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Les frondeurs du PS ne veulent pas rendre les armes sans combattre

Pascal Cherki, député PS le 10 septembre 2013 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives] Pascal Cherki, député PS le 10 septembre 2013 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]

La minorité de députés PS frondeurs, qui s'était rebellée la semaine dernière contre le plan d'économies, restait critique mercredi après la présentation du programme de stabilité, certains d'entre eux affirmant même qu'ils ne le voteraient pas le 29 avril.

Pascal Cherki sera l'un d'eux. "On fait campagne en Europe contre le totem des 3% et en même temps notre propre gouvernement se comporte comme le bon élève austéritaire en Europe, c'est incohérent", tonne-t-il à l'extérieur de la salle où le ministre des Finances, Michel Sapin, et le secrétaire d'Etat au Budget, Christian Eckert, étaient auditionnés pendant plus de deux heures par la commission des Finances.

Si la position de ce membre de l'aile gauche du PS n'est pas surprenante (il faisait partie des onze - sur 291 - à s'être abstenus lors du vote de confiance), elle pourrait s'étendre à d'autres députés en dépit des mises en garde du président de groupe, Bruno Le Roux, contre "les tentatives d'échappées individuelles".

"Cette fois je ne vote pas. Il n'y a pas d'inflexion sérieuse de la politique budgétaire. La déroute des municipales n'a servi à rien", répète ainsi Laurent Baumel, qui avait déjà voté avec réticence la confiance au gouvernement Valls.

M. Baumel fait partie de la douzaine de députés de diverses sensibilités qui ont réclamé en vain la semaine dernière dans une lettre à Manuel Valls que le volume des économies soit limité à 35 milliards d'euros d'ici 2017 au lieu de 50.

"Ce que j'ai entendu hier ou aujourd'hui ne m'a pas fait changer de position", renchérit Daniel Goldberg, autre signataire de cette lettre.

"Nous allons continuer à défendre ce que nous croyons, c'est ce que nous demandent les militants, un député n'est pas un greffier", affirme-t-il, tout en restant silencieux sur son vote.

Et ces députés de constater que les "frondeurs modérés" qui avaient planché, à l'instar de Karine Berger, sur des scénarios alternatifs de répartition des économies au sein des 50 milliards "n'ont pas obtenu grand-chose". Ces derniers cherchaient en particulier à éviter le gel des prestations sociales (jusqu'à octobre 2015) et du point d'indice des fonctionnaires (jusqu'à 2017).

Certes, à l'occasion d'une réunion mardi avec une délégation de députés, Manuel Valls s'est dit ouvert sur les petites retraites et a accepté l'idée d'une clause de revoyure annuelle tenant compte de la croissance pour le point d'indice.

- s'abstenir ou pas -

 

Mais pour le député Thomas Thevenoud, "le compte n'y est pas. Il faut quelque chose pour les petits salariés du privé" qui pourraient voir cette année sur leur feuille d'impôt les effets de la fin complète de la défiscalisation des heures supplémentaires ou de la fiscalisation de la part patronale des complémentaires santé.

L'enveloppe de 500 millions d'euros prévue pour les contribuables du bas du barème de l'impôt sur le revenu "ne suffit pas", juge-t-il.

Le député socialiste Thierry Mandon à l'hôtel Matignon, à Paris, le 22 avril 2014 [Thomas Samson / AFP/Archives]
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Le député socialiste Thierry Mandon à l'hôtel Matignon, à Paris, le 22 avril 2014

Le député de Saône-et-Loire ne cache pas son embarras à l'idée de s'abstenir. "Si le gouvernement est mis en minorité, il sera décrédibilisé et nous aurons l'air de cons en Europe", admet-il.

Même malaise pour le vice-président de la commission des Finances, l'économiste Pierre-Alain Muet qui réclamait aussi que le plan soit revu à 35 milliards.

L'une des pistes d'atterrissage pour réunir les députés pourrait être selon lui de moduler différemment le rythme des économies en s'appuyant sur l'avis du Haut conseil des Finances publiques.

Celui-ci a souligné ce point: la baisse des dépenses, qui est plus lourde en 2014 et 2015 que les années suivantes, pourrait au final "peser davantage que prévu par le gouvernement sur la croissance à court terme".

"Il y a probablement encore quelques marges de discussion sur un pilotage fin de la politique budgétaire", estime le porte-parole du groupe Thierry Mandon, qui se dit cependant "pas inquiet" sur le vote mardi.

Pour réduire au maximum le nombre de ces abstentionnistes potentiels, les réunions s'enchaînent. Mercredi en fin d'après-midi, le groupe se réunissait en présence de Christian Eckert et Michel Sapin. Et le 29 avril, au matin du vote, il recevra Manuel Valls.

 

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