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35 heures: dernier "totem socialiste" qui reste "tabou" estime la presse

Emmanuel Macron et Michel Sapin à la sortie du Conseil des ministres le 27 août 2014 à l'Elysée à Paris [Bertrand Guay / AFP/Archives] Emmanuel Macron et Michel Sapin à la sortie du Conseil des ministres le 27 août 2014 à l'Elysée à Paris [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Emmanuel Macron, interviewé avant de savoir qu'il allait devenir ministre de l'Economie, s'était dit favorable au fait d'autoriser "les entreprises et les branches à déroger" aux 35 heures, d'accord ou pas les éditorialistes pensent que toucher à ce dernier "totem socialiste" reste tabou à gauche comme à droite.

Yves Thréard du Figaro "attend avec impatience ce qu’il (E. Macron, ndlr) fera des 35 heures" affirmant que "les 35 heures sont une aberration sortie tout droit du "déconomètre" socialiste sous l’ère Jospin." Il reste sans illusion, "le bilan est déplorable, mais toute remise en question – suppression – est écartée d’emblée. Par la gauche bien sûr. Par une grande partie de la droite aussi : de peur des réactions, elle ne propose, comme elle l’a déjà fait, que des aménagements."

Rémi Godeau du très libéral L'Opinion pense qu'il "est temps de renverser le totem."

Dans La Voix du Nord, Olivier Berger trouve qu'il "y a des mots tabous en France. L’expression "trente-cinq heures en fait partie, en tant que dernière vraie réforme sociale de gauche", tout en rappelant que les Français travaillent en moyenne "39,4 h exactement".

Pierre Frehel (Le Républicain lorrain) juge que "le nouveau ministre de l'économie a brisé un totem socialiste et envoyé promener l'une des dernières conquêtes de la vieille gauche malthusienne et partageuse".

"Si l’Allemagne de Willy Brandt et le Labour de Tony Blair ont de longue date fait leur mue sociale-libérale, si même le PC chinois est un apôtre résolu de l’économie de marché, le PS, lui, n’a toujours pas entrepris son aggiornamento", analyse Henry Lauret du Télégramme. "Officiellement donc, pas touche au dernier des fétiches", constate-t-il, soulignant toutefois que même Nicolas Sarkozy avait "lui-même renoncé".

Jacques Camus (La Montagne, Centre France) trouve que la polémique "est d'autant plus dérisoire que le débat date d'un autre temps." "Après les nombreux aménagements intervenus depuis l'an 2000, la loi Aubry n'est plus qu'un totem autour duquel se prosternent les nostalgiques d'une gauche chimérique", juge-t-il en précisant "que personne, à droite, n'a eu le courage de briser le tabou".

Ils sont nombreux à croire que "cette question des 35 heures, régulièrement sur la sellette, va servir de point de fixation" à La Rochelle, tel Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées).

Manifestation pour la défense des 35 heures le 31 janvier 2002 à Marseille [GERARD JULIEN / AFP/Archives]
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Manifestation pour la défense des 35 heures le 31 janvier 2002 à Marseille

Comme Didier Rose des Dernières Nouvelles d'Alsace, ils sont également plusieurs à penser que "ce nouveau couac rappelle aussi aux tenants d’une approche libérale que les 35 heures peuvent coûter cher sur un autre plan : électoralement, s’attaquer à ce monument ruinerait des ambitions de gauche pour une durée largement indéterminée."

Tout cela ne devrait pas amener de révolution au PS pendant l'université d'été de la Rochelle : "la situation est tellement critique pour la gauche que les députés PS ne prendront pas le risque de se lancer dans une motion de défiance. Motion qui pourrait déboucher sur la dissolution de l’Assemblée. À La Rochelle, les contestataires vont gueuler, brailler, aboyer, mais parions qu’ils finiront par suivre la voix de leur maître", affirme Jean-Michel Servant dans Le Midi Libre.

Ce qui n'empêche pas Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute-Marne) certain que "l'ambition de Manuel Valls est implicitement de transformer le parti, héritier de la SFIO, en SPD ou en parti travailliste" de se demander s'il y aura "mer calme ou avis de tempête à La Rochelle?"

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