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Plan d'économies: douche froide pour une partie des députés PS

Le député socialiste Michel Pouzol devant l'Assemblée nationale, en octobre 2013 [Patrick Kovarik / AFP/Archives] Le député socialiste Michel Pouzol devant l'Assemblée nationale, en octobre 2013 [Patrick Kovarik / AFP/Archives]

Les annonces d'économies de Manuel Valls, mercredi, ont fait l'effet d'une douche froide pour une partie des députés socialistes, qui avaient accordé leur confiance au Premier ministre avec des réserves et attendent qu'il fasse bouger les lignes.

Mercredi fin de matinée: 150 députés socialistes attendent depuis plus d'une heure deux ministres pour parler réforme territoriale.

Changement de programme, Manuel Valls s'exprime devant la presse à l'issue du Conseil des ministres. Le groupe socialiste, pris au dépourvu, allume un écran pour l'écouter, dans "un silence de mort" selon un participant.

Les députés découvrent "via la télévision les décisions du gouvernement", s'étonne dans un tweet le député Michel Pouzol. "Humiliant!", s'exclame un autre auprès de l'AFP.

Qui plus est, on met la majorité "devant le fait accompli alors qu'on nous avait promis un dialogue en amont", s'indigne Christian Paul, à l'origine de l'appel pour un contrat de majorité, qui avait recueilli une centaine de signatures de parlementaires PS de différentes sensibilités avant le vote de confiance au gouvernement du 8 avril.

Sur le fond, le programme de 50 milliards d'économies fait grincer des dents: "nous n'avons pas été élus pour organiser la perte de pouvoir d'achat", clame Christian Paul, proche de Martine Aubry. Pour Laurent Baumel, du collectif de La Gauche populaire, "on va dans le mur" malgré le message envoyé lors des municipales.

Les deux menacent de ne pas voter le "programme de stabilité" des finances publiques le 30 avril.

- "Godillots !", scande l'opposition -

Pour Yann Galut, de la Gauche forte, "le Premier ministre doit venir s'expliquer" car "il y a eu une certaine évolution" en huit jours, peut-être "la conséquence du refus de Bruxelles sur les 3%" de déficit.

La présidente PS de la commission des Affaires sociales, Catherine Lemorton, court d'une réunion à un rendez-vous en urgence avec la ministre Marisol Touraine: "le gel des prestations sociales est une catastrophe, ce sont des amortisseurs en période de crise", lance-t-elle.

Le président du groupe des députés socialistes, Bruno Le Roux, à l'Assemblée le 8 avril 2014 [Eric Feferberg / AFP/Archives]
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Le président du groupe des députés socialistes, Bruno Le Roux, à l'Assemblée le 8 avril 2014

Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, qui avait le matin qualifié l'abstention de onze députés PS lors du vote de confiance d'"anormale", défend dans un communiqué un programme "pleinement conforme aux valeurs de la gauche".

Le même s'adresse dans l'après-midi au Premier ministre lors des questions au gouvernement, ce qui n'était pas prévu: "nous vous soutenons pour refuser l'austérité", affirme-t-il, alors que l'opposition scande "godillots, godillots!" face aux visages fermés dans la majorité.

Manuel Valls justifie alors des "efforts justes" demandés au pays. Il assure que "chacun sera au rendez-vous de ses responsabilités" le 30 avril et donne aussi du grain à moudre aux députés, leur promettant une "discussion" sur les baisses d'impôts promises.

Pouria Amirshahi (aile gauche), abstentionniste lors du vote de confiance, veut néanmoins d'ici le 30 avril faire "revoir cette copie qui ne correspond ni aux nécessités du moment ni aux engagements pris".

"Nous allons engager une discussion avec le gouvernement" et "voir comment nous pouvons avancer pour préserver les plus petites retraites", indique la nouvelle rapporteure générale du Budget, Valérie Rabault.

"Nous veillerons à trouver la ligne de crête entre le courage et la justice sociale", assure Thierry Mandon, porte-parole des députés socialistes.

Et plusieurs élus de railler les "moulinets" de certains camarades exagérément critiques. "Etre réformiste en 2012 pour se faire élire et révolutionnaire en 2014 parce qu'on ne veut pas assumer des positions difficiles, ce n'est pas mon truc", glisse Bernard Roman.

Certains députés contestataires ont "un ego totalement démesuré" ou "une conscience politique de ce qui se passe proche de zéro", peste Bruno Le Roux.

La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, dépêchée dans les couloirs de l'Assemblée, appelle aussi à cesser les "postures pour essayer de se démarquer de l'effort collectif": "pas une voix ne doit manquer au gouvernement".

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