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Calais : la mairie défend son arrêté "anti-bivouac"

La maire de Calais Natacha Bouchart (UMP) à l'Hötel de ville, le 12 décembre 2013 [Philippe Huguen / AFP] La maire de Calais Natacha Bouchart (UMP) à l'Hötel de ville, le 12 décembre 2013 [Philippe Huguen / AFP]

La mairie UMP de Calais (Pas-de-Calais) a pris un arrêté "anti-bivouac et anti-regroupement", une semaine après une nouvelle évacuation d'un campement de migrants, dont le nombre a considérablement grossi ces derniers mois.

 

La municipalité, dirigée depuis 2008 par la sénatrice Natacha Bouchart, s'est défendue vendredi d'avoir pris un "arrêté anti-migrants", même si ils peuvent être concernés "comme n'importe quelle population", tandis que les associations ont dénoncé un texte "discriminatoire" et étudient la possibilité de déposer un recours devant le tribunal administratif de Lille.

L'arrêté, daté du 9 juillet, est une version modifiée d'un texte "déjà existant sous la précédente mandature, intitulé +anti-mendicité+", qui concernait "trois ou quatre lieux uniquement" contre une vingtaine actuellement, a expliqué Emmanuel Agius, premier adjoint au maire.

Le périmètre de ce nouvel arrêté, valable de 09H00 à minuit, a été élargi à la rue de Moscou, qui héberge le lieu de distribution des repas, où environ 100 migrants avaient trouvé refuge après le démantèlement de leurs campements le 28 mai, et qui avait été évacué le 2 juillet, à la demande de la mairie.

La municipalité avait saisi en référé le tribunal administratif de Lille, lui demandant une expulsion pour des raisons de "salubrité et d'ordre public", en s'appuyant sur des lettres de riverains se plaignant de la situation dans le centre de distribution de nourriture, où le nombre de candidats à l'exil en Angleterre est passé de 100 à plus de 500 en quelques semaines.

Des migrants à Calais le 18 mai 2014 [Philippe Huguen / AFP/Archives]
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Des migrants à Calais le 18 mai 2014

En raison de "la période estivale (qui) crée une affluence de touristes et entraîne une aggravation de" la situation, la mairie interdit dans son arrêté "toutes occupations abusives et prolongées, accompagnées ou non de sollicitations ou quêtes à l'égard des passants, lorsqu'elles sont de nature à entraver la libre circulation des personnes ou à porter atteinte au bon ordre, à la sécurité, à la tranquillité ou à la salubrité publiques".

"La présence continue et assidue (...) d'individus et de groupes d'individus sollicitant les passants de manière agressive, est de nature à troubler l'ordre public", a considéré la municipalité, tout comme "les nuisances olfactives et le risque pour la salubrité publique que crée le comportement de ces individus et groupes d'individus (dépôt d'ordures, épanchements d'urine)".

- Une manifestation samedi -

"C'est très clair pour moi, ça vise les migrants. C'est inadmissible, c'est de la discrimination et c'est contraire à la convention des droits de l'Homme. Nos services juridiques se penchent sur l'arrêté et une avocate a déjà été désignée", a indiqué Joël Loeullieux, de la section calaisienne de la Ligue des droits de l'Homme (LDH).

Un arrêté "anti-bivouac" pris par le maire UMP de Nice, Christian Estrosi, qui ciblait les Roms, avait été suspendu par la justice administrative le 15 novembre 2013, a-t-il rappelé.

"Dire qu'il s'agit d'un arrêté anti-migrants, c'est une polémique. En aucun cas, nous n'interdisons les regroupements de migrants. Aucune population n'est visée, tout le monde peut être concerné par cet arrêté", même "un groupe de touristes passablement éméché sur la voie publique pouvant nuire à un autre groupe de personnes", a déclaré Emmanuel Agius.

Premier "regroupement" qui pourrait être concerné par cet arrêté, la manifestation de soutien aux migrants organisée par plusieurs associations est maintenue samedi après-midi, a affirmé à l'AFP Philippe Wannesson, militant associatif qui voit "mal la police municipale mettre une amende de 17 euros à tout le monde".

"Le maire de Calais a demandé à ce que cette manifestation ne se fasse pas. Elle n'a pas lieu d'être parce qu'elle n'est pas connue des services de police", a averti M. Agius, qui craint par ailleurs des heurts avec le collectif "Sauvons Calais", qui se définit comme en "lutte contre l'immigration et les associations de pro-migrants" et a appelé à une contre-manifestation.

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