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"Barre-toi", le récit du huis clos étouffant du bureau politique de l'UMP

Guillaume Peltier à son arrivée au bureau politique de l'UMP le 27 mai 2014 à l'Assemblée nationale à Paris [Stéphane de Sakutin / AFP] Guillaume Peltier à son arrivée au bureau politique de l'UMP le 27 mai 2014 à l'Assemblée nationale à Paris [Stéphane de Sakutin / AFP]

Dans un sous-sol de l'Assemblée nationale s'est tenu mardi pendant plus de deux heures un des plus suffocants et violents huis clos que les dirigeants de l'UMP aient eu à connaître depuis la naissance du mouvement en 2002.

 

08H30 - Les voitures sont garées dans la cour d'honneur du Palais-Bourbon. La réunion commence au 2e sous-sol. Pas question que les journalistes rôdent autour, les agents de l'Assemblée veillent.

 

08H45 - Jean-François Copé s’assoit seul derrière une table. Face à lui, les 30 membres du bureau politique de l'UMP attendent ses explications. "On se serait cru au tribunal", dit un participant. Il fait un bref exposé sur les procédures comptables.

 

09H00 - A l'extérieur, salle des Quatre colonnes, Lionel Tardy prévient: "Ce qui est en jeu, c'est la survie de notre parti". Le ton est volontairement dramatique, c'est lui le premier qui a ouvert le feu après les premières révélations de presse fin février.

Laurent Vauquiez à son arrivée au bureau politique de l'UMP le 27 mai 2014 à l'Assemblée nationale à Paris [Stéphane de Sakutin / AFP]
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Laurent Vauquiez à son arrivée au bureau politique de l'UMP le 27 mai 2014 à l'Assemblée nationale à Paris

A l'intérieur, la tension monte. Les quadras attaquent. "Nos relations sont exécrables, nous ne nous serrons plus la main", lâche François Baroin. "Tu sers tes amis, Jean-François, eh bien, maintenant, cela se retourne contre toi", renchérit NKM. Elle demande un congrès pour "redonner la parole à nos militants" et réfléchir à une "alliance avec le centre".

"Attention à ne pas faire un parti de centre-droit avec des propositions molles. Les Français attendent un parti aux convictions fortes de droite", met en garde Laurent Wauquiez.

 

09h30 - Gérald Darmanin, proche de Xavier Bertrand, passe par les Quatre colonnes. "Mais si Lavrilleux n'en a pas parlé à Copé et à Sarkozy, il en a parlé à qui ?". Au deuxième sous-sol, Copé vient de donner la parole à Fillon et lâche, désabusé: "tiens, encore une salve". "Il faut que tu partes", tonne Fillon. "Ta gestion du parti n'est pas acceptable". "Pars", lui dit Xavier Bertrand.

 

09h40 - Copé accepte le principe d'un congrès en octobre mais refuse toujours de démissionner. Seule concession à ses adversaires: il ne sera pas candidat.

 

09h45 - Pas question pour Juppé. "Il faut que tu partes maintenant".

 

10H00 - Au bout d'une heure et demie de réunion, toujours pas de fumée blanche. A l'extérieur, les journalistes s'agglutinent et guettent toute sortie. Tension extrême à l'intérieur: "Barre-toi", lui jette Dominique Dord. L'ex-trésorier de l'UMP est convoqué à la police financière: "Pour ma famille, ma mère, c'est terrible". Silence. "Ca a été un point de bascule", raconte en sortant un participant.

 

Xavier Bertrand à l'issue du bureau politique de l'UMP le 27 mai 2014 à l'Assemblée nationale à Paris [Thomas Samson / AFP]
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Xavier Bertrand à l'issue du bureau politique de l'UMP le 27 mai 2014 à l'Assemblée nationale à Paris

10h05 - Xavier Bertrand: "Tu ne peux pas rester président". Pour lui aussi, "ce qui se joue ici, c'est la survie pour l'UMP". Raffarin: "C'est ta décision, Jean-François!". Juppé: "Il faut sauver l'UMP". Le Maire: "Penser à l'intérêt général". Goasguen défend Copé... du bout des lèvres.

 

10h15 - Un débat s'installe entre ceux qui veulent que Copé s'en aille tout de suite (Fillon, Baroin, Bertrand, NKM, Larcher, Dord...) et ceux qui souhaitent son maintien jusqu'en octobre (Michèle Tabarot, Jean-Claude Gaudin, Renaud Muselier).

 

10h40: Nadine Morano prend la défense de Copé.

 

10h50 - Les fillonistes disent que si Copé ne démissionne pas, ils ne resteront pas dans la direction.

 

10h55 - "J'ai compris. Je démissionne". Poussé vers la sortie, Copé lâche la présidence de l'UMP. Dans la foulée, l'ensemble de la direction démissionne. Ce sera effectif le 15 juin. Deux petites semaines pour "régler les affaires courantes", comme l'a demandé Copé.

 

11h10 - Fin du huis clos. "De toute ma carrière politique, j'ai rarement vu une tension aussi terrible. C'était plein de haines cuites et recuites", lâche un ex-ministre, visiblement éprouvé. "Il faut le reconnaître: Copé a été très digne".

 

11h15 - Raffarin, Larcher, Gaudin ressortent dans la cour d'honneur. Ils annoncent que trois anciens Premiers ministres (Juppé, Raffarin, Fillon) assureront la direction collégiale temporaire. Eric Woerth est le premier à arriver aux Quatre colonnes devant une forêt de micros. Comme sonné, Dord raconte "un climat exceptionnel, de tension et d'émotion". Puis Valérie Pécresse, NKM arrivent et enchaînent les interviews. Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, cofondateurs de la Droite forte, premier courant, sarkozyste, de l'UMP, n'ont pas ouvert la bouche. Didier: "les jeux étaient faits et Copé condamné d'avance malheureusement! Je lui ai fait signe que je voulais m'exprimer. Avec son regard, il m'a fait comprendre: +Laisse tomber+".

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