A ce stade", l'élu suggère "d'aller au bout d'une démarche de parlementaires". "Après la délibération sera reine. A chaque fois et à chaque étape, présenter nos amendements, présenter des textes alternatifs s'il le faut, pourquoi pas déposer des propositions de lois..." Pouria Amirshahi "ne se voit pas donner carte blanche au gouvernement pour faire des ordonnances, surtout sur le droit du travail".

 

- Des 'hypothèses-scoops' -

 

Généralement peu amène avec le gouvernement, Henri Emmanuelli ne veut pas pour autant "parler d'affrontement ou de rupture". Et à la presse qui lui demande s'il serait prêt à quitter le PS, le député des Landes répond, agacé: "Ne vous lancez pas dans ces hypothèses-scoops". Mais "si on veut profiter d'une situation économique difficile, pour nous imposer une ligne politique qui n'est pas la nôtre, je ne sais pas où ça peut aller. C'est un peu un abus de situation..."

Une agitation qui laisse de marbre un cadre socialiste. "Pour les frondeurs, dit-il, il va y avoir le principe de réalité. Ils ne vont pas prendre le risque d'une dissolution avec l'obligation de refaire campagne dans leur circonscription". Et de lâcher: "Je ne vois pas Christian Paul repartir dans la Nièvre, sachant qu'on a perdu Nevers aux dernières municipales".

Les contestataires sont de plus divisés, selon lui: "Si demain on fait un congrès, les frondeurs ne se retrouveront pas dans une seule et même motion. Il n'y aura pas d'un côté les pro-gouvernement et de l'autre les frondeurs...". Il résume, cruel: "Ca fait plein de petites chapelles, mais avec ça, on ne fait pas une cathédrale". "Ca va faire pschitt", pronostique un autre.

Les marges de manoeuvre des contestataires ? "Aucune !", tranche Emmanuelle Cosse, la dirigeante d'Europe Ecologie-Les Verts, avant d'ajouter: "Ou quasiment". "Ce qui les unit, c'est plus leur opposition au gouvernement que leurs propositions".

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