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Deux semaines pour convaincre la majorité sur les économies

Le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande à l'Elysée, le  16 avril 2014 [Patrick Kovarik / AFP] Le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande à l'Elysée, le 16 avril 2014 [Patrick Kovarik / AFP]

François Hollande et Manuel Valls vont devoir, pour faire adopter leur plan d'économies de 50 milliards d'euros, surmonter les réticences, voire les oppositions, au sein des députés socialistes, dont certains réclament qu'il se limite à 35 milliards.

L'exécutif a deux semaines devant lui pour convaincre sa majorité, auprès de laquelle l'annonce d'un gel des prestations sociales jusqu'en octobre 2015 passe mal, de voter massivement, fin avril, pour "le programme de stabilité". Ce document détaillera, pour la Commission européenne, la politique budgétaire française de 2015 à 2017, en y incluant donc le plan d'économies triennal annoncé mercredi.

"Il y aura des échanges avec l'exécutif -c'est un engagement qu'a pris le Premier ministre la semaine dernière- et il y a déjà des discussions avec le gouvernement sur les propositions formulées", a souligné mercredi soir Valérie Rabault, en passe d'être formellement désignée rapporteure générale du Budget à l'Assemblée nationale.

Le vote sur le programme de stabilité n'est certes que consultatif, mais il sera regardé dans les faits comme un deuxième vote de confiance à l'égard du gouvernement, trois semaines après la déclaration de politique générale du Premier ministre où déjà onze députés PS s'étaient abstenus.

Les annonces d'économies ont fait l'effet d'une douche froide pour une partie du groupe socialiste, qui n'avait déjà accordé sa confiance à Manuel Valls qu'avec réserve après lui avoir lancé un appel à un "contrat de majorité".

L'Assemblée Nationale [Joel Saget / AFP/Archives]
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L'Assemblée Nationale

Jeudi, une douzaine de députés PS, initiateurs de cet appel qui avait rassemblé près d'une centaine de parlementaires avant le vote de confiance, ont plaidé dans une lettre à Manuel Valls pour limiter les économies à 35 milliards d'euros.

"Au-delà de 35 milliards, nous croyons que reculs sociaux et mise à mal des services publics sont inéluctables", estiment ces députés de différentes sensibilités, dont les aubrystes Christian Paul et Jean-Marc Germain, Laurent Baumel (collectif "Gauche populaire"), Pouria Amirshahi (aile gauche du PS) ou encore le vice-président de la commission des Finances et économiste, Pierre-Alain Muet.

- les députés au pied du mur -

Il semble cependant exclu que l'exécutif, qui a renoncé à demander un nouveau délai pour revenir aux 3% de déficit public au-delà de 2015, revienne sur le chiffre de 50 milliards d'économies, annoncé dès janvier par François Hollande dans le cadre du pacte de responsabilités.

"Je ne vais pas dire que les socialistes que nous sommes sommes ravis d'avoir à assumer cette baisse de la dette mais en même temps, il faut le faire", a martelé jeudi Olivier Faure, nouveau porte-parole du PS.

Dès lors, les députés socialistes vont se retrouver au pied du mur. "Cela va être dur" car "on peut rendre les 50 milliards d'euros d'économies acceptables mais cela fera quand même 50 milliards à la sortie", reconnait l'un d'entre eux.

Valérie Rabault, en passe d'être formellement désignée rapporteure générale du Budget à l'Assemblée nationale, le 23 août 2013 à La Rochelle [Xavier Leoty / AFP/Archives]
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Valérie Rabault, en passe d'être formellement désignée rapporteure générale du Budget à l'Assemblée nationale, le 23 août 2013 à La Rochelle

Les pistes de négociations sont déjà sur la table: "Faire en sorte que ceux qui sont au RSA puissent avoir un coup de pouce" et "faire en sorte de protéger aussi les petites retraites", selon M. Faure. Valérie Rabault se dit "certaine qu'il y aura une discussion avec le gouvernement notamment sur les petites retraites".

Cela suffira-t-il à éviter une crise dans deux semaines ? Le Parti socialiste sera "solidaire au final", assure son nouveau Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis.

De toute façon, le débat ne sera alors pas clos. "Les vrais rendez-vous vont être les lois de finances et de financement de la Sécurité sociale" qui auront lieu en juin (pour le rectificatif 2014) et à l'automne (pour 2015), soulignait mercredi l'un des signataires de la lettre, Jean-Marc Germain.

En prévision de ces rendez-vous, le gouvernement pourrait donc donner des signes d'ouverture sur certains points sensibles au PS. "Nous allons négocier avec le gouvernement des ajustements, comme sur le crédit impôt compétitivité emploi (CICE), car il y a des entreprises qui ne sont pas exposées par exemple à la compétition internationale et qui bénéficient du CICE", a ainsi dit jeudi le député Jean-Jacques Urvoas, un proche de Manuel Valls.

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