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Bové : "adopter de nouveaux modes de consommation"

José Bové.[ARCHIVES AFP]

Conférences, spectacles et visite de fermes… des centaines d’événements sont organisés à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 7 avril pour la Semaine du développement durable. Pour l’eurodéputé écologiste José Bové, cette manifestation doit encourager les Français à faire évoluer leurs pratiques au quotidien.

 

Quel est l’impact de cette Semaine du développement durable, née il y a douze ans ?

Le premier effet est une prise de conscience. De plus en plus de citoyens comprennent qu’il leur faut changer leurs pratiques individuelles et font bouger les lignes, tandis que les politiques demeurent très en retard sur le sujet. Mais il reste encore énormément de pédagogie à faire, surtout après le travail de sape des climato-sceptiques.

 

Les mesures politiques prises vont-elles dans le bon sens ?

Le chemin à parcourir est encore long. Les hommes politiques sont restés enfermés dans un vieux modèle productiviste. Le développement durable doit être au cœur de la politique, et non être saupoudré sur les programmes pour faire plaisir aux écologistes et se faire élire.

 

Que peuvent faire les citoyens pour «consommer mieux» ?

La première chose est de manger local et de saison. Il faut lutter pour une agriculture de proximité. Le choix d’un équipement doit s’orienter vers celui qui gaspille le moins d’eau, le moins d’énergie et peut se réparer. Ces nouveaux modes de consommation doivent s’imposer à tous.

 

En temps de crise, peut-on demander aux gens de changer leurs pratiques ? Certaines, comme manger bio, sont plus coûteuses…

Si on prend cet exemple, il y a de plus en plus de formes de distribution, comme les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, NDLR), qui permettent d’avoir accès à des produits bio au même prix, voire moins cher, car les intermédiaires qui surenchérissent sur les tarifs disparaissent.

De manière générale, si l’agriculture biologique se développe, les produits deviennent plus abordables. Il est de la responsabilité des associations, mais également des collectivités, de favoriser les produits bio dans les cantines scolaires ou les hôpitaux. Ces initiatives doivent se multiplier pour entraîner une spirale vertueuse. Toute la question est d’apprendre à rentrer dans ce mode de consommation alimentaire.

 

La France est-elle en retard par rapport à ses voisins sur les questions d’écologie ?

La France, pas plus que les autres pays européens, ne fait preuve d’une grande imagination pour faire face aux bouleversements climatiques. Il y a une très grande frilosité, aussi bien au niveau de la Commission Européenne que des États, car le pouvoir des lobbys bloque les décisions qui devraient être prises.

Il faut une ambition très forte sur des thèmes tels que les émissions de CO2, l’énergie et les modes de production, qu’ils soient liés à l’industrie ou à l’agriculture. Très concrètement, il est nécessaire de rentrer dans ce qu’on peut appeler une troisième révolution industrielle afin de sortir de la dépendance aux énergies carbonées. C’est essentiel pour limiter le réchauffement de la planète.

 

Un rapport du groupe intergouvernemental d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat (GIEC) a d’ailleurs été publié hier sur ce sujet précis…

Ce document souligne la nécessité de sortir du modèle dans lequel nous sommes si nous voulons réussir à préserver un avenir pacifique pour l’ensemble des habitants de la planète. Car cette question ne concerne pas seulement les Européens. Il s’agit de solidarité internationale. Si ce réchauffement continue, les conséquences dans beaucoup de pays, comme la montée des eaux ou la raréfaction de l’eau potable, risquent de déclencher des guerres invraisemblables et de très grandes migrations climatiques. Ces centaines de millions de réfugiés vont bouleverser les équilibres.

Le développement durable n’est donc pas simplement une question de confort ou de bien-être, mais bien de géopolitique. Il faut faire en sorte que la vie soit possible partout sur la planète.

 

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