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Qui est Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie ?

Emmanuel Macron, nommé ministre de l'Economie le 26 août 2014, à l'Elysée en compagnie de François Hollande le 26 mars 2014 [Alain Jocard / AFP/Archives] Emmanuel Macron, nommé ministre de l'Economie le 26 août 2014, à l'Elysée en compagnie de François Hollande le 26 mars 2014 [Alain Jocard / AFP/Archives]

La nomination d'Emmanuel Macron, ancien conseiller économique de François Hollande issu de la finance, au poste de ministre de l'Economie et de l'Industrie est une surprise et marque une rupture idéologique avec son remuant prédécesseur Arnaud Montebourg.

 

Outre le changement d'intitulé du portefeuille, dépouillé du "Redressement productif" qui collait au dos de M. Montebourg, c'est un virage à 180° tant sur la ligne politique qu'en termes de personnalités.

Trentenaire, énarque brillant, ancien inspecteur des Finances et gérant de la Banque Rothschild, Emmanuel Macron devrait d'autant plus facilement reprendre la ligne macroéconomique de soutien aux entreprises fixée par François Hollande, qu'il a lui-même contribué à l'élaborer.

Avant d'être promu nouveau maître de Bercy, M. Macron a été une figure centrale de l'Elysée, occupant de 2012 à juin dernier le poste de secrétaire général adjoint. Principal conseiller économique et financier du président de la République, il a été l'un des artisans du pacte de responsabilité dont M. Hollande a fait le coeur de son action depuis janvier.

"Emmanuel Macron s'inscrit dans la ligne que nous avons donnée", a souligné mardi soir sur France 2 le Premier ministre Manuel Valls.

"Emmanuel Macron, un grand professionnel, un futur grand politique, un homme de culture. Bercy dans de très bonnes mains", a tweeté l'économiste Jacques Attali, ancien secrétaire général de la présidence sous François Mitterrand, peu après l'annonce de la composition du nouveau gouvernement.

 

 

Le profil technocrate de ce fils de médecins, appartenant au sérail de l'inspection des Finances, tranche aussi avec la personnalité beaucoup plus atypique d'Arnaud Montebourg, d'extraction modeste et ancien avocat.

 

Ancien banquier d'affaires

Sa discrétion contraste avec l'éloquence voire la grandiloquence de l'ancien locataire de Bercy qui s'est illustré à la fois par ses provocations et par son volontarisme.

Arnaud Montebourg, chantre de l'anti-austérité, s'en est pris régulièrement à la banque centrale européenne, l'accusant de ne pas prendre de mesures suffisamment drastiques pour faire baisser l'euro, mais aussi à l'Allemagne d'Angela Merkel critiquée pour la rigueur imposée à l'Europe.

Il constituait en cela un risque politique tant pour ceux qu'il a côtoyés à Bercy que pour le président dont il n'a jamais caché qu'il briguait le poste, à plus ou moins long terme.

Avec cette nomination, ce risque devrait être écarté pour le gouvernement et l'Elysée, qui pourront parler d'une seule voix face à leurs interlocuteurs à Bruxelles.

Le grand défi pour Emmanuel Macron, rompu à la finance, sera de convaincre du côté de l'industrie où son prédécesseur avait incarné volontarisme et patriotisme économique en défendant le "made in France" et en se battant pour la réindustrialisation du pays.

"Trente ans que la France n'avait pas eu un vrai ministre de l'Industrie !", s'était exclamé l'hebdomadaire l'Usine nouvelle en mars pour défendre son maintien à Bercy avant la nomination de Manuel Valls à Matignon.

Arnaud Montebourg avait fini par convaincre un secteur qu'il avait brusqué à son arrivée à Bercy en s'en prenant à Philippe Varin, à l'époque patron de PSA, ou Lakshmi Mittal, PDG d'ArcelorMittal, quand il avait plaidé en vain pour la nationalisation du site de Florange.

A sa place, François Hollande a choisi un ancien banquier d'affaires de 36 ans, qui disait lui-même en 2010 n'avoir "ni vocation ni l'envie de (s)'engager dans l'industrie ou une structure particulière" et préférer s'"orienter vers la finance" car elle lui "paraissait plus libre et plus entrepreneuriale que d'autres secteurs".

Des propos tenus à une époque où Emmanuel Macron était directeur d'études à Sciences Po, qui apparaissent à rebours de l'incantation emblématique du candidat François Hollande en 2012 contre "son adversaire, la finance", dans un discours écrit par Aquilino Morelle, un proche d'Arnaud Montebourg.

 

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