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Hidalgo : "reconquérir de l'espace pour les piétons"

La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, dans son bureau de l'Hôtel de Ville La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, dans son bureau de l'Hôtel de Ville[© R.Meigneux/Sipa pour Direct Matin]

Alors que s'ouvre ce lundi le conseil de Paris, Anne Hidalgo livre en exclusivité à Direct Matin les prochains grands chantiers qui vont concerner la capitale.

 

Il y a un an jour pour jour (le 16 juin 2013), la Ville de Paris inaugurait la nouvelle place de la République entièrement rénovée. Un projet porté à l’époque par Anne Hidalgo, alors première adjointe de Bertrand Delanoë. Devenue maire, elle souhaite poursuivre ce mouvement en repensant les espaces de la capitale qui doivent concilier qualité de vie et lutte contre la pollution, selon elle. Alors que s’ouvre ce lundi le conseil de Paris, l’élue nous révèle ses ambitions pour repenser la ville. Elle y voit la possibilité de réinventer de nouveaux lieux.

 

Vous avez pour projet de transformer le visage des principales places de Paris, quelles seront-celles concernées ?

Les places de la Bastille, du Panthéon, de la Nation, de Denfert-Rochereau et d’Italie seront repensées. Il faut reconquérir de l’espace pour les piétons avec de grands aménagements qui nous permettent de mieux respirer. La place de la République est une réussite. Nous devons continuer à avancer vers une ville plus apaisée et moins polluée capable d’offrir à tous une meilleure qualité de vie. Sur tous ces sujets, une concertation avec les habitants sera engagée.

Autre bilan, celui concernant les Berges de Seine. Les sites aménagés sont-ils fréquentés ?

Plus de 2,5 millions de personnes se sont promenées sur la rive gauche depuis son ouverture, il y a un an. Le bilan est excellent. En été, les berges ne désemplissent pas. En hiver, elles sont fréquentées par les sportifs et les promeneurs. Partant de ce constat, notre idée est d’étendre ces espaces plébiscités par les Parisiens à travers une étude permettant d’apprécier tous les paramètres, y compris les possibles reports de circulation.

Avez-vous déjà déterminé d’autres sites le long de la Seine ?

Sur la rive droite, je pense qu’il est possible de développer les espaces piétons. Nous allons lancer des études sur la voirie dans l’hypothèse d’une reconquête des berges entre Châtelet et Sully-Morland. Dans l’idéal, j’aimerais que l’on puisse s’y promener avant 2017.

Dans cet esprit, vous allez aussi proposer un plan pour Nager à Paris. Quand le lancerez-vous ?

Quatre nouvelles piscines seront créées dans les 14e, 15e, 17e et 20e arrondissements. Nous envisageons d’ailleurs que certaines d’entre elles soient en extérieur et praticables toute l’année. Pour les chauffer écologiquement, nous pourrions utiliser la chaleur dégagée par les calculateurs des data centers et le chauffage urbain. Nous allons lancer des études dans ce sens. Au cours de la mandature, une piscine flottante sera installée sur la rive du Parc André-Citroën (15e), et des barges pour nager seront mises en place sur le Bassin de La Villette (19e). Enfin, un bassin pourrait permettre de se baigner au lac Daumesnil (12e) si la qualité de l’eau est au rendez-vous. Nous débattrons de tous ces projets avant la fin de l’année.

 

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© R.Meigneux/Sipa pour Direct Matin

 

Dans le cadre du conseil de Paris, de nouvelles mesures concernant la lutte contre l’exclusion...

Il faut relever le défi que posent à notre société les personnes en grande précarité. C’est un engagement que j’ai pris durant la campagne auprès de deux grandes associations Emmaüs et Aurore, qui avaient lancé un appel en ce sens. Dominique Versini, mon adjointe à la Solidarité, consacre toute son énergie à cette cause. Aujourd’hui, nous souhaitons apporter des réponses concrètes et durables pour réintégrer ces personnes. On ne peut plus se contenter de les héberger la nuit puis de les remettre à la rue, le lendemain. Elles doivent pouvoir se réinsérer par l’emploi.

Les modes d’hébergements actuels sont-ils à revoir ?

Paris compte 9.000 places d’hébergement d’urgence et 16.000 places en résidences sociales. Cela représente 60% de toutes les places de la région. Actuellement 14.000 personnes sans-logis bénéficient de nuits d’hôtel avec un coût très important pour l’Etat et pour la Ville. Il serait plus profitable pour tous de mettre en place des systèmes de location longue durée avec un suivi social, sur le modèle de Louez Solidaire. C’est la direction dans laquelle nous travaillons. Dans les prochaines semaines, je réunirai l’ensemble des partenaires engagés contre l’exclusion, pour que nous soyons collectivement plus efficaces.

Le nouveau mode d’attribution des logements sociaux dans Paris se veut plus transparent. Pourquoi ?

Durant les deux mandatures précédentes, nous avions mis en place la transparence par le biais de commissions d’attribution, dans lesquelles siègent des associations. Nous devons aujourd’hui aller plus loin. Le scoring va permettre de coter les demandes et de pouvoir les traiter d’une façon parfaitement égalitaire. Nous allons immédiatement mettre en place ce système sur la totalité du contingent de la maire de Paris, soit 4 000 logements environ ainsi que dans deux arrondissements pilote, le 10ème et le 12ème. Il sera généralisé en 2015 à l’ensemble des contingents des mairies d’arrondissement.

Les offres de logements sociaux seront également consultables sur internet ?

Oui nous y travaillons. Ian Brossat, mon adjoint au Logement, travaille à rendre totalement accessibles les offres. Elles seront donc consultables à tout moment. Cela va permettre à chaque demandeur de pouvoir suivre son dossier. Nous allons donc gagner en temps, en efficacité et en transparence.

Au sujet de la réforme des rythmes scolaires, votre adversaire UMP, NKM, soulève des problèmes de fatigues des enfants, de sécurité... Allez-vous revoir le dispositif ?

Je constate qu’elle ne souhaite plus revenir dessus comme elle s’y était engagée durant la campagne, mais simplement la faire évoluer. C’est bien que cette réforme, de son point de vue, a quelques bons côtés ! Et puis demander aux parents de réaménager leur emploi du temps par une nouvelle modification des temps périscolaires n’est pas respectueux. Il suffit d’aller sur le terrain pour se rendre compte que la réforme porte aujourd’hui ses fruits.  Je visite plusieurs fois par mois des écoles parisiennes et ce que je vois est enthousiasmant. Il y a eu un certain nombre de problèmes car nous avons essuyé les plâtres cette année, il a fallu créer des postes d’animateurs, les former, sans remettre en cause le rôle des enseignants. Les difficultés que nous avons connues lors de la rentrée dernière, nous ne les rencontrerons pas à la rentrée prochaine. Nous allons donc consacrer notre énergie à continuer d’améliorer l’offre périscolaire. Des nouveaux projets d’activités seront explorés, comme celui de faire correspondre des classes parisiennes avec des écoles d’autres villes étrangères, notamment grâce au net. Le maire de New York est d’ailleurs partant pour que nous mettions en place ensemble ce type d’échanges.

 

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© R.Meigneux/Sipa pour Direct Matin

 

Vous souhaitez également faire participer les Parisiens au reverdissement de la capitale avec une application smartphone...

A partir de cet été, nous allons demander aux Parisiens d’identifier 200 lieux à végétaliser, grâce à l’application DansMaRue : des espaces auxquels on ne pense pas, des coins délaissés dans des rues. Il y a encore beaucoup d’endroits qui pourraient être transformés en jardins.

Et vos pronostics pour le Mondial ?

D’abord, je veux rassurer les supporters : nous installerons des écrans dans Paris et sur le parvis de l’Hôtel de Ville dès les huitièmes de finale si la France est qualifiée. Avec Jean-François Martins, mon adjoint aux Sports, nous aimons trop le football pour ne pas avoir envie de voir les Parisiens partager les moments de cette Coupe du Monde ! Je pense que les Bleus feront un très bon mondial. Didier Deschamps a réussi à mettre en place un collectif qui donne une autre image de celle qu’on a vue en 2010, malgré les efforts de Raymond Domenech. Ce n’est pas rien de porter le maillot de l’équipe de France.

Le chantier de prolongation de la ligne 14 vient d’être lancé. C’est une première étape pour le Grand Paris, néanmoins plusieurs élus affirment qu’il faut accélérer les choses, êtes-vous de ceux-là ?

Bien sûr. Tout le monde partage le diagnostic : cette métropole a besoin d’infrastructures de transports renouvelées qui permettent les déplacements de ses 7 millions d’habitants. La saturation du réseau parisien est liée à la place centrale de Paris dans l’interconnexion des transports. Nous devons améliorer le confort des habitants. Il en va de l’attractivité, l’environnement et de la qualité de vie de nos concitoyens au quotidien.

Jean-Paul Huchon propose de fusionner tous les départements franciliens dans la région, tandis que le gouvernement propose de les fusionner avec le Grand Paris. Paris doit-il rester une exception ?

Oui. Paris est à la fois ville et département. C’est la capitale de la France. Réfléchir à l’avenir, ce n’est pas faire abstraction du monde réel. Et dans le monde réel, les Parisiens se sont prononcés sur leurs élus municipaux et départementaux il y a deux mois et pour six ans. Je sais que depuis toujours certains regrettent l’exception parisienne. Comme tous les Parisiens, je crois à cette exception et je serai toujours là pour la faire vivre.

 

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