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Sans Borloo, Valenciennes orpheline de sa "rockstar"

Jean-Louis Borloo au Chasseneuil-du-Poitou le 15 septembre 2013 [Alain Jocard / AFP/Archives] Jean-Louis Borloo au Chasseneuil-du-Poitou le 15 septembre 2013 [Alain Jocard / AFP/Archives]

Valenciennes a triste mine, après l'annonce du retrait de la vie politique de Jean-Louis Borloo dimanche, ville où il a pris ancrage il y a 25 ans, y devenant, plus qu'un homme politique, une véritable "rockstar", selon l'expression de son ami le député européen Dominique Riquet.

"Il a eu à la fois une espèce de rôle messianique qui tenait à sa personnalité, et aussi un rôle de chef d'équipe et d'organisateur. Si vous parlez de Borloo dans le Valenciennois, ce n'est pas un homme politique c'est une rockstar!", confie celui qui lui a succédé à la mairie en 2002.

Permanence de Jean-Louis Borloo à Valenciennes (Nord), 1989. Le "parachuté" parisien reçoit Daniel Namur, président de l'association de défense des locataires du quartier Dutemple.

"T-shirt, pieds sur le bureau", raconte M. Namur. Il vient défendre un locataire sur le point d'être expulsé. Borloo l'interpelle. D'où vient-il? Du quartier de Dutemple, un coin populaire à la périphérie de Valenciennes. "Il me dit +je ne connais pas, vous pouvez me faire connaître?+".

De cet entretien "au culot", Daniel Namur tire une relation de plus de 20 ans avec Jean-Louis Borloo.

"Quand on est arrivé ici on était parqué comme des bestiaux. Borloo a repris ça en main", explique Daniel Namur. Pourtant fervent communiste à la fin des années 1990, il finit par participer aux campagnes électorales de l'ancien avocat d'affaires.

"Je suis venue ici il y a 42 ans. On avait un bus toutes les heures, pas de commerces, rien aux alentours. Il a transformé la cité, aussi bien que Valenciennes. Il a travaillé pendant 25 ans, quelque chose de bien", assure Marianne, l'épouse de Daniel Namur. Ancienne employée de mairie, elle s'inquiète. "Je voudrais lui faire coucou, et lui dire de bien se rétablir".

- Foot, théâtre, tramway, Toyota -

Ambitieux avocat parisien, Jean-Louis Borloo met un pied à Valenciennes en 1987 en reprenant et en sauvant le club de football. Deux ans après, il prend la mairie et commence à imprimer son style.

Sous sa direction, la ville mise en difficulté par la désindustrialisation de la région se métamorphose. En 1990 se déroule la première édition du festival du film d'action et d'aventure. Il lance la construction du Phénix, théâtre labellisé scène nationale, et la modernisation de la bibliothèque qui triple sa surface et s'ouvre aux nouvelles technologies.

Le tramway, finalement inauguré en 2006, désenclave les quartiers comme Dutemple. L'une des grandes réussites des treize années de Jean-Louis Borloo à la mairie de Valenciennes, qu'il quitte en 2002 pour se consacrer à son mandat de ministre, est l'arrivée du constructeur automobile Toyota en 1997, qui permet de redynamiser un marché de l'emploi moribond.

"Sa grande force a été de fédérer tout le monde. Au-delà des étiquettes, des appartenances politiques, de mettre tout le monde autour de la table", avance Laurent Degallaix, le maire de Valenciennes qui revendique son titre de "Bébé Borloo".

A Dutemple, dans le bureau de Mohamed Benchetouya, une photo montre Jean-Louis Borloo en chemise et pullover, balle au pied.

"Il a tiré un pénalty, je lui ai arrêté. Je lui en ai tiré un et je lui ai mis. Il était ministre, hein!", se remémore le directeur sportif du club de football local. Un ministre qui à Dutemple ne prend pas la peine de venir accompagné de gardes du corps.

Mohamed Benchetouya avait 16 ans et demi la première fois qu'il l'a rencontré, quand il battait le pavé pour sa campagne. Il en a 41 aujourd'hui.

"Il nous avait fait comprendre qu'il fallait réinsérer les gens par le sport, pour redevenir ponctuel, reprendre des bases pour le travail", explique-t-il.

"Jean-Louis a toujours été là pour nous, c'était notre tonton flingueur. Il fallait nous laisser travailler et ça on lui en sera toujours reconnaissant", ajoute-t-il. Il sourit quand on lui demande comment il décrirait M. Borloo et répond: "Il part dans tous les sens".

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