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EELV: l'ancienne ministre Cécile Duflot prend ses distances avec la majorité

La députée d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) Cécile Duflot à l'Assemblée nationale le 17
juin 2014, à Paris [Dominique Faget / AFP] La députée d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) Cécile Duflot à l'Assemblée nationale le 17 juin 2014, à Paris [Dominique Faget / AFP]

Deux mois et demi après sa décision de quitter le gouvernement, Cécile Duflot prend de plus en plus ouvertement ses distances avec la politique de la majorité, au risque de gêner certains de ses amis écologistes.

L'ancienne ministre du Logement l'avait dit; elle l'a fait. Pas question pour elle d'entrer dans un gouvernement dirigé par Manuel Valls, considéré comme trop "à droite" par plusieurs au sein du PS et à gauche.

Aussi, lorsque Jean-Marc Ayrault est débarqué le 31 mars et en dépit des propositions conséquentes qui sont faites aux Verts par le nouveau Premier ministre, Cécile Duflot maintient sa décision et ne revient pas au gouvernement, où elle était la seule écologiste avec Pascal Canfin, ministre délégué au Développement.

Après quelques semaines de relative discrétion, l'ancienne patronne du parti, aujourd'hui députée d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), a décidé de donner de la voix.

Les revers cinglants subis par la majorité aux municipales et aux européennes, qui n'ont pas épargné EELV, sont très certainement pour beaucoup dans cette volonté de retour sur le devant de la scène.

Mais les réserves et prudences du gouvernement relatifs à la loi Alur sur le logement, dont Cécile Duflot estime qu'elle est "une des véritables lois de gauche de ce mandat", ont sans doute précipité sa prise de parole.

Mardi, elle a accusé le gouvernement de s'être "éloigné de sa majorité" et a exprimé ses fortes réserves sur l'efficacité du pacte de responsabilité, l'une des réformes phares de l'exécutif pour le restant du quinquennat.

"Une majorité a été élue il y a deux ans pour porter un projet. Ce projet est aujourd'hui amputé d'une grande partie de ce qui faisait le coeur de sa force", a-t-elle appuyé.

- Placé: attention au 'cavalier seul' -

Son constat rejoint de façon troublante l'analyse du texte "Rebondir", qui circulait en interne parmi les Verts, lors du Conseil fédéral d'EELV de samedi dernier, et où plusieurs voient l'influence de Cécile Duflot, même si elle ne l'a pas signé.

"Nous avons agi au sein de la majorité quand nous en avions la capacité. Nous assumons notre contribution et notre bilan. Nous souhaitons à présent construire une alternative pour notre pays", écrit "Rebondir".

Autrement dit, la page de la participation au gouvernement est tournée et il s'agit maintenant de réfléchir à l'élaboration d'une autre politique, faite différemment.

"Cécile Duflot, comme Pascal Canfin et d'autres, considèrent que les pansements, ça ne suffit pas. Maintenant, le remède est pire que le mal si on ne change pas le système", commente Jean-Philippe Magnen, vice-président de région et signataire de "Rebondir".

"La société, ajoute-t-il, attend que l'on refonde la politique, c'est un peu plus ambitieux comme projet que de refonder la gauche plurielle. Il faut que l'on enclenche, avec peut-être d'autres composantes politiques, des représentants de la société civile, une forme de projet alternatif".

EELV n'échappe pas à l'intense débat de réflexions sur la recomposition de la gauche engagé depuis les deux revers électoraux.

Plusieurs à EELV s'inquiètent toutefois d'une distanciation avec la majorité de gouvernement.

"Le cavalier seul ne résoudra pas de problème, ni sur le plan écologique, ni sur le plan de la gauche", avertit le président du groupe au Sénat, Jean-Vincent Placé.

EELV "ne pourra pas rester dans le flou éternellement", relève François de Rugy, coprésident du groupe à l'Assemblée nationale.

"Nous sommes sortis du gouvernement mais nous ne sommes pas sortis de la majorité", souligne-t-il.

Selon lui, les écologistes se partagent en trois "tiers", les "réalistes, institutionnels et gestionnaires", le "tiers oppositionnel, contestataire" et enfin les "hésitants".

"Sur ces questions-là (de positionnement politique par rapport au gouvernement), il va falloir y répondre. Sinon, met-il en garde, les Français nous obligeront à y répondre aux prochains rendez-vous électoraux".

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