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Le sherpa de Hollande est mort

François Hollande (g) et son conseiller diplomatique Paul Jean-Ortiz, le 6 mars 2013 à Varsovie [Bertrand Langlois / AFP/Archives] François Hollande (g) et son conseiller diplomatique Paul Jean-Ortiz, le 6 mars 2013 à Varsovie [Bertrand Langlois / AFP/Archives]

Le conseiller diplomatique de François Hollande, Paul Jean-Ortiz, qui souffrait d'un cancer depuis plus d'un an, est mort jeudi à l'âge de 57 ans, a annoncé l’Élysée.

 

"Le président de la République a la profonde tristesse d'annoncer le décès de Paul Jean-Ortiz, ce (jeudi) matin", a déclaré la présidence dans un bref communiqué, rappelant que ce dernier était le conseiller diplomatique de François Hollande "depuis le 15 mai 2012", autrement dit depuis sa prise de fonctions à l’Élysée.

François Hollande a pris lui-même la plume un peu plus tard pour rendre hommage à son "conseiller et ami" dans des messages publiés simultanément sur le site internet de la présidence, ainsi que ses comptes Facebook et Twitter.

"Je perds avec Paul Jean-Ortiz bien plus qu’un conseiller diplomatique. Paul était un ami aussi discret que fidèle. Fin, subtil, cultivé, il avait une élégance d’esprit et une intelligence des situations, qu’il a, pendant toute sa carrière, mis au service des intérêts de la France", a écrit le chef de l’État.

"Passionné par la Chine au point d’en manier la langue avec raffinement, il aura contribué à promouvoir la politique française en Asie", a-t-il poursuivi, soulignant que, "depuis un an, il affrontait la maladie avec courage et sérénité" et qu'il avait "exercé jusqu’au bout" sa mission.

"J’ai pu hier l’en remercier", a-t-il encore confié, ajoutant que Paul Jean-Ortiz s'était "éteint une fois prodigués ses derniers conseils".

La voix étouffée par la maladie, Paul Jean-Ortiz, décédé à l'âge de 57 ans, avait dû renoncer ces tout derniers mois à accompagner le président Hollande dans ses déplacements à l'étranger. S'efforçant de ne rien laisser paraître, malgré le mal qui le rongeait, il conservait un humour pince-sans-rire mâtiné d'une inaltérable réserve diplomatique.

En mai, la cellule diplomatique de l’Élysée avait été renforcée par Jacques Audibert, ancien directeur des affaires politiques au Quai d'Orsay, qui l'avait rejointe en qualité de sherpa G7 et G8 du président, chargé des questions multilatérales.

Sur Twitter, Pierre Moscovici, ancien ministre des Finances de François Hollande aujourd'hui pressenti pour devenir Commissaire européen, s'est dit "très triste", saluant "un homme de conviction et de courage, qui nous manquera".

L'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand, Jack Lang, a fait part également de son "immense tristesse" après la disparition de cet "exceptionnel serviteur de l’État, "diplomate exemplaire" et, a-t-il ajouté, "conseiller diplomatique éclairé et toujours perspicace" du chef de l’État.

En des termes similaires, Élisabeth Guigou, présidente (PS) de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée, a salué le "courage impressionnant" de Paul Jean-Ortiz qui aura poursuivi son travail jusqu'au bout.

"La diplomatie française est en deuil (...). Je l'aimais comme un grand frère", a tweeté Romain Nadal, porte-parole du Quai d'Orsay après l'avoir été auprès de la cellule diplomatique de l’Élysée.

Passionné par la civilisation chinoise, dont il était un des meilleurs connaisseurs au Quai d'Orsay, bilingue en mandarin, Paul Jean-Ortiz était licencié ès lettres (chinois) et diplômé de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence.

Le conseiller diplomatique de François Hollande, Paul Jean-Ortiz, le 27 novembre 2012 à Paris [Bertrand Langlois / AFP/Archives]
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Le conseiller diplomatique de François Hollande, Paul Jean-Ortiz, le 27 novembre 2012 à Paris

Né le 19 mars 1957, fils de parents républicains espagnols et ancien trotskiste, il a passé l'essentiel de sa carrière en Asie. Il avait notamment été troisième secrétaire à l'ambassade de France à Pékin (1987-1988), consul général à Canton (1992-1993), deuxième secrétaire à Pékin (1993-1995), premier conseiller à Hanoï (1995-1997), ministre conseiller à Pékin (2000-2005), puis à Madrid (2005-2009). En Chine, il a participé à de discrètes opérations d'exfiltration de dissidents.

En septembre 2009, il avait pris la tête de la direction Asie et Océanie au Quai d'Orsay avant de rejoindre la cellule diplomatique de l’Élysée, au 2 de la rue du même nom, déjà conseiller de François Hollande pendant la campagne présidentielle.

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