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FN : sommé par sa fille de rentrer dans le rang, Jean-Marie Le Pen refuse

Jean-Marie Le Pen devant une affiche de campagne de sa fille Marine le 12 janvier 2014 à Agen  [Mehdi Fedouach / AFP/Archives] Jean-Marie Le Pen devant une affiche de campagne de sa fille Marine le 12 janvier 2014 à Agen [Mehdi Fedouach / AFP/Archives]

Sommé par sa fille Marine de rentrer dans le rang après ses propos polémiques sur la "fournée", le fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, refuse d'obtempérer et s'autoproclame président d'honneur "à vie" du parti d'extrême droite.

 

Après sa large victoire aux européennes, Marine Le Pen, qui a succédé en 2011 à son père à la présidence du FN, a décidé de hausser le ton vis-à-vis du "Menhir" et de faire montre d'autorité dans un entretien à paraître jeudi dans "Valeurs actuelles": si "pendant quarante ans, c’est Jean-Marie Le Pen qui a incarné le Front national" et en reste "une figure centrale", "aujourd’hui c’est moi, et non plus lui, qui suis chargée de son avenir et de celui de ses idées".

Tout à son objectif de "dédiaboliser" le parti d'extrême droite, elle a peu goûté la sortie récente de son père, qui a évoqué le terme de "fournée" en s'en prenant à l'artiste Patrick Bruel, de confession juive, et l'a fait savoir publiquement. Une critique suivie de réactions peu amènes de Jean-Marie Le Pen dans la presse.

Le fondateur du Front national Jean-Marie Le Pen à Saint-Cloud le 25 mai 2014 [Fred Dufour / AFP/Archives]
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Le fondateur du Front national Jean-Marie Le Pen à Saint-Cloud le 25 mai 2014

Mercredi matin, le président d'honneur avait toutefois baissé d'un ton en voyant dans les bisbilles avec sa fille "un accident de parcours", "une crise de croissance", "une querelle comme il en existe dans toutes les familles" et soulignant que "ni elle ni" lui ne voulaient "envenimer les choses".

Le rappel à l'ordre de Mme Le Pen dans "Valeurs actuelles", où elle revendique pleinement ses "différences" avec son père, a relancé leur affrontement par médias interposés.

"J'ai aujourd’hui le devoir d’accéder au pouvoir avant qu’il ne soit trop tard. C’est-à-dire rapidement. Peut-être même, je le crois possible, dès 2017. Pour cela, je me suis battue, avant même mon élection à la présidence du mouvement" en 2011 "pour que le FN devienne un parti de gouvernement", explique-t-elle en soulignant que les "mauvaises querelles" suscitées par son père --comme sur la "fournée"-- peuvent être "dévastatrices" et entraver son "objectif" politique.

- "Caillou dans la chaussure" -

 

Jean-Marie Le Pen est donc fermement invité à "trouver, sous (son) autorité, sa manière de faire exister" sa présidence d'honneur, "poste spécialement taillé pour lui", lâche-t-elle en rappelant que sa propre "ligne a été validée par les militants" et "ne saurait être remise en cause" jusqu’au congrès de novembre. Et si son père "est dans une contestation" de la ligne politique actuelle du FN, libre à lui de "susciter et soutenir un candidat contre" elle au congrès, le défie Mme Le Pen.

Marine Le Pen lors d'une conférence de presse le 27 mai 2014 à Bruxelles   [Fred Dufour  / AFP/Archives]
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Marine Le Pen lors d'une conférence de presse le 27 mai 2014 à Bruxelles

"C'est une proposition un peu insolente", lui a aussitôt rétorqué son père sur BFMTV mercredi soir. "Personne ne peut me pousser vers la sortie que moi-même (...) Je resterai là (...) Ma présence est utile au FN, est utile à la candidature du FN à la présidence de la République. Sans (cette présence), ses chances" d’être présidente de la République "n’existent pas", a-t-il ajouté.

"Je suis président (d'honneur) à vie", lâche-t-il encore crânement. "Cette décision n’appartient à personne, même pas à un congrès" "puisque cette décision est définitive jusqu’à ma mort, qu’on peut espérer légitimement mais contre laquelle j’espère résister le plus longtemps possible".

De fait, acquiesce un cadre du FN, Jean-Marie Le Pen "restera un caillou" dans la chaussure de sa fille... jusqu'à son dernier jour.

Le clan familial est-il donc désormais brisé ? "Je n'en sais rien", répond Jean-Marie Le Pen, "en tout cas pas de mon fait". Et celui qui est pourtant considéré comme très proche de sa petite-fille, la députée Marion Maréchal-Le Pen, ajoute amer que, dans la famille, "personne ne (lui) a fait l'honneur de (l')appeler au téléphone ni même de répondre à (ses) coups de fil" depuis sa dernière sortie controversée.

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