En direct
A suivre

Dany le Rouge se met au vert

Daniel Cohn-Bendit quitte la scène politique. [AFP]

S’il quitte définitivement la politique, l’ancienne figure de Mai 68 restera dans les annales pour son franc-parler et son combat pour l’Europe.

 

"Accusé Cohn-Bendit, levez-vous !" Pour son dernier meeting avant les européennes de dimanche, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) fera ce soir, à Paris, le "procès public" de Daniel Cohn-Bendit, qui quitte la scène politique après quarante-cinq ans de carrière.

Une façon originale de dépoussiérer les traditionnels meetings de campagne mais aussi de faire "un grand clin d’œil" à celui qui a renoncé à briguer un cinquième mandat au Parlement européen, explique l’ex-patron d’EELV et avocat de formation, Pascal Durand, à l’origine de l’initiative.

Pas question, pour autant, d’éviter les questions qui fâchent avec celui qui a longtemps été le poil à gratter des Verts, jusqu’à claquer la porte du parti avec fracas fin 2013. Dany le Rouge, qui "a toujours rêvé d’être avocat", comme son père, souligne Pascal Durand, se défendra lui-même.

Un dernier tour de piste pour celui qui, par "ses coups de cœur" et ses "révoltes" a marqué la vie politique française.

 

La naissance d’une icône

Rompu à l’exercice politique, demandé par les médias pour son franc-parler, Daniel Cohn-Bendit ne vient pas du sérail. Ce n’est pas sur les bancs de l’ENA qu’il a commencé sa carrière politique mais sur ceux de l’université de Nanterre.

Visage encore poupin, regard déjà insolent, mégaphone à la main, l’anarchiste, qui suit des cours de sociologie, est devenu un des principaux acteurs du mouvement étudiant de Mai 1968. Le cliché de lui faisant un sourire goguenard face à un CRS devant la Sorbonne restera une des images emblématiques du mouvement de révolte contre l’ordre établi.

Frappé par un arrêté d’expulsion, l’agitateur est resté indésirable sur le territoire français jusqu’en 1978. Né en France en 1945 de parents allemands fuyant le nazisme, il avait en fait choisi un peu plus tôt la nationalité allemande pour s’exonérer du service militaire.

 

Le trouble-fête de l’Europe 

Un pied de chaque côté du Rhin depuis toujours, Daniel Cohn-Bendit s’est engagé dans les années 1980 dans le parti écologiste allemand Die Grünen, puis en 1999 chez les Verts français.

Mais c’est au Parlement européen, où il est élu pour la première fois en 1994, qu’il a mené ses principaux combats. Attaché à lutter contre l’euroscepticisme, il s’est fait l’ardent défenseur d’une Eu­rope fédérale. Déconcertant par ses coups de sang et ses traits d’humour, le tribun a multiplié les interventions énergiques et tranché avec l’austérité qu’on prête aux institutions européennes. 

Ce rôle de trouble-fête, il l’a aussi joué chez les Verts français, auxquels il a offert un score historique aux européennes de 2009, mais auxquels il n’a jamais épargné ses critiques acerbes. "Dany est une personnalité inclassable", résume Pascal Durand.

Friand de métaphores sportives, Daniel Cohn-Bendit pourrait dire de lui-même qu’il est un "attaquant". A 69 ans, il aspire cependant à un peu de repos. Fidèle à sa passion pour le football, il ira en juin en camping-car au Brésil pour tourner un documentaire sur le Mondial. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités