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Cambadélis se donne un an pour "tout changer" au Parti socialiste

Le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadelis, le 14 juin 2014 à Paris [Fred Dufour / AFP] Le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadelis, le 14 juin 2014 à Paris [Fred Dufour / AFP]

Jean-Christophe Cambadélis entend "tout changer" dans l'année qui vient au Parti socialiste, traumatisé par deux déroutes électorales et en proie aux doutes profonds de ses militants.

"Tout changer. Se remettre en cause. C'est l'année qui vient. C'est ce que va faire le Parti socialiste", confiait mercredi le Premier secrétaire, promettant aussi "une réforme majeure de l'organisation du PS (...), parce qu'il fonctionne de la même façon depuis 1905. Ca date un peu, à l'époque des tweets".

Depuis son élection comme numéro un du PS il y a trois mois par le Conseil national, le parlement du parti, Jean-Christophe Cambadélis multiplie les initiatives pour remobiliser le PS et tourner la page Harlem Désir.

Jean-Christophe Cambadélis "a montré une volonté de réanimer le parti qui était dans un grand sommeil. Il a posé des jalons pour le réveiller", salue le député PS Laurent Baumel.

Le nouveau premier secrétaire mène "un travail de rénovation d'une profondeur inégalée depuis la création du parti", en 1971, se félicite le chef des députés PS, Bruno Le Roux, tout en reconnaissant que "trois mois, cela ne permet pas de poser une empreinte, mais de donner une impulsion. Jean-Christophe est arrivé en sachant ce qu'il voulait faire. Il avait pris la mesure des problèmes que vivait le PS".

La pierre angulaire du grand chambardement voulu par Jean-Christophe Cambadélis pour le Parti socialiste, ce sont les "Etats généraux des socialistes": un vaste processus de consultation des militants, avec pour objectif "la reformulation de la carte d'identité" du PS et son "renouveau", définir ce que doit être son projet de société, ce que signifie un "socialisme moderne".

La démarche se déroulera du 1er septembre au 6 décembre. "Du questionnement initial à la charte finale", elle sera distincte "dans la forme et le fond du congrès (du PS) de 2015", soulignait récemment une résolution de la direction du parti. Ces Etats généraux vont consister en l'envoi de questionnaires aux militants, de contributions des sections et fédérations etc..

Un congrès désigne la direction du parti et ses instances dirigeantes, résultant de savantes tractations politiques ou équilibres entre les différents courants au sein du parti.

- "Jouer la base contre les courants "-

Jean-Christophe Cambadélis cherche avec les Etats généraux à "se faire adouber six mois avant le congrès", résume un responsable du parti.

"Tout l'enjeu pour Jean-Christophe Cambadélis (élu seulement par le Conseil national, suite au départ d'Harlem Désir vers le gouvernement), c'est d'arriver au congrès en s'étant imposé auprès des militants, pour qu'une majorité d'entre eux votent pour lui", décrypte l'universitaire Frédéric Sawicki.

"Les Etats généraux sont une manière de montrer qu'il remet le parti sur le devant de la scène, qu'il accepte de clarifier la ligne du parti (...) S'il abordait le congrès directement, le risque serait pour lui d'affronter des courants très structurés (l'accusant d'être) au fond un exécutant de la politique gouvernementale, sans suffisamment de sens critique", ajoute Frédéric Sawicki.

Et selon lui, ce congrès "de précaires, voire de chômeurs", après les postes, les conseillers, les assistants perdus à la suite des municipales et avant les régionales, s'annonce très agité. "Il faut déminer tout cela", conclut-il.

"C'est une manière de jouer la base contre les courants, de diluer un peu la contestation et l'atomiser. C'est la visée politique", convient l'universitaire proche du PS, Rémi Lefebvre.

Plusieurs au PS accueillent avec une grande circonspection l'approche des Etats généraux.

"Nous voulions un congrès. On nous l'a refusé. Je ne suis pas sûre que la question de l'identité socialiste soit celle qui se pose le plus pour les militants socialistes. C'est plutôt l'identité de la politique gouvernementale", grince la sénatrice PS Marie-Noëlle Lienemann, l'une des porte-voix de l'aile gauche du parti.

"Il n'y a que dans un congrès que les questions d'orientation peuvent être traitées", appuie le député Alexis Bachelay (Cohérence socialiste), qui s'interroge sur les "débats philosophiques" des Etats généraux.

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