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Pour Valls, Montebourg a "franchi la ligne jaune" avec ses critiques

Arnaud Montebourg, le 24 août 2014. [JEFF PACHOUD / AFP]

Arnaud Montebourg a été sévèrement rappelé à l'ordre dimanche par l'entourage de Manuel Valls, qui a estimé que le ministre avait "franchi une ligne jaune" avec ses propos très critiques contre la ligne économique du gouvernement.

 

Depuis sa fête annuelle de Frangy-en-Bresse au lendemain d'une interview très commentée dans les colonnes du Monde, le ministre de l'Economie a assumé avoir "proposé" et "sollicité" une "inflexio majeure de notre politique économique", jugée trop austère.

Fustigeant la droite allemande et jugeant qu'il avait le "devoir" de "ne pas se taire", le ministre a ajouté qu'il se devait de "proposer des solutions alternatives" à ce qui constitue "l'échec de la zone euro", donc de la France, à "retrouver le chemin de la croissance", devant plusieurs centaines de ses partisans, venus le retrouver dans son fief électoral.

Las, pour Manuel Valls, Arnaud Montebourg est allé trop loin. "Une ligne jaune a été franchie dans la mesure où le ministre de l'Economie ne peut pas s'exprimer dans de telles conditions sur la ligne économique du gouvernement et sur un partenaire comme l'Allemagne", a souligné son entourage.

"Donc le Premier ministre est décidé à agir", a déclaré l'entourage du Premier Ministre à l'AFP, sans livrer de détail sur ce qu'il entendait faire, ce qui laisse planer un doute sur le maintien même d'Arnaud Montebourg à son poste.

Un peu plus tôt, c'est le député Carlos Da Silva, proche de Manuel Valls, qui a jugé que M. Montebourg avait "dépassé les bornes", avec des "déclarations insensées".

Curieusement les critiques ont épargné le ministre de l'Education Benoït Hamon, invité vedette de cette fête, et qui après s'être dit "pas loin des frondeurs" socialistes, a soutenu les propositions de M. Montebourg.

A la tribune, M. HJamon a notamment affirmé "soutenir le principe des trois tiers" dans la redistribution des économies budgétaires, idée lancée par Arnaud Montebourg, suggérant "des baisses d'impôts pour les plus modestes" ou des mesures pour "les étudiants boursiers".

Rose à la main, M. Montebourg a affirmé que le débat, qui "a commencé sur la table du Conseil des ministres déjà il y a plusieurs mois" devait être mené, "eh oui", aussi avec le président de la République.

 

"la loyauté, ni une chaîne ni une muselière"

La fin de la solidarité gouvernementale? "On peut avoir un avis, une conviction, l'exprimer et être loyal", répond Benoît Hamon, qui "évidemment" reste au gouvernement.

Mais "la loyauté gouvernementale est un principe d'action mais ce n'est ni une chaine ni une muselière", a-t-il dit à la tribune.

Quant à M. Montebourg, il a refusé de répondre à la question de savoir s'il se sentait bien au gouvernement, semblant plutôt heureux des remous provoqués par sa sortie de la veille.

Presque désinvolte, il a même lancé : "Je vais lui envoyer une bonne bouteille de la "cuvée du redressement" au président, hein!", référence aux quelque mille bouteilles mises en vente pour cette 42e édition.

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti avait publié dans la matinée un message de sympathie sur Twitter: "Je souhaite une belle journée à #Frangy2014 à @Montebourg et @benoithamon".

Au premier rang devant la tribune des deux ministres, plusieurs députés "frondeurs" tel Laurent Baumel, ou Christian Paul, se sont dits "heureux que le débat ait lieu au sein du gouvernement".

MM. Montebourg et Hamon, qui ont pris tous deux pris du galon à la faveur de l'arrivée de Manuel Valls à Matignon, sont conscients du poids de leurs portefeuilles. Ils ont "des leviers" et peuvent "les utiliser", souligne l'entourage de l'un des deux.

Avec, en ligne de mire, et à plus long terme, des ambitions présidentielles, au moins pour M. Montebourg, qui ne s'en cache pas auprès de ses proches.

A droite, leurs prises de positions ont été vivement critiquées par Roger Karoutchi, sénateur UMP des Hauts-de-Seine: "il y a maintenant deux solutions: soit les ministres en contradiction absolue avec la ligne démissionnent et rejoignent les frondeurs - c'est la logique du système de la Ve République; soit on ne respecte pas cette logique et cela veut dire que le président et le Premier ministre, déjà très affaiblis, sont totalement discrédités et ne peuvent plus parler au nom d'un exécutif aussi divisé", a-t-il dit.

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